samedi 21 décembre 2013

C'était donc vrai ce qu'on dit des blogs Erasmus

J'en ai parcouru des blogs d'Erasmus avant de venir à Séville, et tous présentaient un point commun : ils étaient peu à peu laissés à l'abandon. Je voulais penser que ce ne serait pas le cas du mien, mais il faut bien se rendre à l'évidence. Les raisons sont toutes simples : on vit des choses finalement très banales, comme tout le monde, à quoi bon les raconter ? Et parfois, on vit des choses incroyables, tellement, qu'elles sont difficilement racontables. Pourtant, j'ai plein d'articles à écrire, il faut que je vous parle du Réal Alcazar, de la Catédral, il faut que je vous raconte l'ambiance de Noël à Séville (et si possible que je n'attende pas mai pour ça), mais je ne prends pas le temps, je l'avoue.

Alors, bien sur, je pourrais consacrer un article au fait que j'ai enfin testé le restaurant universitaire, mais vous avouerez que ça serait moyennement passionnant quand même. Bon, c'est sympa le RU, c'est pas cher, on peut y manger comme des goinfres et c'est franchement pas mauvais. Enfin, sur l'échelle des cantines, honnêtement, je le placerais en haut, bien au-dessus de la cantine de mon collège et de la cantine du Louvre, à peu près à niveau égal avec le RU de la fac de Nanterre. Mais voilà quoi, c'est pas plus intéressant que ça. Je pourrais aussi vous raconter qu'on a finalement récupéré l'eau chaude, et le chauffage. Cela dit, vous deviez vous en douter vu que sinon, je serais morte (quoi que le silence sur mon blog pouvait, en effet, laisser à penser que j'étais morte). Donc, c'est cool, dans ma chambre j'ai maintenant un petit radiateur qui sent bon les barbecues d'été. Et donc, l'eau chaude, c'était une histoire d'eau qui n'arrivait pas dans la salle de bain, j'ai rien compris, je sais juste que, POUR UNE FOIS, mes colocs mâles ont levé leur cul du canapé se sont portés volontaires pour mener à bien une tache dans cet appartement. Ils ont bidouillé 2-3 trucs, depuis, on a l'eau chaude, mais on a aussi une énorme fuite. A choisir, je préfère encore passer la serpillère plutôt qu'à claquer des dents. Depuis, nos échanges se résument surtout à "vous avez prévenu la proprio pour la fuite ? - Non - Ok, on va le faire", et on le fait pas. Ambiance de folie. Je pourrais vous dire que j'ai viré les sous-titres de ma télé, ils prenaient toute la place, ça m'empêchait de bien voir l'image, et puis, je n'en ai plus franchement l'utilité, c'est franchement une bonne nouvelle. Je regarde la télé avec l'un de mes colocs parce qu'on aime les mêmes émissions débiles ; bon, parfois, il rigole très fort, et moi pas du tout, donc je suppose que je comprends pas encore tout ce qui se dit, mais on a encore le temps, pas vrai ? A ce propos, quand même, il s'est passé quelque chose qui mériterait un article entier : ma coloc (je sais, ça donne l'impression qu'on vit à 12 tout ça, mais non, on est 4) a ramené une amie espagnole, on a discuté un peu jusqu'à ce qu'elle me dise "Mais tu vis ici toi ? C'est bizarre, elle m'avait dit que sa coloc était française". Ca nous a drôlement flatté l'ego à mon accent pourri et à moi. Quoi d'autre ? Je pourrais vous raconter que j'ai fêté l'anniversaire de Kinga, la polonaise, et donc, qu'il y avait d'autres polonaises, et non, finalement, franchement, il vaut mieux que je vous raconte pas. Je pourrais consacrer un article entier au fait que j'ai réussi à tenir 1h entière sur des patins à glace sans me casser quelque chose, ce qui constitue un grand progrès par rapport à la dernière fois. Oui, je sais, vous devez vous dire que ça fait pas vraiment sport local le patin à glace, mais ils ont installé une grande patinoire, un peu pour faire comme si il faisait froid ici vu que c'est Noël pour ces gens là aussi. On y a été avec des italiennes, et avec Alice, une copine française, qui s'est un peu emballée en me disant "comme ça, on fera des portés". Je vous rassure, personne n'a porté personne. Ah, je pourrais aussi vous raconter qu'il ont mis des décorations de Noël, toujours dans le but de faire croire à la terre entière qu'ici aussi, on peut fêter Noël, mais moi, je suis désolée, les guirlandes lumineuses sur les palmiers, ça me convainc pas. Ils auront beau faire défiler des pères Noël à roller (oui, ils font ça...), tant que leur manière de fêter les vacances de Noël sera d'emmener leurs enfants jouer dans des installations temporaires EXTÉRIEURES, j'y croirai pas. De toute façon, j'ai une amie de Séville qui m'a dit qu'elle n'avait jamais vu la neige de sa vie. Donc ça veut dire qu'elle n'a jamais fêté Noël, basta. 

Ah, et puis, je pourrais vous dire que j'ai passé 5 jours à Paris, sur un coup de tête. Un grand week-end prolongé, des amies à voir, et me voilà dans un avion (enfin, un truc Ryanair, donc plus ou moins, un avion) a destination de la France. Comment dire ? C'était bizarrement joli. Ca faisait trois mois que je n'avais pas vu d'inscriptions en français. Mes premiers mots ont été "putin, il fait froid" et ma première vision a été celle d'un policier tirant une tronche de six pieds de longs. Mon cher pays... Sensation étrange, à peine les Pyrénées survolées, je me suis sentie à la maison, je regardais la France vue du ciel et tout me paraissait être à moi : mes paysages, mes maisons, mes champs, mes villes. J'ai vu ma famille, j'ai vu mes amies, j'ai pris une sacré dose d'énergie. Donc c'était joli. Et puis c'était bizarre. Parce que, quelque soit l'endroit où vous passez, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous dire "la dernière fois que je suis venue là, je ne savais pas...". Et, en trois mois, les choses ont le temps de changer, voilà comment je me suis presque perdue en banlieue, dans une ville que je connais par cœur, car des travaux étaient passés par là. C'est difficile à expliquer, mais vous avez beau le savoir, parce que c'est évident et que vous n'êtes pas mégalo au point de penser l'inverse, pourtant, il faut bien l'admettre : la vie a continué sans vous. Le premier soir, je ne savais même pas où j'étais, je ne comprenais rien. Puis, dès le lendemain, j'avais l'impression de n'être jamais partie. Le jour du retour, cette phrase lourde de sens : "je rentre à Séville". Je "rentre". Donc voilà, c'était bizarre, cette impression d'être rentrée chez moi, sans vraiment savoir si justement, c'était bien là, chez moi. De toute façon, je suis contente de l'avoir fait. 

