lundi 23 juin 2014

El paseo de los recuerdos

La promenade des souvenirs... A Séville, il existe de nombreuses rues se nommant "paseo", c'est à dire "promenade", on a notamment la promenade de Christophe Colomb, la promenade des délices -c'est prometteur-, mais on n'a pas la promenade des souvenirs. Alors, ma coloc -Tugce- et moi, on l'a inventée samedi dernier. Le matin, j'avais un examen, mais j'avais envie de souffler un peu ensuite. Elle voulait aller se promener dans une ville près de Séville mais n'avais finalement pas pu. On a donc décider de se faire une après-midi touristique... dans Séville. D'essayer de trouver des coins qu'on ne connaitrait pas encore. Mais ça ne s'est pas passé du tout comme ça. On a pris un vélo près de chez nous, avec pour but d'aller jusqu'à la calle Betis, l'une des plus belles rues de Séville, avec des maisons de toutes les couleurs longeant le fleuve. Finalement, on est restées dehors près de 6h. Et chaque avenue, chaque carrefour, chaque coin de rue est devenu l'occasion de se remémorer notre année. On s'est rendues compte que l'on avait des souvenirs absolument partout dans cette ville, même des moments les plus anodins... Et comme on n'est tout de même pas ensemble 24h/24, et même si on se raconte absolument tout, quand on ne se le fait pas vivre en direct à travers Whatsapp, ça a également été l'occasion de découvrir des bouts de vie sévillane de l'autre.

Le pont de la Barqueta, à deux pas de chez nous, où j'avais attendu des amis avant la réunion d'accueil Erasmus en septembre. Les bords du Guadalquivir, profitant des premiers vrais rayons de soleil en février. L'escalier de la calle Torneo et son botellon en décembre. Le parc derrière Plaza de Armas et l'anniversaire d'une copine en mai. Le pont de Triana et les retours de soirée à 6h du matin, de septembre à juin. Les rues de Triana, parcourues en bus, au retour de la fac, chaque jour. La Plaza de Cuba remplie d'Erasmus partant à la plage ce dimanche matin de septembre. Sa boite de nuit extérieure, au bord du fleuve, ma première soirée, en septembre. La Calle Betis, et sa promenade, parcourue en octobre. "Ah tiens, regarde, c'est dans cette boite que j'étais l'autre soir, c'est sympa". Le McDo de Puerta Jerez, ses hamburgers à 4h du matin, en octobre, et ses pauses déjeuners n'en finissant pas. Le café où j'allais réviser, en janvier, puis à nouveau en juin. La fac. Evidemment. Les bords du fleuve envahies de sévillanes en tenue de flamenco en mai. La Torre del Oro et sa superbe vue sur la Giralda, en novembre. Le pédalo sur le fleuve, en mai. La plaza de Toros et ma première corrida, en octobre. Le meilleur des restaurants, découvert en mars. La ruelle cachée, raccourci pour rejoindre la Cathédrale, empruntée seulement depuis avril. "Ah bah tiens, regarde Marie, c'est là que j'étais quand tu m'as dit que t'avais trouvé un appart avec deux chambres". La fontaine face à la Giralda et les grandes discussions auxquelles elle a assisté, en octobre. Les ruelles de Santa Cruz et sa plaza Doña Elvira, en novembre, "viens voir par là; Tugce, il faut que je te montre le plus bel endroit de Séville". La Plaza Santa Maria, découverte en mars après m'être perdue. Et, même après 10 mois, avoir besoin de Google Map pour sortir de ce quartier. Se rappeler, dans telle rue, y avoir dit au revoir à une amie, partie de Séville en février. Le trottoir sur lequel on s'est racontés nos vies, avec des amis, en septembre. Soudain, l'église affreuse, rouge et jaune, devant laquelle j'étais passée le premier jour en me promenant, la première photo de mon album "Séville", qui en compte maintenant près de 2.000. Les ruelles d'Alfalfa qui pourraient en raconter des dossiers, tant elles ont vu passer d'Erasmus. Los Coloniales, le meilleur rapport qualité/quantité/prix du monde et ses diners qui s'y éternisent, cette table de 12 en janvier. Le Patio San Eloy, en février, "tu devrais essayer ce resto avant de partir". Le bar dans laquelle on est entrées par hasard, attirées par les bruits de guitares et les chants, en janvier. L'église et sa façade recouverte de mauvaises herbes, "c'est zarb, non ?", en octobre. Et puis, on est arrivées chez nous. Je suis ressortie avec d'autres amis, sur l'Alameda. L'Alameda, ses bars, ses mojitos, ses tapas, et son Fun Club, où j'aurais passé mes meilleures soirées, même si ça n'est pas la meilleure boite de Séville. De septembre à juin.



"Quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective. Des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Voilà, plus tard on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l’aura prise dix, vingt, mille fois. Au bout d’un temps cela vous appartient parce qu’on y a vécu."

C'est ce que se dit Xavier, le héros de "L'auberge espagnole", lorsqu'il marche dans Barcelone pour la première fois.  Et c'est exactement ça. Tout en avançant, samedi, je me revoyais marcher seule, plan en main, dans ces mêmes rues, quelques heures après mon arrivée en septembre. Curieuse, aventureuse, mais un peu stressée quand même. Me demandant ce qu'allaient me réserver toutes ces rues.
Bon, voilà, mes premières amies sont déjà rentrées. J'ai une fête d'adieu ce soir, une autre après-demain, plusieurs la semaine prochaine. Tugce part le 2, c'est à dire mercredi prochain. Il ne nous reste plus qu'une grosse semaine, plus qu'un week-end. Je ne sais pas quand on se reverra, et je ne sais pas où. On se reverra, c'est certain, mais ça sera différent. Les "on fait quoi le week-end prochain ?" sont devenus des "et tu fais quoi cet été ?". "Je serai à Istanbul/Rome/Paris/Londres" (rayez la mention inutile). Ca fait rêver tout le monde sauf la personne concernée, c'est notre vie, c'est chez nous, c'est notre case, point. Et en fait, malgré tout ça, je suis beaucoup moins triste que ce que j'imaginais. Ca ressemble plus à de la nostalgie, mais une jolie nostalgie. De celles qui veulent dire "je suis vraiment contente d'avoir pu connaitre tout ça".  Je sais que quand il faudra raccompagner Tugce à la gare, ça sera loin d'être drôle. Tout comme on a moyennement ri quand on a commencé à trier nos affaires la semaine dernière. Quand je dirai au-revoir à mes derniers amis, je ne rirai pas non plus. Quand j'arriverai à l'aéroport, quand je monterai dans l'avion, je serai beaucoup moins surexcitée que d'habitude. Mais voilà, finalement, puisqu'il faut que ça arrive, puisqu'il faut bien que l'on se quitte, tous, autant que ça ne traine pas trop. Je suis réellement contente de pouvoir passer du temps chez moi, ça fait bien longtemps que je n'ai pas profité de ma maison, de Chambéry, que je n'ai pas été au lac. Et puis, ça fait près de 6 mois que j'ai été à Paris pour la dernière fois, je pense que c'est un record absolu dans ma vie, et je commence vraiment à sentir le manque. J'ai même, c'est vous dire, presque -"presque", seulement quand même- hâte de retrouver ma fac. C'était le contrat, on le savait : 10 mois. Ca donnait le vertige en septembre, maintenant, lorsque l'on se retourne et qu'on réalise le chemin parcouru, ça fait sourire. Sourire de bonheur d'avoir vécu tout ça, sourire de fierté d'avoir su être là au(x) bon(s) moment(s). Je crois, aussi, qu'on ne réalise pas trop. On s'était dit au revoir avant les vacances de Noël, on savait qu'on se retrouverait tous, on fait comme si c'était pareil. Sans doute que le contrecoup viendra au bout de quelques semaines, quand on comprendra que non, cette fois, on n'y retourne pas -pas dans l'immédiat en tout cas, ni pour les mêmes raisons-.

