dimanche 27 octobre 2013

La vie Erasmus : l'impossible alliance de la face A et de la face B ?

Il y a une phrase que j'ai du entendre, en presque deux mois, environ 54.158 fois, et ce, dans toutes les langues : "woooooooh c'est Erasmus, on profite on s'en fout". Seulement voilà. Vous le savez, moi aussi, hélas, parfois, il y a cours. Sujet tabou pour certains. Pour ceux qui sortent absolument chaque soir qu'Erasme fait. Ceux qui ont donné naissance à ce mythe incroyable : "Erasmus ? un truc de branleurs  fainéants". Il est vrai que très rares sont les étudiants véhiculant l'image inverse. Manon m'a dit qu'une amie avait une coloc qui ne sortait pas. Cette phrase vous prouve à quel point il s'agit d'une espèce rare. Bon, il faudrait quand même définir le terme "sortir" en matière d'Erasmus. On distingue 3 types de sorties :
- la sortie hypocrite : aller manger des tapas vite fait bien fait, juste histoire de faire passer le message suivant : "vous avez vu ? Je suis une ouf moi !! Je sors". Rentrer entre 23h et 1h.
- la sortie "ben je sais pas trop, je me lève tôt demain, mais bon, c'est vrai que c'est dommage, on est samedi (ou lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, dimanche)" : aller boire un verre avec une ou deux personnes. En prendre un deuxième avec 7 personnes. Un troisième avec 15 personnes. Rentrer entre minuit 30 et 2h30.
- la vraie sortie : Commencer comme décrit ci-dessus. Poursuivre par 1h de "bon on fait quoi ?" qui mènera au même endroit que d'habitude. Rentrer entre 4h et 8h. Les plus vaillants enchaineront avec leur premier cours, je n'ai personnellement pas les ressources physiques nécessaires à un tel exploit (et c'est d'ailleurs pour cela que je réserve la "vraie sortie" au week end, et je ne dis pas ça au cas où l'autorité familiale passe par ici, je dis ça parce que c'est la vérité).

Les adeptes des "vraies sorties", ou bien des "sorties ben je sais pas trop" mal gérées deviennent rapidement des professionnels du séchage de cours. Sont acceptées comme excuses par la secte des étudiants Erasmus :
- Je n'ai plus de batterie sur mon télephone
- J'ai mal au doigt
- J'ai faim et une crise d’hypoglycémie perturberait le déroulé du cours
- Je n'ai pas mon livre
- On est vendredi
- Y'a grève demain
- Je dois faire des courses
- Je me suis déjà levée deux fois à 8h30 cette semaine.
- Il pleut

Bon, voila, tout ça, pour certains, ça va durer toute l'année. Pour d'autres, quelques temps. Et soudain, patatrac. On est tous tombé. Un jour, soudain, un examen nous arrive dessus. Ou bien un mail de son directeur de recherche : "pourriez vous me faire l'inventaire de ce que vous avez déjà trouvé ?". Gloups. "J'ai trouvé un appartement assez sympa, et j'ai trouvé un grand bazar où on peut acheter du tinto pas cher". Comme vous ne pouvez évidemment pas dire ça, vous décidez de vous prendre en main. Arrive le moment de l'annonce : "Bon, à partir de maintenant, boulot, boulot". 2 réactions possibles :
- "Putin, c'est clair..."
- "Quoi ??? t'es ouf, oh meuf, vas, profite, Erasmus quoi, on dormira l'année prochaine".
Ben oui, mais l'année prochaine, c'est dans longtemps quand même. Et puis, je sais pas eux, mais moi j'ai 60 ECTS à valider. Et puis je dois avoir 14 de moyenne cette année pour continuer. Cette année. Pas l'année prochaine.

Alors, on fait comment ? Et puis d'abord, est ce que "profiter", ça veut dire "sortir tous les soirs dans le but de rentrer dans un état douteux" ? Clairement, non. Profiter, c'est prendre un petit dej entre deux cours sur une terrasse. C'est aller à la plage un 27 octobre (je reviendrai sur cette journée, vous allez être jaloux !). C'est visiter la région dans laquelle on habite puisqu'elle se trouve être une des plus belles du monde. C'est s'accorder une nuit de 13h en se disant que tant pis, on sera plus productif demain. C'est prendre un frozen yogurt à 19h. Toutes ces choses que l'on aurait pas fait si on avait pas été là. Toutes ces choses que l'on fait parce que, justement, on profite d'Erasmus. Alors, je crois, je dis bien "je crois, que j'ai trouvé l'équilibre parfait : travailler correctement la semaine, en profitant de ses heures de trou pour aller à la BU, et, lorsque l'on estime ne pas avoir trop de retard, se permettre une petite siesta ; sortir, soit de manière hypocrite, soit en mode "ben je sais pas", soit vraiment, selon le degré de fatigue et de motivation, la fin de semaine ; sacrifier quelques grasses mat' dominicales pour s'aventurer hors de Séville (ATTENTION TEASING : bientôt, plein d'articles touristiques !). Alors, il y aura toujours des gens pour continuer à vous dire "woooooooooooooh, profite". Ben moi, j'ai l'impression de profiter suffisamment. Mais je crois que tout ça n'est que le début d'un vaste débat entre membres de la secte Erasmus...