Et puis, de toute façon, je n'ai pas été jusqu'à ma maison. Il y a plusieurs semaines, après un coup de blues, j'avais expliqué ici même à quel point j'attendais Noël, parce que ça serait le moment de rentrer à la maison. A cette même période, j'avais reçu un e-mail de la compagnie aérienne me disant "plus que 6 semaines avant votre vol", et ça m'avait paru si insurmontable d'attendre six semaines. Et puis voilà. C'est aujourd'hui. C'est passé drôlement vite. Certaines personnes ont déjà quitté Séville définitivement. D'autres partiront sitôt leurs examens terminés. Nous autres, qui restons un an, nous nous reverrons tous dans deux semaines, et pourtant, nos au revoir étaient tintés de quelque chose de bizarre. Chacun s'en va retrouver, pour quelques jours, ses plaisirs et ses problèmes, toutes ces choses que l'on n'a pas amenées ici, et que l'on laissera à nouveau chez nous avant de revenir. Pendant quelques jours, nous allons arrêter de faire partie du quotidien des autres, pour retrouver celui des gens d'avant. Celui des gens d'après, aussi, je le sais. Je me suis au moins rendue compte de ça en revenant il y a quelques jours : les gens d'avant Erasmus sont les mêmes qui seront là après.
Bref.
J'ai fini ma valise. Ca m'a pris à peu près autant de temps que de la faire le jour où je suis venue, même si l'affaire s'annonçait moins compliquée. J'ai du enlever l'étiquette qui y avait été accrochée lorsque j'ai pris l'avion, celle sur laquelle il y avait écrit "SEVILLE SVQ 07 sept 2013". Je vais la garder, je crois. C'était il y a trois mois et demi, c'était hier. Dans 13h, je décolle. Ce soir, je suis chez moi. Ce soir, je dors dans ma chambre, celle que j'ai quitté la boule au ventre, très tôt, ce fameux matin de septembre. 
A ce soir la France.



dimanche 24 novembre 2013

Les manteaux et les écharpes sont de sortie.

J-28. Ceci est le compte à rebours officiellement lancé aujourd'hui avant ma prochaine douche chaude (et accessoirement, avant mon retour en France, mais très honnêtement, la douche chaude est, pour l'instant, ce qui m'emballe le plus étant donnée la situation). Je vous explique. Nous sommes à la fin du mois de novembre. Le temps se rafraichit, partout. Et donc, nous commençons à avoir froid. Et là, je vous vois d'ici, soupirant, levant les yeux aux ciel et je vous entends aussi (car j'ai des pouvoirs assez développés) vous dire "elle exagère franchement".



Petite mise au point si vous le voulez bien. Vous, qui vous imaginez sans doute que je me promène encore en robe et en tongs (si vous me connaissez bien, vous savez sans doute que de toute façon, le simple fait de sortir en tongs ne me viendrait jamais à l'esprit), je me dois de vous dire la vérité, et donc de casser un peu le mythe.
 - Séville se situe très légèrement au dessus du niveau de l'Equateur tout de même.
- Il y a 4 saisons à Séville, comme dans les autres villes européennes, et elles sont réparties de la même manière. Ainsi, à la fin du mois de novembre, on peut considérer que l'hiver approche.
- Jeudi matin, il faisait 5° (c'est peut-être plus clair comme ça).

Donc, bref, dehors, il commence à faire frais (c'est un euphémisme, mais bon, je voudrais pas avoir l'air de me plaindre). Et dedans ? C'est là que le bât blesse. Parce que vous, amis français, quand vous rentrez chez vous, vous êtes soulagés. Il fait bon, les chauffages tournent, et vous pouvez oublier la température extérieure. A Séville, c'est lorsque l'on rentre chez nous que les vrais problèmes commencent. Parce qu'à Séville, il n'y a pas de chauffage. Les appartements sont conçus pour protéger de la chaleur, c'est gentil, merci. Mais l'hiver, démerde toi. Donc, imaginez vous une nuit durant laquelle il ferait, en gros, 6-7° dehors. Bien. Vous êtes contents que votre chambre soit chauffée ? Ben, moi aussi, ça me plairait assez. Je crois que la dernière fois que j'ai dormi dans un endroit aussi froid que ma chambre, c'était au Népal à 4500m d'altitude (ouais, j'ai fait ça, je sais qu'on dirait pas comme ça). C'était là pour vous donner une idée :


On est assez loin de Séville quand même, à première vue. Là-bas, on ne pouvait pas vraiment prendre de douches. Et bien, ici non plus. Même délire, je vous dis... Je sais pas comment est chauffée l'eau ici Mais ce qui est sur, c'est que depuis que les températures se sont rafraichies, ça chauffe plus des masses. J'avais déjà remarqué, à mon arrivée, que l'eau était bien tiédasse, mais, avec l'aide de ma gentille propriétaire, j'avais appris à remonter la température. Mais c'est du passé tout ça. Maintenant, j'ai beau monter au maximum, rien à faire. Je suis condamnée à me laver à l'eau tiède, voire froide. Ca ne semble poser aucun problème aux espagnols, qui visiblement, aiment prendre des douches froides. Mais, personnellement, je songe de plus en plus à ne plus me laver avant mon retour en France (c'est une blague, détendez-vous). 

Bon, alors, il a fallu mettre en place toute une stratégie pour survivre dans ces conditions (le terme "survivre" est très bien choisi, et n'est pas du tout exagéré).



Ca, c'est ma coloc et moi avant d'aller se coucher








Pour dormir, le but est de n'avoir aucun centimètre carré de peau exposé à l'air libre. J'ai donc appris, en peu de temps, à m'enrouler dans des plaids achetés trois fois rien chez le chinois d'en bas, avant de me glisser sous ma couverture. Ce même plaid m’escorte jusque dans la salle de bain le matin, je m'en recouvre dès que je suis sèche à la sortie de la douche. Je sais pas si vous avez déjà essayé de vous habiller tout en retenant un plaid sur vos épaules, ça requiert une certaine souplesse. Armée immédiatement de mes chaussures (oui, c'est du carrelage en plus par terre...), de mon écharpe, et de mon manteau, je peux finir de me préparer. Finalement, en sortant dehors, on est toujours agréablement surpris, du coup. Alors, voilà, je suis un peu hypocrite, je vous raconte tout ça alors même que l'on vient de sortir un tout petit radiateur perdu dans notre placard. Oui. Un radiateur. Cassé, en plus. Pour quatre. Merci de compatir un peu.