Bon, pour les détails techniques, je passe mon dernier examen le mercredi 2, et je pars le dimanche 6. J'atterris, normalement, à 17h10... en Suisse -c'est ça d'habiter près de la frontière-. Disons que, le temps d'être en retard, de récupérer mes trois -si j'en ajoute pas une 4e d'ici là- valises, de trouver mon père dans la foule, de rejoindre la voiture et de passer la frontière qui est somme toute très près, je devrais être en France sur les coups de 18h30. Et là, je sortirai ma carte SIM espagnole de mon Iphone, je remettrai ma française, je n'aurai plus de numéro en +34, ça sera fini l'exotisme. Je pense que je me gaverai de fromage et de viande, puis, dès le lendemain, j'irai chez le coiffeur car mes cheveux sont ravagés de tout ce soleil, de cette eau de mer, et de ces soirées passées à être lissés et laqués. Bon, c'est sans doute ridicule, mais les autres chevelures longues me comprendront : c'est symbolique, je voulais voir à quel point ils pourraient pousser en un an, c'est bon, j'ai vu, maintenant, il est temps de les rendre beaux et de clore pour de bon ce chapitre espagnol. Je ne pense pas réécrire d'articles d'ici là -en tout cas, je préfère ne pas m'y engager-. C'est dans moins de deux semaines, et d'ici là, je dois boucler mes derniers examens, ma valise, et retourner au Centre International, celui du bout du monde dont je vous avais parlé, il y a donc 10 mois, pour faire signer mon papier de fin de séjour. Le dernier restant dans mon dossier. Et, s'il me reste du temps avec tout ça, je m'en servirai pour me construire mes derniers souvenirs. Je reviendrai sans doute, une fois que je serai posée, ou bien juste avant de partir, faire le bilan définitif de cette expérience si particulière qu'est Erasmus, et mettre le point final à tout ça.

lundi 16 juin 2014

Andalucia...

J'aurais adoré vous trouver un titre super clinquant, ou super poétique, mais j'ai déjà bien trop réfléchi. Vous avez évité "Andalousie, je me souviens", soyez heureux! Bref. J'ai arrêté de trimballer mon appareil photo dans toute l'Espagne, pour profiter du mieux possible de Séville. Je vous avais déjà raconté mes excursions à Cadiz et à l'Alhambra de Grenade en début d'année, on continue donc -et on termine en l’occurrence- notre tour de l'Andalousie -de ce que j'en ai vu en tout cas, à mon grand regret, je n'aurais pas eu le temps de visiter les provinces de Huelva, de Jaen et d'Almeria. Si je me passe des deux premières, je suis vraiment déçue de ne pas avoir vu Almeria, où se trouve notamment un désert servant souvent de décor de superproductions hollywoodiennes qui ne peuvent pas aller tourner au Sahara. Et puis j'aurais aussi raté ce que l'on appelle "les villages blancs", entre la province de Cadiz et celle de Malaga, et notamment la, parait-il, sublime Ronda. J'aurais voulu voir ça. Mais on peut pas tout faire. Donc, on a quoi en magasin, aujourd'hui ?

Une carte d'abord, parce que je vous sens perdus!


Alors, d'abord l'Andalousie, c'est grand. Comptez bien 300km de la province de Huelva à celle d'Almeria.  Ce qui explique notamment que l'on n'ait pas forcément pris le temps de la parcourir en long, en large, et en travers. Sa superficie est par exemple égale à celle d'un pays comme l'Autriche. Je vais donc vous parler de Grenade, de Cordoue, de Malaga et de Gibraltar.  Enfin, je vais vous montrer, surtout, car les mots me manquent parce que 1) je ne suis pas inspirée pour le coup, 2) certains voyages commencent à dater, 3) comme on le dit, devant tant de beauté, parfois, une image vaut mieux que mille mots.

