dimanche 24 novembre 2013

Les manteaux et les écharpes sont de sortie.

J-28. Ceci est le compte à rebours officiellement lancé aujourd'hui avant ma prochaine douche chaude (et accessoirement, avant mon retour en France, mais très honnêtement, la douche chaude est, pour l'instant, ce qui m'emballe le plus étant donnée la situation). Je vous explique. Nous sommes à la fin du mois de novembre. Le temps se rafraichit, partout. Et donc, nous commençons à avoir froid. Et là, je vous vois d'ici, soupirant, levant les yeux aux ciel et je vous entends aussi (car j'ai des pouvoirs assez développés) vous dire "elle exagère franchement".



Petite mise au point si vous le voulez bien. Vous, qui vous imaginez sans doute que je me promène encore en robe et en tongs (si vous me connaissez bien, vous savez sans doute que de toute façon, le simple fait de sortir en tongs ne me viendrait jamais à l'esprit), je me dois de vous dire la vérité, et donc de casser un peu le mythe.
 - Séville se situe très légèrement au dessus du niveau de l'Equateur tout de même.
- Il y a 4 saisons à Séville, comme dans les autres villes européennes, et elles sont réparties de la même manière. Ainsi, à la fin du mois de novembre, on peut considérer que l'hiver approche.
- Jeudi matin, il faisait 5° (c'est peut-être plus clair comme ça).

Donc, bref, dehors, il commence à faire frais (c'est un euphémisme, mais bon, je voudrais pas avoir l'air de me plaindre). Et dedans ? C'est là que le bât blesse. Parce que vous, amis français, quand vous rentrez chez vous, vous êtes soulagés. Il fait bon, les chauffages tournent, et vous pouvez oublier la température extérieure. A Séville, c'est lorsque l'on rentre chez nous que les vrais problèmes commencent. Parce qu'à Séville, il n'y a pas de chauffage. Les appartements sont conçus pour protéger de la chaleur, c'est gentil, merci. Mais l'hiver, démerde toi. Donc, imaginez vous une nuit durant laquelle il ferait, en gros, 6-7° dehors. Bien. Vous êtes contents que votre chambre soit chauffée ? Ben, moi aussi, ça me plairait assez. Je crois que la dernière fois que j'ai dormi dans un endroit aussi froid que ma chambre, c'était au Népal à 4500m d'altitude (ouais, j'ai fait ça, je sais qu'on dirait pas comme ça). C'était là pour vous donner une idée :


On est assez loin de Séville quand même, à première vue. Là-bas, on ne pouvait pas vraiment prendre de douches. Et bien, ici non plus. Même délire, je vous dis... Je sais pas comment est chauffée l'eau ici Mais ce qui est sur, c'est que depuis que les températures se sont rafraichies, ça chauffe plus des masses. J'avais déjà remarqué, à mon arrivée, que l'eau était bien tiédasse, mais, avec l'aide de ma gentille propriétaire, j'avais appris à remonter la température. Mais c'est du passé tout ça. Maintenant, j'ai beau monter au maximum, rien à faire. Je suis condamnée à me laver à l'eau tiède, voire froide. Ca ne semble poser aucun problème aux espagnols, qui visiblement, aiment prendre des douches froides. Mais, personnellement, je songe de plus en plus à ne plus me laver avant mon retour en France (c'est une blague, détendez-vous). 

Bon, alors, il a fallu mettre en place toute une stratégie pour survivre dans ces conditions (le terme "survivre" est très bien choisi, et n'est pas du tout exagéré).



Ca, c'est ma coloc et moi avant d'aller se coucher








Pour dormir, le but est de n'avoir aucun centimètre carré de peau exposé à l'air libre. J'ai donc appris, en peu de temps, à m'enrouler dans des plaids achetés trois fois rien chez le chinois d'en bas, avant de me glisser sous ma couverture. Ce même plaid m’escorte jusque dans la salle de bain le matin, je m'en recouvre dès que je suis sèche à la sortie de la douche. Je sais pas si vous avez déjà essayé de vous habiller tout en retenant un plaid sur vos épaules, ça requiert une certaine souplesse. Armée immédiatement de mes chaussures (oui, c'est du carrelage en plus par terre...), de mon écharpe, et de mon manteau, je peux finir de me préparer. Finalement, en sortant dehors, on est toujours agréablement surpris, du coup. Alors, voilà, je suis un peu hypocrite, je vous raconte tout ça alors même que l'on vient de sortir un tout petit radiateur perdu dans notre placard. Oui. Un radiateur. Cassé, en plus. Pour quatre. Merci de compatir un peu.

