2 articles en une semaine... Il va neiger à Séville si je continue comme ça (ce qui serait une première depuis le Paléolithique moyen). Mais depuis que j'ai écrit que j'allais faire un article sur la cuisine locale, ça me fait frétiller les papilles. Du coup, j'ai réuni mon comité de rédaction composé de moi-même pour me lancer dans ce chantier de grande envergure. Car, on ne plaisante pas avec la cuisine. Surtout quand on est française. Et surtout en Espagne. Donc, une française en Espagne, je ne vous raconte pas l'importance que prend le sujet. Alors, petit test : si je vous dis "spécialité locale", je suis sure, que dans la seconde, vous me sortez le trio incontournable : paëlla-tortilla-sangria.
Alors, oui, bien sur, vous avez raison. Ce sont les classiques. Sauf que c'est comme arriver à Marseille et demander une bonne tranche de pain aux rillettes "parce que c'est local". Vous en trouverez. Mais ils se foutront bien de vous. Mon petit trio PTS, il est espagnol, mais pas de toute l'Espagne, et surtout pas de Séville. Mais c'est pas grave, va, je vous raconte quand même.
La tortilla de patatas
Alors, attention, très attention, mucho attention, s'il vous plait !! En Espagne, on peut se contenter de dire "tortilla", mais dans le langage commun, on précise "de patatas" parce qu'en vrai, une tortilla, c'est les galettes de maïs qu'on utilise quand on veut se faire un plateau-télé mexicain (et accessoirement, base de l'alimentation quotidienne de mon coloc). Rien à voir. Alors, la tortilla de patatas, c'est donc l'équivalent d'une omelette, sauf que comme son nom l'indique, on la bourre de pommes de terre, et on n'hésite pas non plus à mettre la dose d'oignons. Parfois, on ajoute du jambon. Elle est bien plus épaisse, du coup, qu'une simple omelette. En générale, elle ruisselle de gras (MIAM MIAM), on la coupe en petites parts individuelles, et là, il se peut que les choses prennent un tournant inattendu puisque ces gens là adorent bourrer leur part dans une tranche de pain -évidemment, mauvaise-, pour se faire un sandwich à la tortilla. Ce concept m'échappe un peu. A noter qu'on peut très bien faire une tortilla sans patates, dans ce cas, on ne l'appelle évidemment pas "tortilla de patatas" mais... "tortilla francesa". Ben oui.
La Paëlla
Exemple typique du plat qu'on croit que c'est méga espagnol, et qu'on va pouvoir en profiter de Saint-Jacques de Compostelle à Grenade en passant par Tolède. Non. Enfin si, maintenant, dans les restaurants touristiques, ça s'appelle la mondialisation. Mais la paëlla, ça vient de Valence, et basta (Valence en Espagne, hein, je ne doute pas du potentiel culinaire de la Drome, mais bon...). Elle se compose de riz jaune, dont la couleur est obtenue grâce à l'utilisation d'un colorant de safran. Ensuite, on y ajoute toutes sortes de truc : de la viande, des légumes et quelques fruits de mer. On presse un citron sur le tout, et c'est prêêêêttt !!! (J'imagine que c'est en fait un peu plus compliqué que ça, mais je n'ai jamais tenté).
La Sangria
Incitation à la débauche. Bon, c'est tout bête, vous versez des litres de vin rouge, vous balancez des fruits, des agrumes, surtout, mais un peu de tout ce que vous avez sous la main, vous attendez un peu, mais pas trop longtemps, vous rajoutez encore un peu d'alcool, vous mettez une paille et vous buvez jusqu'à plus soif. C'est tout bête, c'est tout bon, ça rend la vie belle.
Mais à part ça, en Andalousie, on mange plein d'autres choses aussi bonnes, voire meilleures. Le best, le number one, c'est...
Le salmorejo
Puf, j'en ai le ventre qui gargouille. Le salmorejo vient de Cordoue (ironie de l'histoire, c'est là bas que j'ai mangé le plus mauvais, mais c'était uniquement du à la grande abondance de sel, car la texture était juste parfaite). Il s'agit, en gros, pour vous simplifier l'histoire, d'un gazpacho épais, épaisseur obtenue par de la mie de pain. Il faut donc la mixer avec de la tomate, de l'huile d'olive, éventuellement du vinaigre, de l'ail, bref, faire un assaisonnement quoi.On y ajoute sur le dessus des petits morceaux de jambon serrano (on y revient), d'oeufs durs, et parfois des miettes de thon (ça, c'est pour le meilleur que j'ai mangé). C'est un peu quitte ou double, et croyez moi, je suis devenu experte ès salmorejo, je le teste dès que j'entre dans un nouveau restaurant. Tout dépend de la texture, il faut qu'il soit bien crémeux et velouté. L'assaisonnement peut être plus ou moins réussi. Quoi qu'il en soit, ça cale bien! Et c'est bon!