Grenade

Bon, je refais un détour par Grenade car j'y suis retournée (quand on aime, on ne compte pas...). En novembre, je n'avais vu que l'Alhambra, mais en février, j'ai pu visiter réellement la ville. Elle est très charmante, m'a fait penser à Séville pour ses petites ruelles, à la différence qu'à Grenade, elles sont bien pentues les vicieuses. C'est une ville très vivante, animée. Les paysages alentours sont sublimes, je pense notamment à la Sierra Nevada, chaine de montagne très enneigée lorsque je m'y suis rendue -et où accessoirement se trouve le point culminant de l'Espagne à 3.000 et des brouettes-. Et puis, il y a le mirador San Nicolas... Alors, bon, comment dire ? J'ai souvent été époustouflée cette année devant des paysages, mais émue comme ça, rarement. On y accède après avoir avalé par mal de dénivelé -c'est pas un trek, mais quand même, ça se mérite-, et lorsque l'on arrive, on se trouve juste en face de l’Alhambra sur lequel on a une vue juste parfaite.... Je n'ai pas spécialement visité de monuments ou autres, donc je n'ai pas grand chose à ajouter à mon précédent article, sur l'Alhambra. Mais voici quelques photos -pour celles de l'Alhambra, je vous laisse retrouver l'article datant de novembre, je n'en ai de toute façon quasiment pas prise la seconde fois, pour mieux profiter-.


L'Alhambra se détachant sur la Sierra Nevada





Et HOP on inverse : Grenade et le mirador depuis l'Alhambra

Cordoue

Je voulais aller à Cordoue depuis mon arrivée en Espagne. Mais c'est normal, tout le monde veut aller à Cordoue, cette ville est un miracle. Plus encore que dans le reste de l'Andalousie, l'héritage musulman y est très présent, notamment car elle était la capitale de l'Espagne musulmane. On s'y sent vraiment comme dans un autre monde -bon d'accord, c'est la phrase que j'ai lue dans mon guide, en plus mal formulée...-. Des petites ruelles, extrêmement fleuries, des patios à ne plus savoir où regarder, et au milieu de ce labyrinthe, l'Alcazar -le palais des rois catholiques, construit au XIVe siècle, et servant par la suite comme siège de l'Inquisition-, et surtout, la Mosquée, chef d'oeuvre du genre, et curiosité historique puisqu'elle illustre à elle seule le double héritage andalou : elle est aujourd'hui, officiellement, une cathédrale mais, heureusement, les chrétiens n'ont jamais réussi à éradiquer les traces musulmanes, qui dominent largement l'ensemble..Il n'y a donc pas à s'étonner de voir des crucifix accrochés à proximité du mirhab...

Cordoue depuis l'Alcazar

Alcazar

Mosquée-Cathédrale





Pont Romain

Malaga

Pas de quoi être décue, puisque je le savais, mais ça n'est clairement pas pour son patrimoine que l'on se rend à Malaga. Le théâtre romain et l'Alcazaba -la Citadelle- valent réellement le détour, mais en général, la ville est surtout le point de passage de tous les touristes se rendant sur la Costa del Sol. L'aéroport de Malaga est d'ailleurs le plus fréquenté d'Espagne après ceux de Madrid et Barcelone. La ville est située en bordure de Méditerranée, mais pour la plage, on repassera : la Malagueta - plage locale - est située au bord d'une immense avenue, c'est moyennement glamour. J'y ai quand même fait un passage juste histoire de dire que j'avais été à la plage début avril. Alors pour rendre à Malaga ce qui est à Malaga, précisions quand même qu'elle abrite depuis peu le musée Picasso -puisqu'il est né ici, tout comme Antonio Banderas dans un autre genre-, et que ce musée est une vraie réussite -malheureusement, les photos y étaient, comme souvent en Espagne, interdites-.

Théâtre romain

Alcazaba



Malaga depuis l'Alcazaba

Bon, histoire de...