mardi 22 octobre 2013

La pluie et le beau temps

Bon, rassurez vous, tout va bien. Presque tout. Il pleut. Fichtre. Du coup, maintenant, je me sens bête quand on me demande "alors, il fait chaud ?". Non, il fait pas chaud. Je me sens même jalouse quand on me dit "dis donc, aujourd'hui en France, c'était bien agréable". La vérité, c'est que mon corps n'y arrive plus. Mon corps est plus espagnol que moi aujourd'hui. Mon corps s'est habitué. Pourtant, au début, ça n'était pas gagné. Dès mon arrivée, mon corps et moi, on a tiqué sur ça :


(On a aussi tiqué sur la robe Mango à 25,99€, mais je ne l'ai jamais trouvée en magasin, c'est pas faute d'avoir cherché...). Alors voilà, au début, quand il faisait 37°, je me plaignais, je trainais, avec moi, transpirante, toute la souffrance du monde, et beaucoup de pack d'eau (on boit pas l'eau du robinet ici, c'est un peu le Tiers-Monde). Au moment où je commençais doucement mais gentiment à m'habituer, puisque de toute façon je ne pouvais rien y faire, voilà ce qui m'est tombé dessus :





Psychologiquement, on passe un cap là quand même. Le cap du "peut-être on va mourir, ou peut-être on va fondre, mais il va se passer un truc". C'est ce moment qu'à choisi une amie sévillane pour nous dire "Ahhhh, ça fait du bien là, on sent l'automne qui arrive !". Ah ouais. 

Et puis, petit à petit, les températures ont baissé. Un soir, il s'est mis à pleuvoir. Branle-bas de combat ! Un jour, même, il y a eu du vent. On est repassé sous les 40°. Puis sous les 35. Puis sous les 30. Moi, élevée dans le froid de la montagne, puis dans la grisaille de Paris, qui pensais naïvement que "de toute façon, au delà de 30, il fait chaud, basta, plus de différence". Oh si, 30 et 40° n'ont rien à voir. Et, clairement, j'ai senti ce moment où l'on a perdu 10°. Et c'est à ce moment là que je me suis rendue compte que mon corps s'était habitué à Séville. Pour être très exacte, c'était cette soirée, il y a dix jours, où, alors que la nuit tombait, nous nous sommes fait, avec d'autres, cette réflexion inédite : "oula, il fait froid !!!". On avait vraiment froid. Vraiment, je le jure. Sauf qu'après vérification, il faisait 24°. Ce soir là, je suis tombée malade. Depuis, je dois supporter les reflexions à la française du type "Quoi, t'as attrapé froid à Seville ??? ahahahahah". "Ben oui, mais bon, il faisait que 24°, puis j'avais que ma veste quoi, pas d'écharpe". Le surréalisme de cette phrase. Quand je suis arrivée, je ne comprenais pas que tous ces gens vivent en jean. Sauf que depuis, il y a eu ce matin, ou malgré mon bon jean noir, je me suis dit "oula, pas chaud chaud", alors que derrière moi, le fameux panneau indiquait 28°. 

Avant, mon équivalence météo/tenue était celle-ci :

-18° (jamais connu pire) - 3° : manteau, écharpe en laine, pulls, bonnet, enfin tout le bordel quoi.
3° - 12° (oui, c'est précis chez moi, j'ai des petites manies comme ça) : manteau, écharpe en laine, pull.
12-20° : veste, foulard.
20-23° : tee-shirt, jean.
23°- l'infini : robe.

Maintenant, on est plutôt là dedans :

16° (jamais connu pire ici) - 25° : veste, écharpe, jean.
25°-30° : tee shirt (éventuellement manches longues), jean.
30°-35° : robe, foulardaucasoù
35°-l'infini : robe, pasfoulardaucasoù

Bref, tout ça est un problème. Parce qu'avant de partir, je ne savais pas que je m'acclimaterai à ce point. J'ai emmené des tas de robe, dont je ne me sers pas, puisqu'il fait désormais moins de 30°. J'ai du m'acheter des tee shirt à manches longues, un pull, le jour où il a fait 25° pour la première fois, et puis, finalement, un jean. Voilà, désormais, si vous me demandez s'il fait chaud, je vous répondrai "non". J'ai bien regardé la météo, nous ne repasserons plus au-dessus des 30°, c'est fini, donc il fait froid. Si vous me demandez s'il fait beau, je vous répondrai "non", si le ciel n'est pas absolument bleu, il ne fait pas très beau. Exemple :


Ca c'est du beau temps.


Ca c'est du moche temps.

Bon voilà, maintenant, il faudrait que j'aille vérifier, je crois qu'il pleut dans ma cuisine...