Le Jambon Serrano
Bon, bah c'est du jambon, quoi. Il se mange dans toute l'Espagne, mais il est principalement produit en Andalousie. A distinguer du jambon ibérique, qui provient du porc ibérique (ils se foulent pas sur les appellations...), le jambon serrano est produit à partir de porc blanc. C'est une institution ici. Impossible d'aller au supermarché sans se coltiner l'allée de jambons suspendus. J'ai donc pris l'habitude d'acheter mon fromage en bloquant ma respiration (les deux rayons sont en face, et je suis désolée, mais l'odeur, c'est pas possible). Ca coute une fortune, en général, ça fait office de lot de tombola.
Aceite de oliva et Aceitunas
On arrête de plaisanter, sujet sérieux : les olives, et l'huile qui en est issu. Vous savez tous ce que c'est, donc on passe rapidement (j'ai l'impression d'être prof, parfois...). Ca n'est pas un plat, ça n'est même plus une institution, c'est une RELIGION. Les olives sont très fréquemment servies gratos au resto avec l'apéro. Quant à l'huile, comment vous dire ? Il y en a partout, dans chaque plat, même quand vous ne le soupçonnez pas, l'huile d'olive est là. C'est un peu le concours à celui qui videra sa bouteille d'huile d'olive le plus rapidement possible...
Le Tinto de Verano
C'est mon autre dieu (je suis polythéiste, c'est pour ça). Techniquement, ça veut dire "vin d'été", mais chez moi, ça veut dire "vin de toute l'année" ou bien simplement "eau". Ca se boit comme tel, c'est un piège. J'ai découvert ça une semaine après mon arrivée environ (et c'est déjà bien tard), après justement avoir demandé un sangria à un serveur qui m'a ri au nez en me répondant "je t'amène un tinto de verano". OK. Car, dans les faits, on peut considérer ça comme une sorte de sangria pétillante, en vérité, il y a quelques différences. Le tinto se traduit par "vin rouge" (et donc, en toute logique, "vin rouge" se dit "tinto", arrêtez donc tous avec vos "vino rojo"). On remplit donc le verre à moitié de vin rouge, et on complète par une boisson pétillante type Fanta Citron, Limonade ou Fanta Orange, le tout, sur un gratte-ciel de glaçons. Une petite rondelle de citron et c'est parti. C'est tellement répandu qu'il en existe du tout prêt ici, mais rien ne vaut celui préparé devant vous. C'est une boisson miracle, celle qui m'a fait aimer le vin rouge, celle qui a fait aimer l'alcool à ceux qui ne l'aimaient pas. Et ça doit pas être bien sorcier à reproduire, essayez donc!
Vamos de tapas!
Tout ce dont j'ai parlé ici peuvent se manger sous la forme de tapas, en Espagne, tout est un tapas, il y a toujours une bonne raison de sortir manger des tapas, parce que c'est la vie tout simplement. Il y en a à foison, donc, je vais me contenter de réciter ceux que je connais, et que j'aime.
- Le Solomillo : c'est une pièce de viande, le filet je crois, qui se consomme avec toutes sortes d'assaisonnements : au salmorejo, au roquefort, aux amandes, au whisky et j'en passe.
- Les Berenjenas : ce sont les aubergines, qui sont en général cuisinées frites, arrosées de salmorejo (décidemment), ou de miel.
- Pimientos Aliñados : les poivrons marinés, rien d'original, mais tellement bons.
- Las Croquetas : ce sont des croquettes panées, à la préparation classique, que l'on garnit, le plus souvent, de champignons, de jambon, d'épinards ou de crevettes.
- Ensalada de Gambas : c'est une salade de crevettes, tout ce qu'il y a de plus banal, mais, quand je mange celle de la Casa Paco (ah, la Casa Paco de l'Alameda...), je meurs de bonheur, voilà.
- Las Papas : ce sont des pommes de terres, accompagnées soit de Sauce Brava (ça pique!!) soit de sauve Ali-Oli.
- El Queso de Oveja : il s'agit de fromage de brebis, c'est l'un des plus répandus, c'est très fort en gout, mais drôlement bon. De toute façon, face au manque de reblochon, je prends tout ce qu'on me donne.
Voilà, j'en ai sans doute oublié des dizaines, mais c'est juste impossible de faire une liste exhaustive. Maintenant, j'ai sacrément faim, c'est malin. Heureusement, il est 14h, c'est (pas tout à fait mais bientôt) l'heure de manger. Buen Provecho!! (et non pas "Buen Apetito", cette langue comporte quelques pièges).
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