Quelques avantages tout de même à cette situation :

- Le frigo ne nous est plus d'aucune utilité, boum, on va faire des économies d'énergie. Je peux désormais stocker mes bouteilles et autres victuailles dans ma chambre froide (j'ai rédigé tout cet article uniquement pour y placer ce jeu de mot), je les retrouve fraiches lorsque je rentre. Bon bien sur, je n'ai pas entièrement vidé le frigo. Mais, en tout cas, pour les boissons, ça marche très bien !
- On travaille. Déjà, parce qu'on sort moins, errer dans les rues, c'est plus trop notre trip par 5°. Et puis, certains lieux, quand même sont chauffés. Si en septembre on poussait l'absurde jusqu'à prendre le tram pour deux stations pour être au frais, en novembre, on pousse l'absurde jusqu'à aller à la BU pour être au chaud. 

Voilà. Pas d'autres avantages.

Et à part, ça, comment ça va ?

Oh bah ça va plutôt bien, merci.
- J'ai enfin... EU MA BOURSE !!!! Ils sont fous. Ils m'ont donné toute ma bourse. Ne manquent que 20% que je toucherai... au retour en juillet. Ils me connaissent pas bien ces gens là. Pour fêter ça, j'ai acheté des chaussures, elles étaient quasiment gratuites, chez Zara (car Zara est quasiment gratuit ici).
- Mon coloc a sorti la poubelle. Ca mériterait même un article entier ça. Par contre, il s'obstine à ne pas vouloir prononcer plus de 6 mots par jour : "Hola, que tal? Hace muy frio" (Ca veut dire "Salut, ça va ? Il fait très froid). C'est pas comme ça que je vais apprendre l'espagnol...
- Ils ont mis des décos de Noël partout youpi ! Ca ne va pas du tout avec les palmiers, l'ensemble est très spécial, mais bon, pourquoi pas, après tout, ils fêtent Noël aussi.
- J'ai trouvé un calendrier de l'Avent, un vrai, original, pas les merdes des supermarchés avec un dessin des Rois Mages.
- J'ai fini un livre pour mon mémoire. Mon premier. En espagnol. Fière, je suis.
- Hier, je me suis retrouvée à comparer la grammaire française et la grammaire espagnole, entourée... d'espagnols. D'abord, ils m'ont sorti tout ce qu'ils savaient dire en français, à savoir, en gros, "bonjour", "merci", "je m'appelle machin", "putin" et "merde". Ca restera un des meilleurs moments de mon année juste pour leur tête quand je leur ai dit que le subjonctif imparfait ne s'employait quasiment pas en français (il s'utilise énormément en espagnol). "Comment c'est possible ????? Mais comment vous faites ????". Encore aurait-il fallu que nous sussions l'employer....Finalement, l'un d'eux a conclu d'un très réaliste "de toute façon, en français y'a pas de règles, on peut pas l'apprendre".
- J'ai froid.


dimanche 17 novembre 2013

La Alhambra - Granada

Oh bah j'avais presque oublié l'existence de ce blog. C'est pas contre vous, hein, c'est que j'ai du boulot moi. Et puis de la visite aussi, j'ai eu plein de visites. Mais voilà, maintenant, j'ai le temps (en mettant de côté ma rédac que je dois rendre demain pour mon cours d'espagnol, bien sur. Mais bon, 150 mots, qu'est ce que c'est ? 15 lignes, si peu. Dans 2 mois, il faudra que je sois capable d'écrire une copie entière. C'est une autre histoire, mieux vaut ne pas en parler !). BREF. Puisqu'on parlait de visites... comme je l'avais dit, j'ai eu celle de Camille, amie rencontrée à l'école du Louvre (ça a son importance pour la suite), en même temps que celle de mon frère, Alexis, et de sa copine, Lucille. Ca en faisait du monde à occuper tout ça. Et donc, on (enfin, surtout Camille et moi) a décidé d'aller jusqu'à Grenade (Granada en VO) pour visiter la Alhambra.