Gibraltar

J'étais en fait partie tout le week-end en voiture de location, folie folie! Mais ma première journée s'est résumée à manger sur la plage puis à aller à Jerez de la Frontera voir une corrida. La Féria s'y déroulait, je pensais en profiter un peu, mais j'avais été lâchement abandonnée par mes copines qui n'avaient pas envie de refaire un crochet là bas, donc j'ai tranquillement attendu que le matador beau gosse tue ses taureaux, et je suis repartie. Le lendemain, on est donc allées à Gibraltar et là, c'était marrant. D'abord, parce que la ville de Gibraltar, bien que située dans la province de Cadiz, est une possession anglaise : on y parle anglais, on y paye en livres, et on y mange du fish&chips (si on a les moyens parce qu'ils s'embêtent pas...). Pour l'anecdote, le temps y est anglais aussi puisqu'on s'y est pris de sacrés averses, alors qu'à peine la frontière repassée, il y avait un grand soleil, au bout d'un moment, ça ne peut pas être du au hasard!!!! Bon, pour l'histoire, le détroit de Gibraltar ne se trouve pas exactement à Gibraltar, mais l'Afrique y est tout de même très près, et on a pu distinguer les côtes africaines du haut de notre rocher, malgré le temps couvert. Autre subtilité du lieu : quand vous entrez dans Gibraltar, il vous faut traverser les pistes de l'aéroport à pied... vu la petite superficie du lieu, ils ont casé leur affaire comme ils pouvaient, et donc, il n'y a pas d'autre choix que de passer directement par la piste pour rejoindre le centre ville. Centre qui ne présente d'ailleurs pas d'autre intérêt que celui d'abriter un Mark&Spencer et des tas de boutiques où se vendent de l'alcool et des cigarettes pour trois fois rien. Le réel intéret de Gibraltar reste son énorme rocher, sur lequel on peut grimper -en télephérique, inconscients!-, notamment pour aller saluer les nombreux singes qui le peuplent -je sais toujours pas ce qu'ils foutent là d'ailleurs-. Alors, mise au point : LES SINGES C'EST PAS SYMPA. Voila, on s'est tous fait attaquer par ces horreurs. Plus jamais de ma vie, je veux voir des singes. -Cela dit, c'est très marrant à observer, on comprend tout ce qu'ils ont en commun avec les Hommes, c'est....perturbant-.




Ca en jette ou pas ??

Là c'est la Méditerranée (ou l'Atlantique)

Là, c'est l'Atlantique (ou la Méditerranée)

Et pour finir...

- Il fait TRES chaud. Je sais, je vous ai déjà dit ça, mais je savais pas qu'il pouvait faire encore plus chaud. 48° dehors, 35° dans ma chambre. Vous avez bien lu. Autant dire que je me suis sentie très bien aujourd'hui, car il ne faisait "que"... 36. A la question "mais comment vous faites pour dormir ?" la réponse est "on ne peut pas dormir".
- La saison des adieux a commencé. Les premiers Erasmus partent cette semaine. Il me reste 20 jours, que je vais passer à étudier pour les 16 premiers, puis a profiter de tout ce que Séville implique pour les 4 derniers. C'est triste, mais n'épiloguons pas là dessus... ça ne sert à rien. De toute façon, le climat me donne envie de rentrer en France, pour le coup.
- J'avais un autre truc à raconter, mais j'ai oublié quoi. Tant pis.

lundi 2 juin 2014

Le roi abdique, vive le roi!


En vrai, dans la vie, quand je suis bien réveillée, que j'ai la foi, que mon réveil fonctionne et qu'il ne pleut pas, j'étudie l'histoire. Accessoirement, en venant à Séville, j'ai décidé de me spécialiser en histoire de l'Espagne Contemporaine (des XIXe et XXe siècles). Donc, autant dire que la nouvelle tombée ce matin me parle directement. J'étais pressée car, comme toujours et encore plus depuis que je vis ici, en retard, quand l'alerte sur mon téléphone m'a prévenue d'un simple "le roi d'Espagne Juan Carlos I a décidé d'abdiquer", tellement pressée que j'ai juste pensé "ah ok". Mais, rapidement, j'ai réalisé que
- J'allais voir un couronnement à la télé (oui, pardon hein...)
- J'étais en train de vivre l'histoire en direct, et en tant qu'étudiante en histoire, ça me fout sacrément la chair de poule. 
Mais bon, on discute, mais à part ça, concrètement...