Ah oui, au fait :

- Mon directeur de recherche m'a répondu !!! *danse de la joie*. Un dimanche matin, sérieux, qui envoie des mails le dimanche matin ? Bref, donc, il m'a envoyé un mail totalement incompréhensible au réveil, mais plus compréhensible après. J'ai donc l'honneur de vous informer que mon mémoire portera (en gros), sur La presse sociale et libérale en Espagne au milieu du XIXe siècle. Et voilà, ça vous en bouche un coin, hein ?
- La dame des bourses, celle qui est pas très gentille, nous a écrit aussi. On va finir par avoir de l'argent. On sait pas trop quand, mais à priori, ça va finir par arriver.
- J'ai pressé ma première orange !!! (j'ai honte, parfois, de ce que j'ai écrit...). Il 'ma fallu 15 minutes pour toucher au but, le temps de couper l'orange sans me couper un doigt, de taper "presser une orange avec un pressoir" dans google, de le faire, puis de filtrer la pulpe, mais voilà, je suis contente. Je vous rappelle que je vis quand même en Andalousie, les oranges ici, c'est pas celles du Carrefour Market de la Rochette (vous connaissez sans doute pas, mais vous perdez pas grand chose !). Alors, mon petit jus d'orange avec ma petite tartine huile d'olive/tomates... so andalou, so good.
- Cette ville est étrange. Mais alors, vraiment. Voilà ce que j'ai croisé ces derniers jours :



Je précise que les deux photos sont absolument pas liées. Mais bon. Ca fait peur. Faut me sortir de là s'il vous plait...
- Y'a des gens qui viennent me voir la semaine prochaine. En l’occurrence, les gens, c'est Camille (c'est une copine, elle est bizarre, elle collectionne les mammouths (bon, t'en trouveras pas, ici...), mais elle est gentille), et puis mon frère et sa copine (ils sont gentils aussi, mon frère, il collectionne les verres de vin, et ici, il y en a !!!). Je suis toute joie !

samedi 19 octobre 2013

Cet article que tout étudiant Erasmus possédant un blog fait une fois dans son année.



Je n’en peux plus. J’ai envie d’étriper la moindre personne associant les mots « Erasmus » et « génial » en permanence. Ceux là mêmes qui te disent juste après « t’as vraiment trop de la chance ». Non, ça n'est pas toujours génial. Non  on n'a pas « trop de la chance ». D'abord, parce qu'au passage, juste pour re-préciser les choses, personne n'est jamais venu me voir en me disant « si ça te tente, on te file de l'argent et un logement, tu pars un an à Séville et tu nous ramènes des belles photos ». Je suis là parce que je l'ai demandé, avant tout. Et puis, parce que je me suis farcie des démarches à n'en plus finir, des papiers à imprimer, à remplir, à signer, à scanner, des documents à convertir, des mails à écrire, à traduire, à comprendre. Je suis là parce que je me suis défoncée pour. Pas parce que j'ai plus de chance que d'autres. Et non, ça n'est pas « trop trop cool ». Souvent, c'est bien. Parfois, ça ne l'est plus du tout. Et ça, quand tu ne l'as pas vécu, tu ne le sais pas. Tu ne sais pas à quel point tu vas te sentir incompris. Incompris par les gens que tu vas côtoyer quotidiennement sans parler leur langue. Quand, pensant te rendre service, un serveur va te dire « I speak english if you prefer ». Quand tu vas te retrouver avec un café alors que ça n'est absolument pas ce que tu as demandé. Quand le prof va expliquer les modalités d'évaluation et que tu seras la seule à ne pas savoir s'il y aura un partiel ou non. Et puis, incompris par les autres, ceux restés en France, ceux là même qui te répondront que « mais non, tu as trop de chance » quand tu essayeras de dire qu'aujourd'hui, non, ça ne va pas si fort. Incompris aussi par ceux qui ne comprendront pas que tu puisses être plus proche de gens que tu connais à peine, que d'eux. Par tous ceux qui répondront à quoi que tu dises « non mais c'est normal » alors qu'ils ne savent rien de la normalité en matière d'Erasmus. Et puis alors, tu ne sais pas que souvent, si souvent, tu te sentiras perdue. Tu erreras dans la ville à la recherche de la fac alors que ton cours est dans 10 minutes. Tu prendras le bus dans le mauvais sens. Tu n'en pourras plus que l'on te réponde « todo recto todo recto » quand tu demanderas ta direction. Perdue, tu le seras aussi dans les supermarchés, avec ton dictionnaire, alors que tu venais simplement acheter du riz. Quand ton coloc te dira que ça n'est pas de la lessive que tu as acheté mais de l'assouplissement. Quand tu réaliseras en voulant regarder une émission en replay, alors que la fenêtre « contenu interdit dans votre pays » apparaîtra sur ton écran, que non, décidément, tu n'es pas chez toi. Quand un amphi entier se mettra en rire en écoutant le prof alors que tu chercheras simplement à comprendre ce qu'il a pu dire. Et ce dont tu te doutes, mais que tu ne mesures pas vraiment, c'est à quel point parfois, tu seras seule. Parce que le soleil, les glaces, les plages, les monuments, les rues pavées, les fêtes, les tinto verano oui tu les aimes, mais les gens avec qui tu voudrais les partager, eh bien, ils ne sont pas là. Tu ne te rends pas compte de tout ce qui va te manquer, et de tout ce que tu vas manquer. Au moment où tu boucles ta valise dans ta chambre, tu ne sais pas que quelques semaines plus tard, tu serais prête à vendre un rein pour n'y passer qu'une nuit. Juste, une fois, vite fait, rentrer chez toi, faire un bon repas, dormir dans ton lit. Tu ne sais pas que tu regarderas les prix des billets d'avion « juste comme ça, au cas où, une bonne affaire, j'ai 2 jours de libres », que liligo et opodo deviendront tes plus fidèles alliés. Bien sur, tu ne les achèteras pas. Mais, en compensation, tu finiras ton 4e pot de Philadelphia de la semaine en écoutant, en boucle, Yann Tiersen. Et puis, souvent, tu attendras. Tu attendras dans la rue, tes amis retardataires, te sentant observée. Tu attendras à la BU que les autres sortent de cours, en lisant ton dictionnaire pour continuer à apprendre, encore et toujours, cette langue que parfois tu n’arrives plus à supporter tant on te fait bien sentir que ce n’est pas la tienne. Tu attendras qu’on te propose de sortir. Tu attendras que ton coloc daigne te dire bonjour alors qu’il est passé devant ta porte ouverte une bonne dizaine de fois dans la journée. Tu attendras que ton directeur de recherche se rappelle que tu existes. Tu attendras ta bourse, sans laquelle tu ne peux pas faire grand-chose. Et puis, tu attendras Noël, ce mot si libérateur, ce mot qui veut dire « allez viens, c’est l’heure de rentrer à la maison ».