En fait, tout ça, ça a commencé il y a plusieurs années maintenant, 3 si je calcule bien. Avec Camille, on était en cours d'Arts de l'Islam, et à un moment, notre prof a balancé comme ça, sans prévenir, une photo de la Alhambra, en disant "ça tombera pas à l'examen, mais regardez, c'est joli". En effet, c'est pas tombé, et en effet, c'était joli, alors nous, on a voulu aller le voir, ce qui n'a pas pu se faire dans l'immédiat. Finalement, quand j'ai eu l'idée de passer un an en Espagne, j'ai tout de suite voulu aller à Grenade. Mais le partenariat n'existait pas avec ma fac. Alors j'ai fait au plus près, en me promettant d'y foncer dès les premiers jours. Et puis j'ai eu autre chose à faire, du genre chercher un appart, boire du tinto verano et faire de la barque sur le canal de la Plaza de España. Voilà, donc on y a été tous ensemble, Camille et moi ultra-motivées, Alexis et Lucille ultra-résignés. Autant le dire, c'est pas le genre de truc qui se visite sur un coup de tête. Il y a un quota de visiteurs quotidien, et si vous voulez en faire partie, il vaut mieux réserver à l'avance sur internet (même le prince et la princesse, qui y sont allés quelques jours avant nous, ont réservé sur internet, je le sais parce que les sites peoples étaient en boucle sur cette information incroyable). On vous donne donc le choix entre le matin ou l'après midi (le matin !!!! ils sont fous eux...). Puis on vous attribue une heure d'entrée aux Palais Nasrides (j'vais tout vous expliquer, vous inquiétez pas). 

Grenade, c'est loin de Séville. 

Vous remarquerez que mes cartes sont de plus en plus évoluées, en juin, ça sera du 3D à ce rythme !

Donc Grenade, c'est en gros, à 2h30 de route. En train, c'est pas plus court, et c'est drôlement cher. On a loué une voiture, que j'ai conduit, oui, bravement. Une voiture très sympathique, belle, grande, mais qui ne dépassait pas les 60 km/h en montée, ce qui, sur une autoroute menant à Grenade, qui se trouve à 600m d'altitude, s'avère rapidement fâcheux...Nous sommes donc arrivés vivants (message personnel aux 3 autres : vous m'avez pas remboursé l'essence !!). Et, à 14h, heure qui nous était attribuée, nous avons enfin pu pénétrer dans "the monumental complex" (je suis trilingue, en vrai). La Alhambra se situe sur une colline dominant Grenade, la construction a  débuté au XIIIe siècle, à l'époque de la dynastie Nasride, s'est poursuivie à l'époque des Rois Catholiques, puis sous Charles Quint, au XVIe siècle, ce qui explique le caractère très éclectique de l'ensemble. Plus tard, la Alhambra était totalement tombée dans l'oubli, avant d’être redécouverte au XIXe siècle, et restaurée.

L'ensemble comprend, en gros, quatre parties : le Palais Nasride, le palais de Charles Quint, le Generalife (petit palais isolé du reste et entouré par un somptueux jardin) et l'Alcazaba, zone militaire. Nous avons commencé notre visite par le Palais Nasride, et on comprend mieux pourquoi une heure de visite est imposée : il y a du monde, beaucoup de monde. Il est difficile d'ailleurs d'y faire des photos parlantes, qui rendraient compte du volume du palais. De nombreuses pièces, toutes plus belles et impressionnantes les unes que les autres, se succèdent. Le palais Nasride est un exemple très parlant de l'art du même nom : stucs, céramiques, et faïences...Plusieurs patios agrémentés de fontaines rythment le cheminement, dont le sublime Patio de los Leones orné de 124 colonnes. Nous nous sommes ensuite dirigés vers l'Alcazaba, où résidaient les soldats gardant la Alhambra, dont ne subsiste plus grand chose. A noter quand même la présence de la muraille, inratable sur les photos de l'ensemble telles qu'elles circulent dans les guides touristiques ou sur internet, et de deux tours, qui permettent, au sommet, d'avoir une vue absolument imprenable sur la ville de Grenade (que l'on voit cependant très bien depuis le Palais Nasride également). Nous avons ensuite fait un rapide détour par le Palais de Charles Quint, dont le style frappe par sa différence avec celui précédemment évoqué, puisque emblématique de l'art de la Renaissance, notamment avec sa façade à bossettes (là, c'est le moment où je tente de vous montrer que je n'ai pas tout oublié de mes 3 ans d'histoire de l'art...). A l'intérieur se trouve un immense patio à colonnades, ainsi que deux musées, fermés ce jour là. Nous avons terminé par le Generalife, datant lui aussi du XIIIe siècle. Il s'agissait en réalité de la résidence de campagne des souverains. L'ensemble est remarquable pour son jardin, et notamment pour le grand Patio de la Acequia, traversé par un petit canal, et caractérisé par ses nombreux jets d'eau.