Quelques avantages tout de même à cette situation :

- Le frigo ne nous est plus d'aucune utilité, boum, on va faire des économies d'énergie. Je peux désormais stocker mes bouteilles et autres victuailles dans ma chambre froide (j'ai rédigé tout cet article uniquement pour y placer ce jeu de mot), je les retrouve fraiches lorsque je rentre. Bon bien sur, je n'ai pas entièrement vidé le frigo. Mais, en tout cas, pour les boissons, ça marche très bien !
- On travaille. Déjà, parce qu'on sort moins, errer dans les rues, c'est plus trop notre trip par 5°. Et puis, certains lieux, quand même sont chauffés. Si en septembre on poussait l'absurde jusqu'à prendre le tram pour deux stations pour être au frais, en novembre, on pousse l'absurde jusqu'à aller à la BU pour être au chaud. 

Voilà. Pas d'autres avantages.

Et à part, ça, comment ça va ?

Oh bah ça va plutôt bien, merci.
- J'ai enfin... EU MA BOURSE !!!! Ils sont fous. Ils m'ont donné toute ma bourse. Ne manquent que 20% que je toucherai... au retour en juillet. Ils me connaissent pas bien ces gens là. Pour fêter ça, j'ai acheté des chaussures, elles étaient quasiment gratuites, chez Zara (car Zara est quasiment gratuit ici).
- Mon coloc a sorti la poubelle. Ca mériterait même un article entier ça. Par contre, il s'obstine à ne pas vouloir prononcer plus de 6 mots par jour : "Hola, que tal? Hace muy frio" (Ca veut dire "Salut, ça va ? Il fait très froid). C'est pas comme ça que je vais apprendre l'espagnol...
- Ils ont mis des décos de Noël partout youpi ! Ca ne va pas du tout avec les palmiers, l'ensemble est très spécial, mais bon, pourquoi pas, après tout, ils fêtent Noël aussi.
- J'ai trouvé un calendrier de l'Avent, un vrai, original, pas les merdes des supermarchés avec un dessin des Rois Mages.
- J'ai fini un livre pour mon mémoire. Mon premier. En espagnol. Fière, je suis.
- Hier, je me suis retrouvée à comparer la grammaire française et la grammaire espagnole, entourée... d'espagnols. D'abord, ils m'ont sorti tout ce qu'ils savaient dire en français, à savoir, en gros, "bonjour", "merci", "je m'appelle machin", "putin" et "merde". Ca restera un des meilleurs moments de mon année juste pour leur tête quand je leur ai dit que le subjonctif imparfait ne s'employait quasiment pas en français (il s'utilise énormément en espagnol). "Comment c'est possible ????? Mais comment vous faites ????". Encore aurait-il fallu que nous sussions l'employer....Finalement, l'un d'eux a conclu d'un très réaliste "de toute façon, en français y'a pas de règles, on peut pas l'apprendre".
- J'ai froid.


dimanche 17 novembre 2013

La Alhambra - Granada

Oh bah j'avais presque oublié l'existence de ce blog. C'est pas contre vous, hein, c'est que j'ai du boulot moi. Et puis de la visite aussi, j'ai eu plein de visites. Mais voilà, maintenant, j'ai le temps (en mettant de côté ma rédac que je dois rendre demain pour mon cours d'espagnol, bien sur. Mais bon, 150 mots, qu'est ce que c'est ? 15 lignes, si peu. Dans 2 mois, il faudra que je sois capable d'écrire une copie entière. C'est une autre histoire, mieux vaut ne pas en parler !). BREF. Puisqu'on parlait de visites... comme je l'avais dit, j'ai eu celle de Camille, amie rencontrée à l'école du Louvre (ça a son importance pour la suite), en même temps que celle de mon frère, Alexis, et de sa copine, Lucille. Ca en faisait du monde à occuper tout ça. Et donc, on (enfin, surtout Camille et moi) a décidé d'aller jusqu'à Grenade (Granada en VO) pour visiter la Alhambra.

En fait, tout ça, ça a commencé il y a plusieurs années maintenant, 3 si je calcule bien. Avec Camille, on était en cours d'Arts de l'Islam, et à un moment, notre prof a balancé comme ça, sans prévenir, une photo de la Alhambra, en disant "ça tombera pas à l'examen, mais regardez, c'est joli". En effet, c'est pas tombé, et en effet, c'était joli, alors nous, on a voulu aller le voir, ce qui n'a pas pu se faire dans l'immédiat. Finalement, quand j'ai eu l'idée de passer un an en Espagne, j'ai tout de suite voulu aller à Grenade. Mais le partenariat n'existait pas avec ma fac. Alors j'ai fait au plus près, en me promettant d'y foncer dès les premiers jours. Et puis j'ai eu autre chose à faire, du genre chercher un appart, boire du tinto verano et faire de la barque sur le canal de la Plaza de España. Voilà, donc on y a été tous ensemble, Camille et moi ultra-motivées, Alexis et Lucille ultra-résignés. Autant le dire, c'est pas le genre de truc qui se visite sur un coup de tête. Il y a un quota de visiteurs quotidien, et si vous voulez en faire partie, il vaut mieux réserver à l'avance sur internet (même le prince et la princesse, qui y sont allés quelques jours avant nous, ont réservé sur internet, je le sais parce que les sites peoples étaient en boucle sur cette information incroyable). On vous donne donc le choix entre le matin ou l'après midi (le matin !!!! ils sont fous eux...). Puis on vous attribue une heure d'entrée aux Palais Nasrides (j'vais tout vous expliquer, vous inquiétez pas). 

Grenade, c'est loin de Séville. 

Vous remarquerez que mes cartes sont de plus en plus évoluées, en juin, ça sera du 3D à ce rythme !

Donc Grenade, c'est en gros, à 2h30 de route. En train, c'est pas plus court, et c'est drôlement cher. On a loué une voiture, que j'ai conduit, oui, bravement. Une voiture très sympathique, belle, grande, mais qui ne dépassait pas les 60 km/h en montée, ce qui, sur une autoroute menant à Grenade, qui se trouve à 600m d'altitude, s'avère rapidement fâcheux...Nous sommes donc arrivés vivants (message personnel aux 3 autres : vous m'avez pas remboursé l'essence !!). Et, à 14h, heure qui nous était attribuée, nous avons enfin pu pénétrer dans "the monumental complex" (je suis trilingue, en vrai). La Alhambra se situe sur une colline dominant Grenade, la construction a  débuté au XIIIe siècle, à l'époque de la dynastie Nasride, s'est poursuivie à l'époque des Rois Catholiques, puis sous Charles Quint, au XVIe siècle, ce qui explique le caractère très éclectique de l'ensemble. Plus tard, la Alhambra était totalement tombée dans l'oubli, avant d’être redécouverte au XIXe siècle, et restaurée.