C'est lui. Coucou !


Concrètement, pourquoi il abdique ?


Juan Carlos va bientôt taper dans les 80 ans, on peut imaginer qu'il commence à en avoir ras la cravate d'aller signer des contrats en Arabie Saoudite et de devoir se taper la messe de Pâques à Palma de Majorque. En plus, monsieur ne pète pas la super forme : il a depuis peu enchainé les opérations, à la hanche, et, là dessus, il a été victime d'une belle hernie. Roi depuis le 22 novembre 1975 (oui, j'ai bien écouté en cours, j'ai même pas eu besoin de wikipédier l'info), il était donc dans sa 39e année de règne, moi, perso, je me lasse de la moindre activité au bout de 4 mois... Et puis, disons le, en Espagne, c'est pas la mega fiesta. Le pays est plongé dans une crise terrible depuis 2007, dont il ne semble pas pouvoir sortir pour l'instant. Le taux de chômage atteint des records bien tristes, les chantiers sont laissés à l'abandon... Bref, on s'amuse bien au Fun club le vendredi entre 2 et 6h du mat', mais à part ça, l'ambiance est morose. Ajoutez à cela que les deux partis principaux, à savoir le PP (équivalent de l'UMP, actuellement au pouvoir) et le PSOE (le parti socialiste espagnol) se sont pris une sacré rouste aux élections européennes. Bref. On l'imagine un peu lassé le Jean-Charles (c'est pas moi, c'est la traduction littérale...). Donc sa majesté a décidé d'aller se reposer un peu et de laisser la place à la nouvelle génération.

Concrètement, il a fait quoi de bien/mal ce roi ?


Bon. C'est pas l'amour fou ces derniers temps. La famille royale est plongée dans de bien fâcheuses affaires de corruption (c'est pas les seuls entre nous!!), le gendre du roi étant accusé d'avoir détourné, avec la complicité de l'Infante Cristina, fille du couple royal, un sacré pactole. Ca la fout un peu mal. De son côté, les espagnols reprochent au roi ses fastueux voyages, notamment en Afrique, où monsieur s'est récemment adonné à un passe temps bien douteux : la chasse à l'élephant. 

J'imagine que vous avez déjà vu cette photo. C'est pas glorieux, quoi.





On lui reproche également ses relations extra-conjugales, mais bon, c'est hélas un détail je crois dans ce genre de milieux ; d'autant plus que Juan Carlos est un Bourbon, descendant direct de Louis XIV et Louis XV, nos chauds lapins nationaux. Bref, c'est pas un modèle ce roi. Cependant, il faut tout de même lui reconnaitre certains faits plus glorieux. Tout d'abord, rappeler qu'il est arrivé sur le trône, nommé par Franco lui même comme son descendant, et couronné suite à la mort de ce dernier en 1975, donc. Si on a tendance à voir la guerre civile espagnole et la dictature franquiste comme des périodes désormais lointaines (c'est so XXe siècle!), Juan Carlos est, à ce jour, le premier et dernier souverain de la démocratie espagnole. Ca calme. Or, il faut reconnaitre qu'il est parvenu à sortir l'Espagne de la dictature et à la conduire vers la démocratie sans heurts. La transition s'est exercée comme un modèle du type, et si le roi n'a pas été jusqu'à clamer son amour de la République (on n'a pas dit ça, quand même), il faut lui reconnaitre cet "exploit", qu'il partage avec Suarez, alors chef du gouvernement.. Par ailleurs, en parvenant à s'entendre avec de nombreux chefs d'état étrangers, et surtout européens, il a assuré à l'Espagne. le maintien de bonnes relations avec de nombreux autres pays. Clairement, Suarez étant décédé en mars dernier, et le roi n'étant désormais plus, c'est une immense page de l'histoire espagnole qui s'achève en cette année 2014.

Concrètement, qui va régner maintenant ?


Ah, on sent le coup de frais là!