Au final, une visite de 3h30 environ, à un rythme plutôt normal. Les billets sont distribués par demie-journée, il est donc prévu que l'on puisse passer jusqu'à 4h, en hiver, 5h en été, dans le complexe. L'été, par ailleurs, des visites nocturnes sont organisées. Et surtout, c'est beau, il n'y a rien à dire, et on a tous les 4 été d'accord là-dessus. Par beau temps, la visite est d'autant plus agréable, puisque se déroulant en grande partie à l'air libre. Après tout ce périple, nous sommes rentrés à Séville bien épuisés, mais contents (enfin, je crois que les autres l'étaient aussi !). Je sais déjà que je retournerai à la Alhambra en février prochain, l'occasion de voir les jardins à une autre saison. Et, vu le climat de la province de Grenade, zone très montagneuse de l'Espagne, ce sera peut-être l'occasion de voir le tout sous la neige.

Quelques photos maintenant... j'ai préféré les réunir à la fin, admirez plutôt.

 Notre Ferrari


Le palais Nasride :


 L'Alcazaba :


 Le palais de Charles Quint :


 Le Generalife :


Et deux vues sur La Alhambra :







mercredi 6 novembre 2013

1/5e du trajet.

Il y a 2 mois jour pour jour, je me souviens bien, on était vendredi, et à cette heure-ci (23h et des brouettes), ma valise était fermée, pesée et posée près de l'entrée de la maison. Tout était prêt pour le départ : mon lisseur, ma peluche chat, mes nombreuses robes, mes papiers. Tout était prêt, sauf moi, qui me demandait, enfin, ce qui m'était passé par la tête, alors que tout était si bien en France, si clair, si facile. Il y a 2 mois et 12h, je décollais vers l'Espagne, il y a 2 mois et 14h, je me posais sur les pistes de l'aéroport sur la façade duquel se détachaient les énormes lettres formant "SEVILLA". Il y a 2 mois et 17h, j'arpentais pour la première fois des rues que je n'avais jamais vues, et qui allaient devenir mon quotidien. Il y a 2 mois et 24h, je parlais à une fille dormant dans le même dortoir que moi, une turque, qui est aujourd'hui ma coloc. Je n'ai pas toujours tout compris depuis : ni ce qu'on me disait, ni ce qui m'arrivait. Dans 2 mois jour pour jour, je reviendrai tout juste de France, après y avoir passé 2 semaines. 1/5e du trajet. Dans 2 mois jour pour jour, on sera presque à la moitié de l'année. C'est terrifiant. Parce que tout est passé si vite, ça n'est pas possible. Et en même temps, j'ai tant vécu en 2 mois que je ne sais pas comment je vais pouvoir encore vivre des choses nouvelles sur les 8 mois qu'il me reste. Et pourtant. J'ai l'impression d'être arrivée hier. Demain, ça fera 4 mois. Ce week-end, 6. La semaine prochaine, ce sera terminé.

En 2 mois, j'ai appris à aimer la bière. Détail qui a son importance. J'ai acheté un short, et je l'ai porté. J'ai acheté des ballerines et je les ai portées. J'ai appris à me mettre de l'eye liner. J'ai vu des spectacles de flamenco. J'ai assisté à une vraie corrida de toros. J'ai regardé la télé en espagnol. J'ai lu le journal en espagnol. Petit à petit, j'ai compris les espagnols se parlant entre eux. J'ai compris les blagues de mes profs. J'ai compris mon cours d'Historiografia. J'ai visité Séville, dans tous les sens, à pied, en bus, à vélo, en voiture. J'ai été au Portugal. J'ai été à Cádiz. J'ai été à Grenade. J'ai appris des insultes dans plusieurs langues. A dire "je m'appelle Marie" en polonais. A compter en turc. J'ai enfin réussi à m'exprimer au passé en espagnol. Je n'ai plus l'air idiote quand je raconte ce qui m'est arrivé la veille au présent. En 2 mois, j'ai rencontré des tas de gens. Des gens de partout. J'ai pris les numéros de beaucoup. J'en ai revu une grande partie. Je me suis liée d'amitié avec certains. Et quelques uns sont devenus de réels piliers. Des gens pour qui tu ressors à n'importe quelle heure. Des gens que tu consoles quand ils voudraient être n'importe où excepté ici, à Séville, tellement soudain, ça leur parait insurmontable tout ça. Dès gens qui m'ont consolée quand je voulais être n'importe où excepté ici, à Séville, tellement soudain, ça me paraissait insurmontable tout ça. Des gens avec qui je peux passer une nuit entière juste assise par terre à discuter, à rire, jusqu'à se dire qu'il est peut-être temps de rentrer maintenant. 