L'ensemble comprend, en gros, quatre parties : le Palais Nasride, le palais de Charles Quint, le Generalife (petit palais isolé du reste et entouré par un somptueux jardin) et l'Alcazaba, zone militaire. Nous avons commencé notre visite par le Palais Nasride, et on comprend mieux pourquoi une heure de visite est imposée : il y a du monde, beaucoup de monde. Il est difficile d'ailleurs d'y faire des photos parlantes, qui rendraient compte du volume du palais. De nombreuses pièces, toutes plus belles et impressionnantes les unes que les autres, se succèdent. Le palais Nasride est un exemple très parlant de l'art du même nom : stucs, céramiques, et faïences...Plusieurs patios agrémentés de fontaines rythment le cheminement, dont le sublime Patio de los Leones orné de 124 colonnes. Nous nous sommes ensuite dirigés vers l'Alcazaba, où résidaient les soldats gardant la Alhambra, dont ne subsiste plus grand chose. A noter quand même la présence de la muraille, inratable sur les photos de l'ensemble telles qu'elles circulent dans les guides touristiques ou sur internet, et de deux tours, qui permettent, au sommet, d'avoir une vue absolument imprenable sur la ville de Grenade (que l'on voit cependant très bien depuis le Palais Nasride également). Nous avons ensuite fait un rapide détour par le Palais de Charles Quint, dont le style frappe par sa différence avec celui précédemment évoqué, puisque emblématique de l'art de la Renaissance, notamment avec sa façade à bossettes (là, c'est le moment où je tente de vous montrer que je n'ai pas tout oublié de mes 3 ans d'histoire de l'art...). A l'intérieur se trouve un immense patio à colonnades, ainsi que deux musées, fermés ce jour là. Nous avons terminé par le Generalife, datant lui aussi du XIIIe siècle. Il s'agissait en réalité de la résidence de campagne des souverains. L'ensemble est remarquable pour son jardin, et notamment pour le grand Patio de la Acequia, traversé par un petit canal, et caractérisé par ses nombreux jets d'eau.

Au final, une visite de 3h30 environ, à un rythme plutôt normal. Les billets sont distribués par demie-journée, il est donc prévu que l'on puisse passer jusqu'à 4h, en hiver, 5h en été, dans le complexe. L'été, par ailleurs, des visites nocturnes sont organisées. Et surtout, c'est beau, il n'y a rien à dire, et on a tous les 4 été d'accord là-dessus. Par beau temps, la visite est d'autant plus agréable, puisque se déroulant en grande partie à l'air libre. Après tout ce périple, nous sommes rentrés à Séville bien épuisés, mais contents (enfin, je crois que les autres l'étaient aussi !). Je sais déjà que je retournerai à la Alhambra en février prochain, l'occasion de voir les jardins à une autre saison. Et, vu le climat de la province de Grenade, zone très montagneuse de l'Espagne, ce sera peut-être l'occasion de voir le tout sous la neige.

Quelques photos maintenant... j'ai préféré les réunir à la fin, admirez plutôt.

 Notre Ferrari


Le palais Nasride :


 L'Alcazaba :


 Le palais de Charles Quint :


 Le Generalife :


Et deux vues sur La Alhambra :







mercredi 6 novembre 2013

1/5e du trajet.

Il y a 2 mois jour pour jour, je me souviens bien, on était vendredi, et à cette heure-ci (23h et des brouettes), ma valise était fermée, pesée et posée près de l'entrée de la maison. Tout était prêt pour le départ : mon lisseur, ma peluche chat, mes nombreuses robes, mes papiers. Tout était prêt, sauf moi, qui me demandait, enfin, ce qui m'était passé par la tête, alors que tout était si bien en France, si clair, si facile. Il y a 2 mois et 12h, je décollais vers l'Espagne, il y a 2 mois et 14h, je me posais sur les pistes de l'aéroport sur la façade duquel se détachaient les énormes lettres formant "SEVILLA". Il y a 2 mois et 17h, j'arpentais pour la première fois des rues que je n'avais jamais vues, et qui allaient devenir mon quotidien. Il y a 2 mois et 24h, je parlais à une fille dormant dans le même dortoir que moi, une turque, qui est aujourd'hui ma coloc. Je n'ai pas toujours tout compris depuis : ni ce qu'on me disait, ni ce qui m'arrivait. Dans 2 mois jour pour jour, je reviendrai tout juste de France, après y avoir passé 2 semaines. 1/5e du trajet. Dans 2 mois jour pour jour, on sera presque à la moitié de l'année. C'est terrifiant. Parce que tout est passé si vite, ça n'est pas possible. Et en même temps, j'ai tant vécu en 2 mois que je ne sais pas comment je vais pouvoir encore vivre des choses nouvelles sur les 8 mois qu'il me reste. Et pourtant. J'ai l'impression d'être arrivée hier. Demain, ça fera 4 mois. Ce week-end, 6. La semaine prochaine, ce sera terminé.

En 2 mois, j'ai appris à aimer la bière. Détail qui a son importance. J'ai acheté un short, et je l'ai porté. J'ai acheté des ballerines et je les ai portées. J'ai appris à me mettre de l'eye liner. J'ai vu des spectacles de flamenco. J'ai assisté à une vraie corrida de toros. J'ai regardé la télé en espagnol. J'ai lu le journal en espagnol. Petit à petit, j'ai compris les espagnols se parlant entre eux. J'ai compris les blagues de mes profs. J'ai compris mon cours d'Historiografia. J'ai visité Séville, dans tous les sens, à pied, en bus, à vélo, en voiture. J'ai été au Portugal. J'ai été à Cádiz. J'ai été à Grenade. J'ai appris des insultes dans plusieurs langues. A dire "je m'appelle Marie" en polonais. A compter en turc. J'ai enfin réussi à m'exprimer au passé en espagnol. Je n'ai plus l'air idiote quand je raconte ce qui m'est arrivé la veille au présent. En 2 mois, j'ai rencontré des tas de gens. Des gens de partout. J'ai pris les numéros de beaucoup. J'en ai revu une grande partie. Je me suis liée d'amitié avec certains. Et quelques uns sont devenus de réels piliers. Des gens pour qui tu ressors à n'importe quelle heure. Des gens que tu consoles quand ils voudraient être n'importe où excepté ici, à Séville, tellement soudain, ça leur parait insurmontable tout ça. Dès gens qui m'ont consolée quand je voulais être n'importe où excepté ici, à Séville, tellement soudain, ça me paraissait insurmontable tout ça. Des gens avec qui je peux passer une nuit entière juste assise par terre à discuter, à rire, jusqu'à se dire qu'il est peut-être temps de rentrer maintenant. 