Et puis finalement, tout ça passe. Tu sais qu'une amie, que ta famille arrive bientôt, justement, pour partager tout ça avec toi. Tu te rends compte que tu as réussi, la veille, à tenir une vraie conversation en espagnol, sans spécialement avoir à chercher tes mots. D'anciens Erasmus me l'ont dit : les mauvais moments sont légion, ils sont même parfois plus réguliers que les bons ; et pourtant, personne ne regrette son Erasmus, tout le monde le referait, il doit bien y avoir une raison. Des raisons, il y en a même des milliers. Et au bout du compte, ce que tu espérais avant de partir et qui va se confirmer, c’est à quel point, malgré tous les travers de ce pays, malgré ces quelques soirées plus ou moins larmoyantes passées devant ton ordinateur, tu as bien fait de franchir le cap. Tu as bien fait de signer ces formulaires, tu as bien fait de le prendre, cet avion. Tu es bien ici, finalement.


Est-ce-que ces quelques minutes d’écoute de Yann Tiersen valaient la peine de faire un article ? Je n’en suis pas sure, mais maintenant il est là. J’adore mon année. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je suis loin d’être dépressive et au fond du trou, au contraire. Si tel est le cas, ça fait bien longtemps que je serais rentrée. Mais ce blog n’est pas un feuillet touristique vantant les mérites de l’Andalousie. C’est le quotidien d’une expatriée, mon quotidien, il a pour seul but d’être réaliste. Merci de ne pas m'abreuver de messages "oh mais Marie, vite rentre, si tu n'es pas bien, tu me fais tellement de peine". Je suis bien. Merci, cependant, de ne plus me répondre, en permanence "qu'est ce que je t'envie" au moment précis où j'ai envie de vous dire que j'aimerais être à votre place, à la mienne, chez moi.

dimanche 13 octobre 2013

"La seule chose qui commence à l'heure en Espagne, c'est la corrida" F.Garcia-Lorca

J'avais, avant de venir à Séville, entendu parler des corrida de toros comme tout le monde. Je n'avais pas d'avis spécialement tranché sur la question, en fait, je m'en fichais un peu. Lorsque j'ai su que Séville disposait des arènes les plus importantes d'Espagne, après celles de Madrid, je me suis dit qu'il faudrait que je profite de mon année ici pour aller voir ma première corrida de toros. Bien sur, j'avais connaissance des arguments des anti-corrida, que je comprenais plutôt, mais je ne voulais pas juger sans connaitre. La temporada (saison) débute, à Séville, après la traditionnelle Feria, à la fin du mois d'avril, et s'achève fin septembre-début octobre. Hier, le 12 octobre, était célébrée la Fête Nationale espagnole, l'occasion de voir se dérouler un festival dans les arènes de la ville, clôturant ainsi la temporada. C'était donc la dernière occasion pour nous d'y assister si nous ne voulions pas attendre six mois. Les prix n'étant pas très élevés (20€ la place sol -les places sont plus ou moins chères selon si elles se trouvent au soleil ou bien à l'ombre), et les fonds intégralement reversés à la Croix Rouge espagnole et à La banque alimentaire de Séville, nous n'avions plus aucune excuse, et j'ai réussi à convaincre Manon et sa coloc, Kinga, de venir avec moi.

Avant toute chose, je tiens à dire que je comprends parfaitement que la corrida de toros puisse choquer, et si c'est votre cas, je vous conseille de ne pas lire la suite puisque je vais tenter de raconter le plus fidèlement possible le déroulé des choses

Le spectacle débutait à 17h30, mais déjà dans le bus qui me menait aux arènes, j'avais repéré quelques aficionados, équipés de leurs coussins et éventails. En entrant dans l'arène, nous avons découvert que nous avions une excellente vue, ce qui nous a d'ailleurs fait un peu peur, ne sachant pas encore véritablement si on allait apprécier ce que l'on s'apprêtait à voir. En attendant le début, nous avons donc regardé les gradins se remplir progressivement, il n'y avait presque plus aucune place de libre.


Vous remarquerez qu'il fait toujours aussi beau ; j'aime ce pays !

