mercredi 14 mai 2014

Vámono' pa' la Feria!!!!

Je tiens TOUJOURS mes promesses. Donc, quand je vous promets que je vais enchainer avec un 2e article en quelques jours, JE LE FAIS! Admirez. En fait, c'est surtout que si je vous raconte la Feria en octobre, ça aura tout de suite moins d'intérêt. Alors, puisque l'on m'a demandé plusieurs fois "mais en fait, la Feria, c'est qouuuuuaaaa ?", je vais vous faire un petit cours magistal.

La Feria, s'appelle en vrai "la Feria de Abril", donc déjà, ça commence mal, puisqu'elle était cette année célébrée en mai. Comment cela se fait-il ?, me direz vous... Cela se fait qu'elle est toujours célébrée deux semaines après la Semaine Sainte, donc si le christ a ressuscité un peu plus tard cette année, la Féria commence un peu plus tard. Elle dure une semaine, en réalité, 6 jours, du lundi minuit -enfin, du mardi quoi, du coup- au dimanche minuit. Elle trouve ses origines dans les ventes de bétail du XVIIe siècle, et est devenue une réelle institution au XIXe siècle. C'est paradoxal, c'est une sorte de grand foutoir, mais très codifié (s'il vous plait, n'allez pas leur répéter que j'ai qualifié ça de "foutoir", mais c'est un compliment en réalité!!). Contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle n'a pas lieu dans tout Séville, mais dans un quartier très précis, le barrio de Los Remedios (à l'autre bout de chez moi, ÉVIDEMMENT!!). Il se trouve de l'autre côté du Guadalquivir, pendant une semaine, les ponts enjambant le fleuve deviennent donc des passerelles remplies de femmes en traje de flamenca (la robe, quoi), et de calèches. Car oui, on ne va pas à la Féria habillé n'importe comment. Les femmes portent donc ce fameux traje, robe impressionnante à volants, ajoutent une fleur dans leur cheveux et complètent leur tenue d'immense boucles d'oreille. Elles peuvent très bien s'y rendre sans tout cet attirail, mais dans ce cas, tenue correcte exigée! Perso, j'avais décidé de jouer le jeu, et j'avais acheté une robe -d'occasion parce que c'est trèèèès cher-, une rose, tout, tout, tout! Comme ça n'est tout de même pas ce qu'on a fait de plus pratique, je l'ai délaissé plus tard et je me suis contentée d'une jolie robe et d'une fleur dans les cheveux. Les hommes sont particulièrement élégants, ils portent, dans de rares cas, l'habit traditionnel, ou bien un costume.


La Feria commence donc le lundi soir. On retrouve ses amis pour un diner composé de pescaito (entendez par-là "pescadito" mais avec l'accent andalou, il s'agit de poissons frits). Les propriétaires de casetas (on y revient, restez attentifs!) dinent à l'intérieur de la Féria, les autres peuvent se retrouver chez eux, ou dans des bars à tapas. Après le diner, tout Séville, grosso modo, prend la direction de la grande porte d'entrée de la Féria, afin d'assister à l'alumbrao (encore une fois, en vrai, on dit "alumbraDo"), à savoir l'éclairage de la porte, effectué par le maire himself. Il a lieu à minuit PILE POIL (il n'y a donc pas que pour la corrida que les espagnols sont toujours à l'heure!).





Et à partir de là, le film commence. Il va durer une semaine. On pénètre donc dans l'enceinte de la Féria, il s'agit d'une dizaine de rues, dont l'une d'elle, la Calle del Infierno, est en fait une fête foraine géante. Toutes sont bordées de ces fameuses casetas. Ce sont des petites maisons, sous des espèces de grandes tentes (parait qu'il faut surtout pas dire que c'est des tentes, mais bon...), comprenant un bar, quelques tables, une piste de danse et des toilettes sommaires. Elles sont, dans 95% des cas, privées, c'est à dire que l'on n'y accède que sur l'invitation de l'un des propriétaires. Seules 15 d'entre elles sont publiques, elles sont répertoriées au bureau d'information que je n'ai jamais trouvé!