Et puis, en 2 mois, en m'en éloignant, j'ai appris à être française. Plus j'aime l'Espagne, plus je comprends la France. Plus je découvre d'autres cultures, plus je me rends compte qu'elles ne sont pas les miennes. Je suis révoltée par ce qui se passe parfois dans mon pays, par les bribes d'information qui me parviennent, par cette histoire de bijoutier, en septembre, par cette histoire de Léonarda. Mais j'ai beau essayer, il n'y a rien à faire. J'ai faim à 20h. Je râle lorsque le bus passe dans plus de 5 minutes. Je suis au bord des larmes dès que mon prof d'histoire de l'art évoque Paris. Il n'y a rien à faire. J'ai du aller faire une photocopie de mon passeport ce matin, j'ai montré fièrement le "République française". C'est moi. Il y a eu, il y a quelques jours, une soirée française organisée par ESN, l'association Erasmus officielle. Il fallait nous voir, nous autres, tous les français, agitant nos drapeaux en chantant.

Et en même temps...j'ai appris à être d'ailleurs. Parce que Séville, maintenant, c'est chez moi. Je sors sans plan. Je ne réfléchis pas avant de prendre le bus. J'ai mes adresses : le bar du flamenco, le bar pas cher, le bar sympa, le 100 montaditos et ses sandwichs à 50cts le lundi, les supermarchés, les libraires, et même le burger king aux toilettes accessibles sans codes et ouvertes une bonne partie de la nuit. Je ne suis pas espagnole, encore moins andalouse, et je ne le serai jamais. Je serai toujours la française. Mais pas la touriste, et ça change beaucoup de choses. Dimanche dernier, on a du ("on", c'est les gens qui sont venus me voir, et moi, je vous raconterai, on a fait plein de trucs vraiment bien !) louer une voiture. En voyant mon passeport français, la dame m'a parlé en anglais. Ma réponse en espagnol a du lui convenir, elle a poursuivi en espagnol. De plus en plus vite. Et j'ai répondu de plus en plus sure de moi. Je lui ai donné une adresse sévillane. Je n'étais plus l'énième touriste. J'étais une française installée à Séville. Toute ma vie, je crois que Séville, ça sera un peu chez moi. Je ne viendrai plus jamais à Séville, j'y reviendrai. Volver. J'aime bien ce verbe. J'y reviendrai, et je saurai immédiatement où aller. Je ne serai plus jamais complètement chez moi quelque part. Parce que si ici, je resterai la française, en France, je serai celle qui a vécu ailleurs. 

Je ne sais pas à quel point ces 10 mois me changeront. Les maths, cette fois, ne veulent plus rien dire. Je n'ai pas l'impression d'avoir changé 1/5e de ma vie. Tout a changé, et en même temps, pas grand chose. Je crois que j'ai simplement laissé mes problèmes, mes habitudes, mes plaisirs en France, et que je m'en suis crée de nouveaux en attendant de les retrouver. Et ça, c'est valable depuis la première semaine. Prochain bilan à 2/5e du trajet ? Ou à la moitié ? Ou à 2/3. On verra.

Et puis surtout...

J'ai acheté une balance cet après-midi. Il était temps. Je commençais vraiment à m'inquiéter. Et donc, c'est officiel. En 2 mois, je n'ai pas pris un gramme. 

vendredi 1 novembre 2013

Cádiz - 27 de octubre

Aujourd'hui, petite excursion hors de Séville. L'Andalousie est si grande et si variée qu'il serait dommage de ne pas profiter de tous ses charmes. Pour fêter le passage à l'heure d'hiver (invention française qui fait chier toute l'Europe), je suis partie, avec la dream team habituelle composée de Manon et Kinga, vers Cádiz (en français dans le texte : Cadix, c'est beaucoup plus moche).