Alors que Kinga commençait à nous dire en rigolant que de toute façon, puisque l'on était en Espagne, la corrida commencerait sans doute avec un énorme retard (le retard espagnol c'est pas un mythe, et il est difficile de parler de "quart d'heure espagnol", on est bien au delà du quart d'heure!), la musique a commencé à retentir, pile à l'heure (d'où mon titre, vers extraits d'un poème écrit par Garcia-Lorca au début du XXe siècle). Le spectacle est extrêmement codifié, et il commence par le paseo, qui est le défilé de tous les protagonistes : les matador, en général au nombre de 3 (l'évènement d'hier étant particulier, ils étaient 6), placés selon leur ancienneté, suivis par les autres toreros, qui auront pour rôle de jouer avec le taureau et de le fatiguer, en attendant l'entrée en scène du matador seul, puis par les chevaux et mules qui participeront également. Pour cette dernière de la saison, le public était gâté puisque, je ne l'ai su bien sur qu'après, les matador étaient pour certains très connus en Espagne, et il y avait un grand nombre de photographes au moment de leur entrée.

 Le combat débute alors, il durera près de 3h, six taureaux étant mis à mort (une fois de plus, à journée exceptionnelle, nous avons eu droit à un septième taureau, ce qui a déclenché l'hystérie de la foule, youpi, on ne s'arrête plus !). Chaque combat de taureau est divisé en 3 actes, que l'on appelle les tercio. Le taureau entre dans l'arène, et le premier tercio débute. Quatre toreros y prennent part, dont le matador, il s'agit d'évaluer le comportement du taureau, en l'attirant en agitant une capa fuchsia. Au bout de quelques minutes, deux picador entrent dans l'arène, ils sont à cheval, et leur rôle est de planter deux premières piques dans la tête du taureau. 



Débute ensuite le deuxième tercio, les toreros doivent planter des banderilles près du garot de l'animal. Le matador ne prend pas part à cet acte, à moins que le public ne l'y encourage vivement, mais cela arrive rarement, ça n'est pas son rôle. Il s'agit d'un acte très technique puisque le torero doit attirer la bête d'un "Olé" avant de se jeter sur lui pour le planter, et de ne l'esquiver qu'au dernier moment. Le danger est réel, d'autres torero agitent donc leur cape afin d'attirer le taureau pour que celui-ci ne se précipite pas sur son "agresseur". Régulièrement, les banderilles sont ratées, le geste étant très compliqué. 





Une fois que six banderilles ont été placées, débute le troisième et dernier tercio, le plus impressionnant, le plus émouvant également, qui s'achèvera par la mise à mort. Le matador se place au centre de l'arène et salue le public. Il reçoit alors la muleta, cape rouge soutenue par un bâton et se retrouve seul face au taureau. C'est alors que commence la faena, c'est à dire les différentes passes de cape qu'il réalise avant l'estocade finale. Cet acte ne peut excéder 15 minutes, des sons de trompette rappellent au matador le temps dont il dispose avant de procéder à la mise à mort. S'il a besoin de plus de temps, c'est la grosse honte, et le public n'hésite pas à se manifester. Débute alors une réelle chorégraphie entre la bête et le matador, au son de l'orchestre. Au premier taureau, j'avoue n'en avoir par réellement profité, attendant avec beaucoup d'appréhension la mort de l'animal. Mais, ensuite, je dois reconnaitre que j'ai réellement apprécié, on ne peut s'empêcher de garder les yeux rivés sur l'homme seul face à la bête, se demandant lequel est finalement le plus fort. Les passes de cape sont encouragées par des "Olé" du public. 



 Finalement, lorsqu'il sent que le moment opportun est venu, le matador porte le coup fatal, il doit normalement planter l'épée jusqu'à trois fois, mais souvent, il ne le fait que deux fois avant que le taureau ne finisse par capituler. La dépouille de l'animal est alors sortie par trois mules. Si le public estime que le matador a fait preuve d'un courage ou d'une technique exceptionnels, il agite un mouchoir blanc, indiquant ainsi au président de séance qu'il souhaite qu'une récompense soit attribuée au matador, en général une oreille, ou bien la queue du taureau. Hier, sur six matador, deux ont reçu une récompense, ils ont alors le droit d'effectuer un tour de piste pour saluer le public de près, qui peut lui envoyer toute sorte de cadeaux. Il gardera les fleurs, renverra les chapeaux et autres foulards à leurs propriétaires. 

Ce rituel se produit donc à six reprises (7 en l’occurrence, hier soir). A la fin, les matador sont à nouveaux réunis et ils quittent l'arène ensemble après s'être congratulés. Alors, au final, que penser de tout ça ? Je l'avoue, j'ai apprécié le spectacle, j'ai été surprise, stressée, admirative, et parfois, émue par toutes sortes de choses : un matador se plaçant face à la bête pour la première fois, l'hystérie du public alors que des milliers de mouchoirs blancs s'agitent, la bravoure d'un taureau retournant contre la barrière pour mourir dos à l'arène, la joie d'un matador de vingt ans à peine se voyant octroyer une récompense... J'ai réellement eu l'impression d'assister à un spectacle plus qu'à une torture organisée. Je ne me sens pas, aujourd'hui, plus barbare et plus cruelle qu'hier, parce que j'ai cautionné ça. Bien sur, les faits sont là, j'ai vu souffrir puis mourir sept taureaux, et j'ai applaudi cela... dois-je m'en vouloir ? Je ne pense pas. Ne soyons pas hypocrites. Comme le souligne cet excellent article : http://www.marianne.net/On-ne-va-pas-a-la-corrida-pour-voir-du-sang_a193900.html , nous mangeons de la viande, issue d'animaux ayant eu une vie bien moins belle que ces taureaux, et connaissant une mort bien moins glorieuse, au fin fond d'un abattoir. J'ai vraiment pris cette corrida comme un duel impressionnant entre un homme et une bête, sans savoir au fond lequel des deux pourra sortir vainqueur. Ceci étant dit, encore une fois, j'entends parfaitement les arguments des anti. Je comprends qu'on ne veuille pas voir ça, et j'ai d'ailleurs essayé de ne pas mettre de photos trop parlantes. Cela dit, je pense simplement qu'il ne faut pas juger tant que l'on n'a rien vu et rien appris de la corrida, elle revêt ici une véritable signification. Quoi qu'il en soit, je voulais me faire un avis, c'est désormais chose faite.


samedi 12 octobre 2013

A Séville, en vélo, on dépasse tout.