Et puis, en 2 mois, en m'en éloignant, j'ai appris à être française. Plus j'aime l'Espagne, plus je comprends la France. Plus je découvre d'autres cultures, plus je me rends compte qu'elles ne sont pas les miennes. Je suis révoltée par ce qui se passe parfois dans mon pays, par les bribes d'information qui me parviennent, par cette histoire de bijoutier, en septembre, par cette histoire de Léonarda. Mais j'ai beau essayer, il n'y a rien à faire. J'ai faim à 20h. Je râle lorsque le bus passe dans plus de 5 minutes. Je suis au bord des larmes dès que mon prof d'histoire de l'art évoque Paris. Il n'y a rien à faire. J'ai du aller faire une photocopie de mon passeport ce matin, j'ai montré fièrement le "République française". C'est moi. Il y a eu, il y a quelques jours, une soirée française organisée par ESN, l'association Erasmus officielle. Il fallait nous voir, nous autres, tous les français, agitant nos drapeaux en chantant.

Et en même temps...j'ai appris à être d'ailleurs. Parce que Séville, maintenant, c'est chez moi. Je sors sans plan. Je ne réfléchis pas avant de prendre le bus. J'ai mes adresses : le bar du flamenco, le bar pas cher, le bar sympa, le 100 montaditos et ses sandwichs à 50cts le lundi, les supermarchés, les libraires, et même le burger king aux toilettes accessibles sans codes et ouvertes une bonne partie de la nuit. Je ne suis pas espagnole, encore moins andalouse, et je ne le serai jamais. Je serai toujours la française. Mais pas la touriste, et ça change beaucoup de choses. Dimanche dernier, on a du ("on", c'est les gens qui sont venus me voir, et moi, je vous raconterai, on a fait plein de trucs vraiment bien !) louer une voiture. En voyant mon passeport français, la dame m'a parlé en anglais. Ma réponse en espagnol a du lui convenir, elle a poursuivi en espagnol. De plus en plus vite. Et j'ai répondu de plus en plus sure de moi. Je lui ai donné une adresse sévillane. Je n'étais plus l'énième touriste. J'étais une française installée à Séville. Toute ma vie, je crois que Séville, ça sera un peu chez moi. Je ne viendrai plus jamais à Séville, j'y reviendrai. Volver. J'aime bien ce verbe. J'y reviendrai, et je saurai immédiatement où aller. Je ne serai plus jamais complètement chez moi quelque part. Parce que si ici, je resterai la française, en France, je serai celle qui a vécu ailleurs. 

Je ne sais pas à quel point ces 10 mois me changeront. Les maths, cette fois, ne veulent plus rien dire. Je n'ai pas l'impression d'avoir changé 1/5e de ma vie. Tout a changé, et en même temps, pas grand chose. Je crois que j'ai simplement laissé mes problèmes, mes habitudes, mes plaisirs en France, et que je m'en suis crée de nouveaux en attendant de les retrouver. Et ça, c'est valable depuis la première semaine. Prochain bilan à 2/5e du trajet ? Ou à la moitié ? Ou à 2/3. On verra.

Et puis surtout...

J'ai acheté une balance cet après-midi. Il était temps. Je commençais vraiment à m'inquiéter. Et donc, c'est officiel. En 2 mois, je n'ai pas pris un gramme. 

vendredi 1 novembre 2013

Cádiz - 27 de octubre

Aujourd'hui, petite excursion hors de Séville. L'Andalousie est si grande et si variée qu'il serait dommage de ne pas profiter de tous ses charmes. Pour fêter le passage à l'heure d'hiver (invention française qui fait chier toute l'Europe), je suis partie, avec la dream team habituelle composée de Manon et Kinga, vers Cádiz (en français dans le texte : Cadix, c'est beaucoup plus moche).

Cádiz, c'est là. Vous noterez les efforts de votre serviteur.

Donc, dimanche, il faisait 30°, c'est-à-dire une température plutôt honorable. Suffisamment pour aller à la plage. Pour des français en tout cas. Les espagnols, ils nous ont regardé d'un drôle d'air : "la plage ??? par ce temps là ??? Vous devriez pas". On aurait dit qu'on partait faire des UV en bikini sur une plage islandaise qu'ils auraient trouvé ça plus prudent. Bref, donc on s'est levés tôt pour prendre le train. Le train, en Espagne, c'est comme en France sauf que les sièges sont pas de la même couleur et qu'il y a une télé qui te dit combien il fait dehors et à quelle vitesse on roule.

Il a pas fait 16° toute la journée, vous êtes fous, pour un mois d'octobre ça aurait été scandaleux.

A l'arrivée à Cádiz, nous nous sommes dirigées vers l'Ayuntamiento, c'est-à-dire l'hôtel de ville. Nous n'y sommes pas rentrées, donc je ne vais pas trop pouvoir vous en dire plus. Voilà un article qui s'annonce utile dis donc...

C'est ça. Et devant, c'est un palmier.

Quelques centaines de mètres plus loin, se trouve la Cátedral, qui pour le coup, vaut le détour. Nous y sommes arrivées vers 11h (hé, quand je dis qu'on s'est levées tôt !!), l'entrée était gratuite à partir de 11h30, donc on a attendu en prenant un petit déjeuner.

Pause petit-déjeuner.


Finalement, nous y sommes donc rentrées. Elle s'est élevée au XVIIIe siècle, sur les ruines de l'Ancienne Cathédrale, bâtie au XIIIe siècle et détruite par un incendie. Sa taille est impressionnante, entre les deux tours latérales émerge le dôme doré, qui, lors de beau temps, s'aperçoit de très loin et donne une impression toute particulière à la ville. L'intérieur ne présente pas de grande originalité, mais étonne par ses dimensions. 


Il est possible de monter au sommet de l'une des deux tours : la Torre del Poniente. Devinez qui avait mis ses hauts talons ??? Bon, je suis quand même arrivée, et heureusement parce qu'en haut, la vue sur Cádiz et sur l'ocean (oui, regardez bien la carte, Cadiz = ouest de Gibraltar = océan Atlantique) est imprenable. Jugez :



En redescendant, nous nous sommes baladées dans les petites rues de la ville. Elle est en fait assez petite, en une matinée, nous avions fait le tour du centre. On a voulu aller au Mercado, le grand marché central vanté dans les guides, mais il était fermé (oui, c'est triste). Je me souviens avoir longtemps hésité entre Séville et Cádiz au moment de remplir mon dossier Erasmus, et je confirme donc que je ne regrette absolument pas mon choix. Après avoir acheté quelques souvenirs (car, à Cádiz, nous étions touristes, contrairement à Séville où l'on refuse d'être considérées comme telles), et après avoir mangé du gazpacho, nous sommes parties, bouteille de tinto verano en main, pour la plage.


