Il y a une phrase que j'ai du entendre, en presque deux mois, environ 54.158 fois, et ce, dans toutes les langues : "woooooooh c'est Erasmus, on profite on s'en fout". Seulement voilà. Vous le savez, moi aussi, hélas, parfois, il y a cours. Sujet tabou pour certains. Pour ceux qui sortent absolument chaque soir qu'Erasme fait. Ceux qui ont donné naissance à ce mythe incroyable : "Erasmus ? un truc de branleurs fainéants". Il est vrai que très rares sont les étudiants véhiculant l'image inverse. Manon m'a dit qu'une amie avait une coloc qui ne sortait pas. Cette phrase vous prouve à quel point il s'agit d'une espèce rare. Bon, il faudrait quand même définir le terme "sortir" en matière d'Erasmus. On distingue 3 types de sorties :
- la sortie hypocrite : aller manger des tapas vite fait bien fait, juste histoire de faire passer le message suivant : "vous avez vu ? Je suis une ouf moi !! Je sors". Rentrer entre 23h et 1h.
- la sortie "ben je sais pas trop, je me lève tôt demain, mais bon, c'est vrai que c'est dommage, on est samedi (ou lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, dimanche)" : aller boire un verre avec une ou deux personnes. En prendre un deuxième avec 7 personnes. Un troisième avec 15 personnes. Rentrer entre minuit 30 et 2h30.
- la vraie sortie : Commencer comme décrit ci-dessus. Poursuivre par 1h de "bon on fait quoi ?" qui mènera au même endroit que d'habitude. Rentrer entre 4h et 8h. Les plus vaillants enchaineront avec leur premier cours, je n'ai personnellement pas les ressources physiques nécessaires à un tel exploit (et c'est d'ailleurs pour cela que je réserve la "vraie sortie" au week end, et je ne dis pas ça au cas où l'autorité familiale passe par ici, je dis ça parce que c'est la vérité).
Les adeptes des "vraies sorties", ou bien des "sorties ben je sais pas trop" mal gérées deviennent rapidement des professionnels du séchage de cours. Sont acceptées comme excuses par la secte des étudiants Erasmus :
- Je n'ai plus de batterie sur mon télephone
- J'ai mal au doigt
- J'ai faim et une crise d’hypoglycémie perturberait le déroulé du cours
- Je n'ai pas mon livre
- On est vendredi
- Y'a grève demain
- Je dois faire des courses
- Je me suis déjà levée deux fois à 8h30 cette semaine.
- Il pleut
Bon, voila, tout ça, pour certains, ça va durer toute l'année. Pour d'autres, quelques temps. Et soudain, patatrac. On est tous tombé. Un jour, soudain, un examen nous arrive dessus. Ou bien un mail de son directeur de recherche : "pourriez vous me faire l'inventaire de ce que vous avez déjà trouvé ?". Gloups. "J'ai trouvé un appartement assez sympa, et j'ai trouvé un grand bazar où on peut acheter du tinto pas cher". Comme vous ne pouvez évidemment pas dire ça, vous décidez de vous prendre en main. Arrive le moment de l'annonce : "Bon, à partir de maintenant, boulot, boulot". 2 réactions possibles :
- "Putin, c'est clair..."
- "Quoi ??? t'es ouf, oh meuf, vas, profite, Erasmus quoi, on dormira l'année prochaine".
Ben oui, mais l'année prochaine, c'est dans longtemps quand même. Et puis, je sais pas eux, mais moi j'ai 60 ECTS à valider. Et puis je dois avoir 14 de moyenne cette année pour continuer. Cette année. Pas l'année prochaine.
Alors, on fait comment ? Et puis d'abord, est ce que "profiter", ça veut dire "sortir tous les soirs dans le but de rentrer dans un état douteux" ? Clairement, non. Profiter, c'est prendre un petit dej entre deux cours sur une terrasse. C'est aller à la plage un 27 octobre (je reviendrai sur cette journée, vous allez être jaloux !). C'est visiter la région dans laquelle on habite puisqu'elle se trouve être une des plus belles du monde. C'est s'accorder une nuit de 13h en se disant que tant pis, on sera plus productif demain. C'est prendre un frozen yogurt à 19h. Toutes ces choses que l'on aurait pas fait si on avait pas été là. Toutes ces choses que l'on fait parce que, justement, on profite d'Erasmus. Alors, je crois, je dis bien "je crois, que j'ai trouvé l'équilibre parfait : travailler correctement la semaine, en profitant de ses heures de trou pour aller à la BU, et, lorsque l'on estime ne pas avoir trop de retard, se permettre une petite siesta ; sortir, soit de manière hypocrite, soit en mode "ben je sais pas", soit vraiment, selon le degré de fatigue et de motivation, la fin de semaine ; sacrifier quelques grasses mat' dominicales pour s'aventurer hors de Séville (ATTENTION TEASING : bientôt, plein d'articles touristiques !). Alors, il y aura toujours des gens pour continuer à vous dire "woooooooooooooh, profite". Ben moi, j'ai l'impression de profiter suffisamment. Mais je crois que tout ça n'est que le début d'un vaste débat entre membres de la secte Erasmus...
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