Ohlala, je vous ai un peu laissés tomber, emportée dans le tourbillon...de la routine. Le temps passe vite, bien trop vite. Cette semaine, Séville & moi, on a fêté notre premier mois de relation, l'occasion de faire un premier bilan, très largement positif. Bien sur, certains jours sont plus durs que d'autres, mais heureusement, ils sont aussi bien plus rares. Désormais, je suis bien installée dans mon petit quotidien, qui me change de celui que j'avais à Paris. J'ai appris à maitriser les éléments ici, et donc, il est temps que, pour une fois, j'arrête de parler de ma propre personne pour rendre service à la communauté, et vous en dire un peu plus sur les transports.

Ici, on trouve de tout... mais en petite quantité : une ligne de métro, une ligne de tram, des lignes de bus, et des vélos en libre service. Les premiers jours, pour découvrir la ville, rien de mieux que de la parcourir à pied : le centre n'est pas très grand, et on le traverse facilement, d'un extrême à l'autre, en 1h. Une fois que les cours ont commencé, il faut trouver plus rapide et plus efficace. La solution idéale est alors le vélo, grâce au service SEVICI.


C'est exactement comme le vélib parisien, c'est d'ailleurs géré par JCDecaux, la même entreprise (cocorico !!!!! typiquement le genre de truc dont vous vous foutez, mais qui me fait très plaisir à moi, l'expatrié étant à la recherche du moindre signe qui lui rappellerait son pays). Comme à Paris, les prix défient toute concurrence : 12€ la semaine, 32€ l'année, 30 premières minutes gratuites. J'ai bien sur choisi l'abonnement longue durée, et une fois passé le (long) délai avant de recevoir la carte, le système s'avère très pratique. Il est difficile de circuler dans le centre historique, mais en périphérie, une piste cyclable ininterrompue a été aménagée ; on la rejoint facilement depuis le centre. Le vélo me permet donc d'aller à la fac en 10 minutes (contre 35 à pied...). Un point négatif tout de même : il y a encore assez peu de vélos en circulation, comparé au nombre d'utilisateurs, et à l'heure de pointe, il s'avère parfois impossible d'en trouver un.

Sinon, vous avez... le bus !




Très esthétique, aux couleurs nationales. Alors, le bus, ça a l'air bien sur le papier, parce qu'il y a plein de lignes. En fait, c'est nul. D'abord, c'est pas donné : 1,4€ par trajet, 0,60€ avec la carte de transports (j'y reviens !). Et puis le bus, faut comprendre comment ça marche... souvent, il n'y a pas le nom de l'arrêt sur l'arrêt, donc si vous ne connaissez pas le plan de la ville, et celui de la ligne par coeur, c'est foutu. En plus, comme la circulation dans le centre historique est interdite, vous vous retrouvez parfois à faire des détours surréalistes. Et puis, le bus à Séville, c'est aussi ce grand mystère des lignes C : C1, C2, C3 et C4 deviendront rapidement vos pires ennemies. Elles sont censées desservir la ville en la contournant : C1 & C2 la contournent largement, C3 & C4 restent plus près du centre. En toute logique, C2, c'est C1 dans l'autre sens ; C4, c'est C3 dans l'autre sens. Voilà, vous n'avez rien compris, moi non plus !! Et ça se complique quand vous vous apercevez que parfois, le bus ne part absolument pas dans le sens dans lequel il est censé partir. J'ai globalement apprivoisé C3, dont je me sers le plus, je n'ai pas cherché à comprendre les autres. Trop fatiguant. A part ça, il y a le EA, qui dessert l'aéroport, ça c'est bien, il y a plusieurs arrêts dans Séville, faut juste les trouver. En gros, à part quand il pleut, le bus, c'est pas génial, surtout que quand il pleut, il est bondé. D'ailleurs, en parlant de ça, grande curiosité quand même dans cette ville : quand il y a du monde à l'arrêt, on fait la queue, ainsi, le premier arrivé à l'arrêt sera le premier à monter dans le bus. C'est bien pensé, c'est logique. Parfois, je m'imagine simplement proposer ça à Paris...juste pour voir la réaction des gens. 

Plus évolué, le tramway.



Là, accessoirement, c'est juste à côté de ma fac. Et oui, il y a des palmiers. On fait dans l'exotisme.

Alors le tram, autant dire les choses, ça sert à rien. Mais genre, vraiment à rien. La ligne est très courte, elle présente l'avantage d'être en plein centre ville, mais elle se fait facilement à pied (30min de marche pour aller d'un bout à l'autre). Or, le prix est le même que pour le bus, et il y a finalement assez peu de tram (un toutes les 6-7 minutes). En résumé, à part si on est pressé, et qu'on a la chance d'arriver en même temps que l'engin, ça ne vaut pas le coup.