Rien de bien intéressant. On s'est baignées, on s'est séchées, on a dormi, on s'est re-baignées et on s'est re-séchées. Heure d'hiver oblige, le soleil s'est couché tôt, ce qui nous a permis de nous servir du décor pour faire toute une série de photos très kitsh.


Après avoir suffisamment profité du paysage, et une fois la nuit complètement tombée, nous sommes remontées vers le centre ville en longeant la plage, ce qui nous a mené derrière la Cathédrale. Finalement, il a été l'heure de reprendre le train et de rentrer à Séville.

Au final, j'ai été charmée par cette ville, elle est superbe, mais je ne pense pas que ce soit l'endroit idéal où passer plusieurs jours, et donc, un an. C'est très petit, et on en fait vite le tour. Mais je suis ravie d'y avoir été, ne serait-ce que pour le simple fait d'avoir pu narguer tout le monde, avec ce très efficace "on a été à la plage ? Bah oui en octobre ! Tu te baignes pas en octobre, toi ??".

D'ici quelques jours, je viendrai vous raconter Séville, à nouveau, que j'ai parcouru en long, en large et en travers ces derniers jours. Et puis, Grenade, où je vais dimanche, enfin, ce dont je rêve depuis que j'ai vu la photo de l'Alhambra en cours d'Arts de l'Islam en 2010.

dimanche 27 octobre 2013

La vie Erasmus : l'impossible alliance de la face A et de la face B ?

Il y a une phrase que j'ai du entendre, en presque deux mois, environ 54.158 fois, et ce, dans toutes les langues : "woooooooh c'est Erasmus, on profite on s'en fout". Seulement voilà. Vous le savez, moi aussi, hélas, parfois, il y a cours. Sujet tabou pour certains. Pour ceux qui sortent absolument chaque soir qu'Erasme fait. Ceux qui ont donné naissance à ce mythe incroyable : "Erasmus ? un truc de branleurs  fainéants". Il est vrai que très rares sont les étudiants véhiculant l'image inverse. Manon m'a dit qu'une amie avait une coloc qui ne sortait pas. Cette phrase vous prouve à quel point il s'agit d'une espèce rare. Bon, il faudrait quand même définir le terme "sortir" en matière d'Erasmus. On distingue 3 types de sorties :
- la sortie hypocrite : aller manger des tapas vite fait bien fait, juste histoire de faire passer le message suivant : "vous avez vu ? Je suis une ouf moi !! Je sors". Rentrer entre 23h et 1h.
- la sortie "ben je sais pas trop, je me lève tôt demain, mais bon, c'est vrai que c'est dommage, on est samedi (ou lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, dimanche)" : aller boire un verre avec une ou deux personnes. En prendre un deuxième avec 7 personnes. Un troisième avec 15 personnes. Rentrer entre minuit 30 et 2h30.
- la vraie sortie : Commencer comme décrit ci-dessus. Poursuivre par 1h de "bon on fait quoi ?" qui mènera au même endroit que d'habitude. Rentrer entre 4h et 8h. Les plus vaillants enchaineront avec leur premier cours, je n'ai personnellement pas les ressources physiques nécessaires à un tel exploit (et c'est d'ailleurs pour cela que je réserve la "vraie sortie" au week end, et je ne dis pas ça au cas où l'autorité familiale passe par ici, je dis ça parce que c'est la vérité).

Les adeptes des "vraies sorties", ou bien des "sorties ben je sais pas trop" mal gérées deviennent rapidement des professionnels du séchage de cours. Sont acceptées comme excuses par la secte des étudiants Erasmus :
- Je n'ai plus de batterie sur mon télephone
- J'ai mal au doigt
- J'ai faim et une crise d’hypoglycémie perturberait le déroulé du cours
- Je n'ai pas mon livre
- On est vendredi
- Y'a grève demain
- Je dois faire des courses
- Je me suis déjà levée deux fois à 8h30 cette semaine.
- Il pleut

Bon, voila, tout ça, pour certains, ça va durer toute l'année. Pour d'autres, quelques temps. Et soudain, patatrac. On est tous tombé. Un jour, soudain, un examen nous arrive dessus. Ou bien un mail de son directeur de recherche : "pourriez vous me faire l'inventaire de ce que vous avez déjà trouvé ?". Gloups. "J'ai trouvé un appartement assez sympa, et j'ai trouvé un grand bazar où on peut acheter du tinto pas cher". Comme vous ne pouvez évidemment pas dire ça, vous décidez de vous prendre en main. Arrive le moment de l'annonce : "Bon, à partir de maintenant, boulot, boulot". 2 réactions possibles :
- "Putin, c'est clair..."
- "Quoi ??? t'es ouf, oh meuf, vas, profite, Erasmus quoi, on dormira l'année prochaine".
Ben oui, mais l'année prochaine, c'est dans longtemps quand même. Et puis, je sais pas eux, mais moi j'ai 60 ECTS à valider. Et puis je dois avoir 14 de moyenne cette année pour continuer. Cette année. Pas l'année prochaine.

Alors, on fait comment ? Et puis d'abord, est ce que "profiter", ça veut dire "sortir tous les soirs dans le but de rentrer dans un état douteux" ? Clairement, non. Profiter, c'est prendre un petit dej entre deux cours sur une terrasse. C'est aller à la plage un 27 octobre (je reviendrai sur cette journée, vous allez être jaloux !). C'est visiter la région dans laquelle on habite puisqu'elle se trouve être une des plus belles du monde. C'est s'accorder une nuit de 13h en se disant que tant pis, on sera plus productif demain. C'est prendre un frozen yogurt à 19h. Toutes ces choses que l'on aurait pas fait si on avait pas été là. Toutes ces choses que l'on fait parce que, justement, on profite d'Erasmus. Alors, je crois, je dis bien "je crois, que j'ai trouvé l'équilibre parfait : travailler correctement la semaine, en profitant de ses heures de trou pour aller à la BU, et, lorsque l'on estime ne pas avoir trop de retard, se permettre une petite siesta ; sortir, soit de manière hypocrite, soit en mode "ben je sais pas", soit vraiment, selon le degré de fatigue et de motivation, la fin de semaine ; sacrifier quelques grasses mat' dominicales pour s'aventurer hors de Séville (ATTENTION TEASING : bientôt, plein d'articles touristiques !). Alors, il y aura toujours des gens pour continuer à vous dire "woooooooooooooh, profite". Ben moi, j'ai l'impression de profiter suffisamment. Mais je crois que tout ça n'est que le début d'un vaste débat entre membres de la secte Erasmus...