Oui, bon, j'ai pas mieux comme photo!





Donc, c'est à ce moment là qu'il devient intéressant d'avoir des amis locaux! C'est mon cas, donc j'ai été invitée dans plusieurs casetas, et j'ai pu ainsi vraiment profiter de la Féria ; mais il est vrai que les touristes peuvent se sentir rapidement exclus. Cependant, si on joue le jeu de venir bien sappés, et que l'on montre que l'on a envie de s'amuser et de découvrir, on peut assez facilement finir par entrer dans une de ces pièces secrètes. 

Bon, donc, on fait quoi pendant tout ce temps ?

La fête dure, en général, de 13h à 6h du matin (oui, c'est long, et ça demande une grande endurance). Jusqu'à 20h30 se déroulent les défilés de chevaux, dont je n'ai aucune photo puisque je suis toujours arrivée trop tard...Mais il parait que c'est beau. A part ça, c'est somme toute très classique : on mange (des spécialités locales, que l'on paye cher si le propriétaire de la caseta n'a pas décidé d'offrir sa tournée générale), on boit (surtout de la manzanilla -vin blanc à base de pomme, très fort, pas bon, beurk, testé pas approuvé-, et du rebujito -manzanilla mais mélangée à du sprite, très (trop!!) testé, très approuvé-) et on danse (la sévillane, et surtout pas le flamenco espèces de touristes!!). La sévillane est en réalité plus simple que le flamenco d'ailleurs, elle se compose de quatre épisodes comportant un certain nombre de pas qui sont toujours chorégraphiés de la même façon : c'est comme le vélo ou la lecture, une fois que vous savez, vous savez. En l'occurrence, je savais, enfin, après 5 mois de cours! Comme je n'ai absolument pas l'intention de m'exposer bêtement sur l'espace public d'internet en train de danser, je vous laisse donc faire une recherche google pour en savoir plus. Donc, on fait ça jusqu'à 5-6h du matin, on, mange quelques churros trempés dans du chocolat qui brule la langue, et ensuite on attend 2h, soit le bus, soit le taxi, et on rentre chez soi avec la tête qui tourne et des ampoules au pied. Et vous savez quoi ? Le pire, c'est que le lendemain, on y retourne quand même !

En réalité, si la Feria se limite dans les faits à un seul quartier, elle envahit bel et bien tout Séville. Déjà, parce qu'avant d'aller festoyer, bon nombre de sevillans se pressent à la Plaza de Toros pour assister aux corridas (il y en a une chaque jour de la Féria). Puisque, rappelez vous-en, je suis une barbare sanguinaire, j'ai donc été assister à celle de vendredi (en réalité, c'est parce qu'une amie venue me voir voulait en profiter pour en voir une, et parce qu'Enrique Ponce toréait ce jour là et que ça m'apétécait bien de le voir toréer -"apetecer", c'est un verbe espagnol, mais, comme ça m'arrive parfois, je ne trouve absolument plus la traduction française..... en gros, j'avais envie de le voir toréer-). 





Et puis, il faut bien s'y déplacer jusqu'à cette Feria, on passe donc une semaine à croiser des centaines de personnes en habit traditionnel ; pour les plus aisés, perchés sur des calèches. Un sacré ballet, il faut le voir pour le croire....

Bon, je récapépéte :

- vers 13h, les casetas ouvrent, mais nous, on dort encore
- vers 15h, on se réveille
- à 18h, les uns vont aux arènes, les autres assistent aux défilés des chevaux (et ne sont pas moins cruels puisque certains chevaux n'ont pas survécu au traitement qu'ils ont subi à coups de journées entières posés debout sur les pavés à tirer des charrettes sous 40°, mais bon...)
- à 21h, on arrive à la Féria
- à 22h, on en est à sa 3e jarre de rebujito (j'ai bien essayé de commander au verre, mais z'ont pas voulu...)
- à 23 on a mal aux pieds
- à un moment on se met à danser
- au lever du jour, on en est à sa 11e jarre de rebujito, on décide de rentrer.
- vers 15h, on recommence.