Et, pour finir, le métro !





Ah qu'il est beau. Le métro, il est tout neuf, du coup, il est propre, il est beau, il sent bon, et il est pas glauque. Rien que pour ça, on a envie d'y aller. En tout cas, quand on est français, on est les seuls demeurés à le trouver extraordinaire, les autres se contentent d'un "bah quoi ? Ca va, c'est un métro quoi". Le métro de Séville dessert en fait surtout la grande périphérie de la ville, il n'y a que 5 ou 6 stations dans le centre, et elles se trouvent toutes au sud. Depuis mon quartier, il faut marcher 25 minutes au moins avant de trouver une station, donc je ne m'en sers que très peu. Cependant, dès qu'il s'agit d'aller un peu loin, il s'avère très pratique. Par exemple, le centre international, le truc qui se trouve au bout du monde, est très près de la station de métro, ce qui facilite grandement les choses. Il n'y a pour l'instant qu'une ligne, 3 autres sont en construction, et cette fois, aucun quartier ne devrait être ignoré. En attendant, il dépanne parfois, mais à moins d'habiter en périphérie, il n'est pas forcément très utile.

Et comment on paye tout ça ? Avec les tarjeta multiviaje.




Le vélo, dont on se sert le plus, a son propre abonnement. Il n'est, en général, pas utile de choisir un abonnement mensuel pour les autres types de transport. La solution, ce sont donc ces cartes, rouge pour le bus & le tram, verte pour le métro, que l'on recharge au fur et à mesure. A chaque validation, 0,6€ sont décomptés, et le jour où la carte passe pas, bah ça veut dire qu'il faut la recharger, du montant que l'on souhaite. Il existe aussi une carte, et personnellement, c'est celle ci que j'ai, qui rassemble bus, tram & métro (elle est verte, elle, si vous voulez tout savoir). Je la trouve personnellement plus pratique pour l'utilisation que j'en fais, déjà parce que le vert c'est plus joli, et puis parce que ça fait une carte de moins à ne pas perdre. L'inconvénient, c'est qu'elle ne permet pas les correspondances, mais, vu la taille de la ville, à moins que vous ayez décidé de vous lancer dans un trek d'une journée entière en essayant de tester chaque mode de transport, il est peu probable que vous ayez à faire une correspondance.

Bon. Voilà, j'ai fini. La conclusion, c'est que le vélo, c'est formidable : c'est pas cher, on peut s'en servir à toute heure (oui, parce que j'ai oublié de vous dire, le reste, à 23h, c'est fini, terminé, rentre chez vous à pied...), et ça compense les nombreux Burger King que l'on s'enfile chaque semaine.

Bande annonce de mon prochain article

Ici, en exclusivité, dans pas longtemps mais je sais pas quand, je viendrai vous raconter ce que je vais découvrir cet après-midi... la corrida !!! Ne zappez pas !

jeudi 3 octobre 2013

La vie Erasmus, face A

Faire Erasmus, c'est devenir légèrement schizophrénique. Quel que soit le rythme que l'on choisit, on est quasiment tous dans le même cas : la moitié du temps, on travaille, l'autre moitié, on sort. Certains n'ont pas divisé leur temps, et sortent tout le temps, d'autres travaillent tout le temps (enfin, il parait...). Pour les uns, c'est boulot la journée et fête la nuit, pour les autres, le basculement se fait le jeudi soir. Personnellement, je tiens trop à mes 7h de sommeil, Erasmus ou pas, et je commence 4j/5 à 9h. Le calcul est vite fait, j'ai donc choisi de passer de la face A à la face B le jeudi soir. Bref. La face A, donc. Autrement dit, les cours. Car oui, il faut bien finir par en parler, maintenant qu'ils ont bel et bien commencé.

C'est assez marrant de voir qu'après presque un mois de vie ici, la routine a pris le dessus. J'ai fini par me rendre compte que je n'étais pas venue pour les vacances, il m'aura fallu environ deux semaines pour comprendre que je n'allais pas rentrer tout de suite. Vous avez beau le savoir, avoir imprimé l'idée, et être bien conscient que toutes les démarches que vous menez ne sont pas celles d'un vacancier, tant que vous passez votre temps à dormir, visiter, prendre le soleil et boire du tinto verano, il est difficile d'imaginer que vous êtes bien venus habiter ici. Pourtant, après plusieurs semaines, je cesse peu à peu d'être une touriste, pour devenir une étudiante sévillane. Avec tout ce que cela implique, c'est à dire qu'il faut bien finir par régler son réveil sur 7h15, puis aller en cours.