Felipe Juan Pablo Alfonso de Todos los Santos de Borbón y Grecia, fils cadet de Juan Carlos et de la reine Sofia de Grèce, 46 ans. Il est le petit dernier de la famille, mais si la loi espagnole autorise les femmes à régner, elle octroie tout de même la priorité à ces messieurs (c'est moche! quand on sait que même l'Angleterre a modifié tout ça -pour pas grand chose vu que le petit George n'est visiblement pas une fille, mais saluons l'effort-). Préparé à son destin depuis sa naissance (on dirait du Disney), le prince a été formé dans les meilleures écoles d'Espagne et des Etats-Unis. Il maitrise parfaitement l'espagnol (encore heureux!), l'anglais et le français (langue que se doit de parler la famille royale comme en hommage à ses origines). Il ne traine pas de casseroles particulières, contrairement à sa soeur, donc, et après avoir mené mon enquête auprès des espagnols (jai posé la question à un pote entre deux bières, quoi), il jouit plutôt d'une bonne image, même si on attend surtout de voir ce qu'il va faire maintenant. Felipe montera sur le trône sous le nom de Felipe VI. Il est marié à Letizia Ortiz Rocasolano. Alors, ça, ça a été toute une histoire!

Elle a la classe, Letizia!

Je connais bien leur petite histoire parce que j'ai regardé un film sur eux un soir où j'avais un examen à réviser AHAH. Et aussi parce que je suis une lectrice assidue de Gala en France et de Hola en Espagne (excusez moi, hein!). Letizia était, dans sa jeune jeunesse, mariée à l'un de ses anciens profs (limite glauque hein!), et journaliste, présentatrice vedette du journal télévisé peu avant sa rencontre avec Monsieur le Prince. Ca a été un peu comme si Claire Chazal tombait amoureuse de François Hollande (j'essaye de simplifier la chose). Entre temps, elle avait divorcé, mais quand même, ça a fait un peu tâche. Finalement, les deux se sont fiancés, elle a quitté TVE, la chaine nationale, et a épousé le prince en grande pompe en mai 2004 (même que je me rappelle que j'avais regardé à la télé et que j'avais trouvé sa robe moche). Ils ont depuis eu deux filles : Leonor, née en octobre 2005, et Sofia, née en avril 2007. L'ancienne journaliste va donc être couronnée reine consort d'Espagne et Leonor devient l'héritière du trône, n'ayant pas eu de frère pour lui griller la place, à seulement 8 ans.

Sont trop choux!! Sofia à gauche, Leonor à droite.

Concrètement, maintenant, il va se passer quoi ?


Les républicains aimeraient qu'il se passe pas mal de choses. Depuis ce matin, les rues d'Espagne sont envahies par les nombreux espagnols désirant un referendum pour approuver, ou non, un tel changement. Ils espèrent pouvoir profiter de l'abdication du roi pour mettre fin au régime monarchique. Honnêtement, le pouvoir du monarque espagnol est ridicule, il ne sert grosso-modo qu'à la représentation (et coute cher!). En gros, il me semble que l'instauration de la IIIe République (elles ont été brèves, mais il y a déjà eu deux républiques en Espagne, une au XIXe siècle, et l'autre juste avant la guerre civile dans les années 30) ne changerait strictement rien à la vie quotidienne des espagnols. Pour le principe, je peux comprendre qu'ils exigent un référendum, qu'ils n'obtiendront cependant certainement pas. Ce qu'il se passe, cependant, c'est qu'aucune loi, dans la Constitution espagnole, n'évoque la possibilité de l'abdication du roi. Il faut donc créer et approuver cette loi (ce qui aurait pu en effet être le sujet d'un referendum selon les espagnols de manière plus générale). Cela devrait être fait, en réalité, dans les prochaines semaines. A ce moment, et seulement à ce moment, Felipe pourra être proclamé roi d'Espagne. Et moi, je pourrai voir le couronnement à la télé (à moins que je ne sois invitée, c'est en discussions, vous pensez bien ahah!).