Le dimanche soir, on a fini par aller faire quelques tours de manèges, puis on a gentiment attendu le feu d'artifice cloturant cette folle semaine.



Ca a sans doute été l'une des expériences les plus incroyables de ma vie! C'est comme assister au tournage d'un film, mais dans lequel on a le droit de jouer. Je pense que mes cheveux vont sentir la laque durant les 5 prochaines années à force d'en avoir aspergés mes boucles et mes chignons, mes pieds ont terminé la semaine en sang, et j'ai les lèvres gercées de trop de rouge à lèvres mais qu'est ce que ça valait le coup! Lundi matin, nous étions à nouveau tous en jean ou shorts, les chevaux avaient perdu leurs grelots et Séville semblait bien triste. Le temps que tout le monde se réhabitue à la vie normale...


T'as rien oublié ??

Si, quand même, faut que je vous dise que :

- Je sais que vous avez froid, vous autres, en France, mais bordel vous imaginez pas la chance que vous avez! La Féria a, parait-il, été la plus chaude de ces dernières années et je veux bien le croire. Depuis une semaine, le thermomètre dépasse allégrement les 40° dans l'après midi. Moi qui me revois, ébahie, devant les 36° que je voyais affichés en septembre, je rigole jaune maintenant quand j'en vois 45...
- La Feria a aussi ses mauvais côtés : les ladrones -à ne pas confondre, en lisant vite, avec les lardons, qui ne présentent pas en soi de défaut majeur-, il s'agit des voleurs. Toutes les personnes que je connais se sont fait voler quelque chose, de l'appareil photo au portefeuille en passant par le téléphone. Donc, j'ai pris énormément de précautions et je m'en sors avec brio puisque seule ma carte d’identité manque à l'appel de l'inventaire post-fête (si, vous savez, cet inventaire qu'on fait en se réveillant, et en retournant son sac en retenant sa respiration...). Et comme je doute qu'on me l'ait volée, juste comme ça, je pense qu'elle s'est simplement suicidée en tombant de mon sac. En soi, c'est pas grave puisque j'ai mon passeport, mais dans les faits, c'est assez relou tout de même puisque j'ai gagné un passage bonus au Consulat français pour déclarer la perte....
- Seville est magique, comme le PSG et même encore plus parce qu'on a gagné l'EuropaLeague !!! Oui, donc j'ai regardé un match de foot, en mangeant une pizza, si señor!! J'ai crié "Putain" quand les tirs cadrés ne passaient pas et "VAMOOOO" quand ils passaient (c'est à dire juste à la fin puisque ça s'est fini aux tab). Et donc, je dis maintenant "ON a gagné", enfin bon, tous ces trucs que j'ai toujours trouvés ridicules, mais que voulez vous, en tant que française, j'ai bien peur de ne pas pouvoir fêter beaucoup de victoires dans ma vie!
- La Féria c'était tellement bien que j'y retourne, mais à celle de Jerez (c'est dans la province de Cadiz donc pas bien loin) qui a lieu cette semaine. Je fais juste un A/R rapide, et j'en profite pour aller à la corrida de vendredi (décidément, quelle meurtrière je fais) parce que Manzanares torée et qu'il est très beau (vous me demandez hein, si vous voulez des analyses sportives ou autres brillantes et réfléchies). Puis, samedi, normalement, je vais à Gibraltar! Donc, il faut que je potasse mon anglais, parce que ça vire à la catastrophe ma maitrise de la langue de Shakespeare...

A plus tard dans la mare!!!
(Pardon, je sais pas ce qui m'a pris!)




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