Le système universitaire espagnol est assez différent du système français (je parle en tout cas de l'Universidad de Sevilla, mais j'imagine que c'est grosso merdo pareil partout). Ici, point de CM ni de TD. Je sais, vous allez vous dire "il reste rien alors ? vous faites quoi ? des scoubidous ? des bracelets brésiliens ? taratata, que nenni. En fait, les cours ici sont ce que l'on pourrait considérer comme des gros TD. Il ya  en moyenne 50 à 80 élèves par groupe (c'est-à-dire bien plus que dans un CM d'histoire ancienne en France...), et le cours est en grande partie assuré par le prof, il n'y a pas spécialement d'exposé par exemple. Par contre, l'échange est vivement encouragé, et il est fascinant de voir à quel point les élèves participent, et aiment donner leur avis (sauf à 9h du matin, quelle que soit notre nationalité, on est tous égaux devant la dure loi du réveil). Il y a également des différences au niveau des horaires : en principe, une matière = 4h de cours par semaine. Ces 4h peuvent être réparties de plusieurs manières :
- 4x 1h
- 2x 2h
- 2x 1h30 + 1x 1h
(Oui, y'en a là dedans, comme vous pouvez le constater. Les maths et moi, on est amies de longue date). Bon, là, je me la pète un peu, je vous explique tout ça, mais en fait, je n'avais moi même rien compris au début. D'ailleurs, dans mes amis, personne n'avait compris qu'il fallait aller à TOUS les cours. Car, voyez vous, sur les emplois du temps, les choses sont présentées de telle sorte :
- Matière trucmuche    groupe 1   Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi 10h-11h
On nous avait dit "choisissez votre groupe". On a tous cru qu'on devait choisir notre jour, et on est partis, l'air triomphant, annoncer à nos amis français "pfff, Erasmus, easy, j'ai 6h de cours par semaine". Ouais. Bah, pas du tout. Il fallait choisir la 2e case. Pas la 3e. Parce que " Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi 10h-11h", ça veut dire DU lundi AU jeudi. Au final, je dois avoir 15h par semaine, ce qui reste largement raisonnable. Sauf que j'ai choisi mes groupes comme un manche à balai et que je me retrouve donc avec des trous gros comme un cratère de volcan dans mon emploi du temps (à ma décharge, j'ai fait ce que j'ai pu, avec les groupes complets, les cours qui se chevauchent, et ceux où je voulais rester avec Manon parce que c'est quand même plus simple à deux). 

¿ Que más ? (vous pouvez pas comprendre, c'est de l'espagnol). Ici, il y a aussi des heures de tutorat, ou de consultation, chaque prof appelle ça comme il le veut. Ce sont des heures de cours non obligatoires durant lesquelles on peut aller voir le prof, pour qu'il réponde à nos questions, qu'il nous aide éventuellement dans notre travail ou bien qu'il donne des compléments sur sa matière. Il peut y avoir jusqu’à 6h de tutorat dans la semaine pour une matière. Faites les comptes : 4+6 = 10. Chaque prof peut donc consacrer jusqu’à 10h pour une seule matière par semaine. Le jour où vous trouvez ça en France, vous m'appelez.

Concernant le travail, tout le monde m'a l'air bien détendu ici. Je n'ai pour ainsi dire rien à rendre ce semestre. La note est seulement celle de l'examen final. Certains profs proposent des travaux optionnels, qui permettent éventuellement de compenser cette dite note. Je n'étais pas sure d'avoir bien compris, j'ai demandé confirmation à une élève dans un de mes cours, elle s'est tournée vers son amie, pour lui demander (elle avait pas l'air d'être plus inquiète que ça de ne pas savoir), et il s'est avéré que j'avais bien compris : "solo examen" !! Cependant, il faut lire pas mal de textes, parfois, et travailler ses cours ne serait-ce que pour être sure d'avoir bien compris.

Mais ça, donc, c'est du lundi au jeudi...

 Et quoi d'autre ?

- J'ai perdu ma carte bleue. Entre temps, elle a été retrouvée, dans un taxi (ce dont je me doutais, remarque), mais j'avais déjà fait opposition. Voilà, le genre de truc dont tu te dis que ça ne t'arrivera jamais, et évidemment, ça ne t'arrive que quand tu es loin de chez toi. Cela dit, j'ai paniqué 5min, puis très vite, j'ai fait ce que j'avais à faire, très détendue. Y'a pas à dire, Erasmus, ça te zénifie grandement.
- Je me suis mise à la cuisine (si, ça mérite de figurer sur ce blog). Déjà, parce que j'ai une vraie cuisine alors ça me donne envie. Et puis aussi parce qu'on bouffe comme des merdes pas très équilibré en ville, donc il faut bien compenser tout ça. Bon, il y a des choses que je savais déjà faire, comme ma tarte courgette-chèvre qui a mis tous mes colocs en transe. Je pense qu'en fait, c'est juste que ça devait avoir l'air français, mais avant même de l'avoir mangée, j'ai eu droit à des "c'est toi qui l'as fait ?? mais vraiment ??? là maintenant ???". Et puis j'ai fait des aubergines farcies. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi... surtout qu'elles étaient pas ratées !
- Il a plu. Ca a été l'événement du mois. Je peux même vous dire quand ça a commencé : vendredi, vers 21h45. Je m'en rappelle parce que je discutais avec Tugce et que soudain, on s'est arrêtées, et on a couru vers la fenêtre. Aussi parce que j'avais reçu trois messages alarmés de trois amis : "on va faire quooooooi ???" "j'ai pas de chaussures", etc. Alors voilà, ici, il pleut pas souvent, mais quand il pleut, le ciel se fout pas de votre gueule. Ca tombe, c'est le déluge, ça dure des heures. Et c'est ce moment là que l'on avait justement choisi pour traverser la ville à pied. On l'a fait quand même. C'était idiot.
- J'ai ma carte de SEVICI. C'est comme le vélib, sauf que c'est pas à Paris. Je viendrai vous parler du transport à Séville, ça fera au moins un article utile.