mardi 22 octobre 2013

La pluie et le beau temps

Bon, rassurez vous, tout va bien. Presque tout. Il pleut. Fichtre. Du coup, maintenant, je me sens bête quand on me demande "alors, il fait chaud ?". Non, il fait pas chaud. Je me sens même jalouse quand on me dit "dis donc, aujourd'hui en France, c'était bien agréable". La vérité, c'est que mon corps n'y arrive plus. Mon corps est plus espagnol que moi aujourd'hui. Mon corps s'est habitué. Pourtant, au début, ça n'était pas gagné. Dès mon arrivée, mon corps et moi, on a tiqué sur ça :


(On a aussi tiqué sur la robe Mango à 25,99€, mais je ne l'ai jamais trouvée en magasin, c'est pas faute d'avoir cherché...). Alors voilà, au début, quand il faisait 37°, je me plaignais, je trainais, avec moi, transpirante, toute la souffrance du monde, et beaucoup de pack d'eau (on boit pas l'eau du robinet ici, c'est un peu le Tiers-Monde). Au moment où je commençais doucement mais gentiment à m'habituer, puisque de toute façon je ne pouvais rien y faire, voilà ce qui m'est tombé dessus :





Psychologiquement, on passe un cap là quand même. Le cap du "peut-être on va mourir, ou peut-être on va fondre, mais il va se passer un truc". C'est ce moment qu'à choisi une amie sévillane pour nous dire "Ahhhh, ça fait du bien là, on sent l'automne qui arrive !". Ah ouais. 

Et puis, petit à petit, les températures ont baissé. Un soir, il s'est mis à pleuvoir. Branle-bas de combat ! Un jour, même, il y a eu du vent. On est repassé sous les 40°. Puis sous les 35. Puis sous les 30. Moi, élevée dans le froid de la montagne, puis dans la grisaille de Paris, qui pensais naïvement que "de toute façon, au delà de 30, il fait chaud, basta, plus de différence". Oh si, 30 et 40° n'ont rien à voir. Et, clairement, j'ai senti ce moment où l'on a perdu 10°. Et c'est à ce moment là que je me suis rendue compte que mon corps s'était habitué à Séville. Pour être très exacte, c'était cette soirée, il y a dix jours, où, alors que la nuit tombait, nous nous sommes fait, avec d'autres, cette réflexion inédite : "oula, il fait froid !!!". On avait vraiment froid. Vraiment, je le jure. Sauf qu'après vérification, il faisait 24°. Ce soir là, je suis tombée malade. Depuis, je dois supporter les reflexions à la française du type "Quoi, t'as attrapé froid à Seville ??? ahahahahah". "Ben oui, mais bon, il faisait que 24°, puis j'avais que ma veste quoi, pas d'écharpe". Le surréalisme de cette phrase. Quand je suis arrivée, je ne comprenais pas que tous ces gens vivent en jean. Sauf que depuis, il y a eu ce matin, ou malgré mon bon jean noir, je me suis dit "oula, pas chaud chaud", alors que derrière moi, le fameux panneau indiquait 28°. 

Avant, mon équivalence météo/tenue était celle-ci :

-18° (jamais connu pire) - 3° : manteau, écharpe en laine, pulls, bonnet, enfin tout le bordel quoi.
3° - 12° (oui, c'est précis chez moi, j'ai des petites manies comme ça) : manteau, écharpe en laine, pull.
12-20° : veste, foulard.
20-23° : tee-shirt, jean.
23°- l'infini : robe.

Maintenant, on est plutôt là dedans :

16° (jamais connu pire ici) - 25° : veste, écharpe, jean.
25°-30° : tee shirt (éventuellement manches longues), jean.
30°-35° : robe, foulardaucasoù
35°-l'infini : robe, pasfoulardaucasoù

Bref, tout ça est un problème. Parce qu'avant de partir, je ne savais pas que je m'acclimaterai à ce point. J'ai emmené des tas de robe, dont je ne me sers pas, puisqu'il fait désormais moins de 30°. J'ai du m'acheter des tee shirt à manches longues, un pull, le jour où il a fait 25° pour la première fois, et puis, finalement, un jean. Voilà, désormais, si vous me demandez s'il fait chaud, je vous répondrai "non". J'ai bien regardé la météo, nous ne repasserons plus au-dessus des 30°, c'est fini, donc il fait froid. Si vous me demandez s'il fait beau, je vous répondrai "non", si le ciel n'est pas absolument bleu, il ne fait pas très beau. Exemple :


Ca c'est du beau temps.


Ca c'est du moche temps.

Bon voilà, maintenant, il faudrait que j'aille vérifier, je crois qu'il pleut dans ma cuisine...

Ah oui, au fait :

- Mon directeur de recherche m'a répondu !!! *danse de la joie*. Un dimanche matin, sérieux, qui envoie des mails le dimanche matin ? Bref, donc, il m'a envoyé un mail totalement incompréhensible au réveil, mais plus compréhensible après. J'ai donc l'honneur de vous informer que mon mémoire portera (en gros), sur La presse sociale et libérale en Espagne au milieu du XIXe siècle. Et voilà, ça vous en bouche un coin, hein ?
- La dame des bourses, celle qui est pas très gentille, nous a écrit aussi. On va finir par avoir de l'argent. On sait pas trop quand, mais à priori, ça va finir par arriver.
- J'ai pressé ma première orange !!! (j'ai honte, parfois, de ce que j'ai écrit...). Il 'ma fallu 15 minutes pour toucher au but, le temps de couper l'orange sans me couper un doigt, de taper "presser une orange avec un pressoir" dans google, de le faire, puis de filtrer la pulpe, mais voilà, je suis contente. Je vous rappelle que je vis quand même en Andalousie, les oranges ici, c'est pas celles du Carrefour Market de la Rochette (vous connaissez sans doute pas, mais vous perdez pas grand chose !). Alors, mon petit jus d'orange avec ma petite tartine huile d'olive/tomates... so andalou, so good.
- Cette ville est étrange. Mais alors, vraiment. Voilà ce que j'ai croisé ces derniers jours :



Je précise que les deux photos sont absolument pas liées. Mais bon. Ca fait peur. Faut me sortir de là s'il vous plait...
- Y'a des gens qui viennent me voir la semaine prochaine. En l’occurrence, les gens, c'est Camille (c'est une copine, elle est bizarre, elle collectionne les mammouths (bon, t'en trouveras pas, ici...), mais elle est gentille), et puis mon frère et sa copine (ils sont gentils aussi, mon frère, il collectionne les verres de vin, et ici, il y en a !!!). Je suis toute joie !

samedi 19 octobre 2013

Cet article que tout étudiant Erasmus possédant un blog fait une fois dans son année.