Cádiz, c'est là. Vous noterez les efforts de votre serviteur.

Donc, dimanche, il faisait 30°, c'est-à-dire une température plutôt honorable. Suffisamment pour aller à la plage. Pour des français en tout cas. Les espagnols, ils nous ont regardé d'un drôle d'air : "la plage ??? par ce temps là ??? Vous devriez pas". On aurait dit qu'on partait faire des UV en bikini sur une plage islandaise qu'ils auraient trouvé ça plus prudent. Bref, donc on s'est levés tôt pour prendre le train. Le train, en Espagne, c'est comme en France sauf que les sièges sont pas de la même couleur et qu'il y a une télé qui te dit combien il fait dehors et à quelle vitesse on roule.

Il a pas fait 16° toute la journée, vous êtes fous, pour un mois d'octobre ça aurait été scandaleux.

A l'arrivée à Cádiz, nous nous sommes dirigées vers l'Ayuntamiento, c'est-à-dire l'hôtel de ville. Nous n'y sommes pas rentrées, donc je ne vais pas trop pouvoir vous en dire plus. Voilà un article qui s'annonce utile dis donc...

C'est ça. Et devant, c'est un palmier.

Quelques centaines de mètres plus loin, se trouve la Cátedral, qui pour le coup, vaut le détour. Nous y sommes arrivées vers 11h (hé, quand je dis qu'on s'est levées tôt !!), l'entrée était gratuite à partir de 11h30, donc on a attendu en prenant un petit déjeuner.

Pause petit-déjeuner.


Finalement, nous y sommes donc rentrées. Elle s'est élevée au XVIIIe siècle, sur les ruines de l'Ancienne Cathédrale, bâtie au XIIIe siècle et détruite par un incendie. Sa taille est impressionnante, entre les deux tours latérales émerge le dôme doré, qui, lors de beau temps, s'aperçoit de très loin et donne une impression toute particulière à la ville. L'intérieur ne présente pas de grande originalité, mais étonne par ses dimensions. 


Il est possible de monter au sommet de l'une des deux tours : la Torre del Poniente. Devinez qui avait mis ses hauts talons ??? Bon, je suis quand même arrivée, et heureusement parce qu'en haut, la vue sur Cádiz et sur l'ocean (oui, regardez bien la carte, Cadiz = ouest de Gibraltar = océan Atlantique) est imprenable. Jugez :



En redescendant, nous nous sommes baladées dans les petites rues de la ville. Elle est en fait assez petite, en une matinée, nous avions fait le tour du centre. On a voulu aller au Mercado, le grand marché central vanté dans les guides, mais il était fermé (oui, c'est triste). Je me souviens avoir longtemps hésité entre Séville et Cádiz au moment de remplir mon dossier Erasmus, et je confirme donc que je ne regrette absolument pas mon choix. Après avoir acheté quelques souvenirs (car, à Cádiz, nous étions touristes, contrairement à Séville où l'on refuse d'être considérées comme telles), et après avoir mangé du gazpacho, nous sommes parties, bouteille de tinto verano en main, pour la plage.


Rien de bien intéressant. On s'est baignées, on s'est séchées, on a dormi, on s'est re-baignées et on s'est re-séchées. Heure d'hiver oblige, le soleil s'est couché tôt, ce qui nous a permis de nous servir du décor pour faire toute une série de photos très kitsh.


Après avoir suffisamment profité du paysage, et une fois la nuit complètement tombée, nous sommes remontées vers le centre ville en longeant la plage, ce qui nous a mené derrière la Cathédrale. Finalement, il a été l'heure de reprendre le train et de rentrer à Séville.

Au final, j'ai été charmée par cette ville, elle est superbe, mais je ne pense pas que ce soit l'endroit idéal où passer plusieurs jours, et donc, un an. C'est très petit, et on en fait vite le tour. Mais je suis ravie d'y avoir été, ne serait-ce que pour le simple fait d'avoir pu narguer tout le monde, avec ce très efficace "on a été à la plage ? Bah oui en octobre ! Tu te baignes pas en octobre, toi ??".

D'ici quelques jours, je viendrai vous raconter Séville, à nouveau, que j'ai parcouru en long, en large et en travers ces derniers jours. Et puis, Grenade, où je vais dimanche, enfin, ce dont je rêve depuis que j'ai vu la photo de l'Alhambra en cours d'Arts de l'Islam en 2010.