Je n’en peux plus. J’ai envie d’étriper la moindre personne associant les mots « Erasmus » et « génial » en permanence. Ceux là mêmes qui te disent juste après « t’as vraiment trop de la chance ». Non, ça n'est pas toujours génial. Non  on n'a pas « trop de la chance ». D'abord, parce qu'au passage, juste pour re-préciser les choses, personne n'est jamais venu me voir en me disant « si ça te tente, on te file de l'argent et un logement, tu pars un an à Séville et tu nous ramènes des belles photos ». Je suis là parce que je l'ai demandé, avant tout. Et puis, parce que je me suis farcie des démarches à n'en plus finir, des papiers à imprimer, à remplir, à signer, à scanner, des documents à convertir, des mails à écrire, à traduire, à comprendre. Je suis là parce que je me suis défoncée pour. Pas parce que j'ai plus de chance que d'autres. Et non, ça n'est pas « trop trop cool ». Souvent, c'est bien. Parfois, ça ne l'est plus du tout. Et ça, quand tu ne l'as pas vécu, tu ne le sais pas. Tu ne sais pas à quel point tu vas te sentir incompris. Incompris par les gens que tu vas côtoyer quotidiennement sans parler leur langue. Quand, pensant te rendre service, un serveur va te dire « I speak english if you prefer ». Quand tu vas te retrouver avec un café alors que ça n'est absolument pas ce que tu as demandé. Quand le prof va expliquer les modalités d'évaluation et que tu seras la seule à ne pas savoir s'il y aura un partiel ou non. Et puis, incompris par les autres, ceux restés en France, ceux là même qui te répondront que « mais non, tu as trop de chance » quand tu essayeras de dire qu'aujourd'hui, non, ça ne va pas si fort. Incompris aussi par ceux qui ne comprendront pas que tu puisses être plus proche de gens que tu connais à peine, que d'eux. Par tous ceux qui répondront à quoi que tu dises « non mais c'est normal » alors qu'ils ne savent rien de la normalité en matière d'Erasmus. Et puis alors, tu ne sais pas que souvent, si souvent, tu te sentiras perdue. Tu erreras dans la ville à la recherche de la fac alors que ton cours est dans 10 minutes. Tu prendras le bus dans le mauvais sens. Tu n'en pourras plus que l'on te réponde « todo recto todo recto » quand tu demanderas ta direction. Perdue, tu le seras aussi dans les supermarchés, avec ton dictionnaire, alors que tu venais simplement acheter du riz. Quand ton coloc te dira que ça n'est pas de la lessive que tu as acheté mais de l'assouplissement. Quand tu réaliseras en voulant regarder une émission en replay, alors que la fenêtre « contenu interdit dans votre pays » apparaîtra sur ton écran, que non, décidément, tu n'es pas chez toi. Quand un amphi entier se mettra en rire en écoutant le prof alors que tu chercheras simplement à comprendre ce qu'il a pu dire. Et ce dont tu te doutes, mais que tu ne mesures pas vraiment, c'est à quel point parfois, tu seras seule. Parce que le soleil, les glaces, les plages, les monuments, les rues pavées, les fêtes, les tinto verano oui tu les aimes, mais les gens avec qui tu voudrais les partager, eh bien, ils ne sont pas là. Tu ne te rends pas compte de tout ce qui va te manquer, et de tout ce que tu vas manquer. Au moment où tu boucles ta valise dans ta chambre, tu ne sais pas que quelques semaines plus tard, tu serais prête à vendre un rein pour n'y passer qu'une nuit. Juste, une fois, vite fait, rentrer chez toi, faire un bon repas, dormir dans ton lit. Tu ne sais pas que tu regarderas les prix des billets d'avion « juste comme ça, au cas où, une bonne affaire, j'ai 2 jours de libres », que liligo et opodo deviendront tes plus fidèles alliés. Bien sur, tu ne les achèteras pas. Mais, en compensation, tu finiras ton 4e pot de Philadelphia de la semaine en écoutant, en boucle, Yann Tiersen. Et puis, souvent, tu attendras. Tu attendras dans la rue, tes amis retardataires, te sentant observée. Tu attendras à la BU que les autres sortent de cours, en lisant ton dictionnaire pour continuer à apprendre, encore et toujours, cette langue que parfois tu n’arrives plus à supporter tant on te fait bien sentir que ce n’est pas la tienne. Tu attendras qu’on te propose de sortir. Tu attendras que ton coloc daigne te dire bonjour alors qu’il est passé devant ta porte ouverte une bonne dizaine de fois dans la journée. Tu attendras que ton directeur de recherche se rappelle que tu existes. Tu attendras ta bourse, sans laquelle tu ne peux pas faire grand-chose. Et puis, tu attendras Noël, ce mot si libérateur, ce mot qui veut dire « allez viens, c’est l’heure de rentrer à la maison ».


Et puis finalement, tout ça passe. Tu sais qu'une amie, que ta famille arrive bientôt, justement, pour partager tout ça avec toi. Tu te rends compte que tu as réussi, la veille, à tenir une vraie conversation en espagnol, sans spécialement avoir à chercher tes mots. D'anciens Erasmus me l'ont dit : les mauvais moments sont légion, ils sont même parfois plus réguliers que les bons ; et pourtant, personne ne regrette son Erasmus, tout le monde le referait, il doit bien y avoir une raison. Des raisons, il y en a même des milliers. Et au bout du compte, ce que tu espérais avant de partir et qui va se confirmer, c’est à quel point, malgré tous les travers de ce pays, malgré ces quelques soirées plus ou moins larmoyantes passées devant ton ordinateur, tu as bien fait de franchir le cap. Tu as bien fait de signer ces formulaires, tu as bien fait de le prendre, cet avion. Tu es bien ici, finalement.


Est-ce-que ces quelques minutes d’écoute de Yann Tiersen valaient la peine de faire un article ? Je n’en suis pas sure, mais maintenant il est là. J’adore mon année. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je suis loin d’être dépressive et au fond du trou, au contraire. Si tel est le cas, ça fait bien longtemps que je serais rentrée. Mais ce blog n’est pas un feuillet touristique vantant les mérites de l’Andalousie. C’est le quotidien d’une expatriée, mon quotidien, il a pour seul but d’être réaliste. Merci de ne pas m'abreuver de messages "oh mais Marie, vite rentre, si tu n'es pas bien, tu me fais tellement de peine". Je suis bien. Merci, cependant, de ne plus me répondre, en permanence "qu'est ce que je t'envie" au moment précis où j'ai envie de vous dire que j'aimerais être à votre place, à la mienne, chez moi.