samedi 29 mars 2014

J-100 (ou à peine plus, ou à peine moins)

Ceci est le compte à rebours avant mon retour en France. Pas le retour pour les vacances, celui qui te fait drôlement plaisir parce que tu vas voir tes proches et manger une vraie baguette (si vous saviez le bout de pain dégueulasse qu'on ma servi aujourd'hui...). Je parle du retour avec un grand R et 55 kilos de bagage à trainer. De celui qui veut dire que c'est fini de manger du salmorejo à tout-va (faudrait que je fasse un article "cuisine", tiens!), fini l'odeur de fleur d'oranger, fini l'air de guitare dans la rue, fini d'habiter à Séville. Alors, bien sur, on n'en est pas là, 100 jours, c'est long, on peut faire un sacret montón de choses géniales ! Mais, bon quand même... ce retour, tous, inévitablement, on commence à l'envisager. Et plus on y pense, plus on le redoute. On répète, inlassablement, "ça passe trop vite", mais c'est tellement vrai. J'ai l'impression d'être rentrée de mes vacances de Noël hier. Mais ça fait presque 3 mois, soit autant de temps qu'au premier semestre avant de rentrer en France. A l'époque, même si je n'ai jamais (et heureusement) réellement senti le mal du pays, ça m'avait tout de même semblé plus long. Je revois cette amie prendre, devant moi, ses billets pour venir me voir en avril, en me disant qu'elle n'était pas prête d'arriver. Elle arrive vendredi prochain. Dans ma tête, nous sommes encore fin janvier, début février, à la rigueur. D'où mon étonnement quand j'ai croisé un panneau dans la ville, m'affirmant qu'il faisait 32°. Déjà, on arrive à la moitié du second semestre. L'autre jour, pour la première fois, on s'est demandé quand est ce que l'on allait rentrer. On ne voulait pas y penser avant, mais pourtant, pour éviter les tarifs hallucinants, c'est qu'il ne va pas falloir tarder à l'acheter ce billet d'avion... A nouveau, il faudra cocher "aller simple", et cette fois, le sentiment majeur ne sera pas cette adrénaline stimulante. C'est pas tant qu'on veut pas retrouver ce (ceux) qu'on a laissé en France... c'est ce que ça implique, le problème. Parce que vivre à Séville, c'est incroyable. Et vous savez pourquoi ? Parce que

Séville est incroyable.


Je me souviens de mes premières impressions en arrivant ici. Le trajet à pied que j'ai fait dès le premier jour, je l'ai refait, depuis, dans ma tête, des dizaines de fois. Je regardais les rues, je tentais de les apprivoiser, de faire comme si, moi aussi, j'étais d'ici, en m'arrangeant pour que personne ne me voie regarder mon plan, le moins souvent possible. Ces rues dans lesquelles je passe si régulièrement maintenant, et évidemment, sans plan. Mieux, parfois, on me demande des renseignements, et je sais répondre aux gens :"Le bus pour Nervion ? Prenez le C2, ça ira plus vite". Cette ligne C à laquelle je ne comprenais rien... A l’arrêt de bus, justement, il y a quelques jours, un monsieur qui voulait un renseignement m'a d'abord demandé si j'étais d'ici. Avant, lorsque cela arrivait, je répondais un "plus ou moins" ou un "ça dépend" un peu énigmatique. J'ai pris le risque de répondre "oui". Oui, je suis d'ici. Oui, j'habite à Séville et oui, je peux vous renseigner. J'ai appris à aimer les rares choses qui m'énervaient ici. Le cui-cui des passages piétons : en fait, ça ne gêne que moi, et c'est fou ce que traverser la rue me paraitra terne en France. Les rues dont le nom n'est pas indiqué : on n'a qu'à y flâner, de toute façon, on se retrouvera, c'est pas grand. Les piétons qui squattent la piste cyclable : ah non, ça, je supporte toujours pas. Et l'accent andalou. Mon dieu! (pour être polie!). Cet accent. Je le détestais. Il remettait tout en cause, moi qui pensais me débrouiller en espagnol, j'avais bien du accepter le fait que je ne comprenais rien. Non seulement je m'y suis adaptée, mais en plus, il déteint sur moi. A Madrid, en 3jours, plusieurs fois on 'ma demandé où j'avais appris l'espagnol. Je ne dis pas "Gracias" mais "gracia", je ne dis pas "vamos" mais "vamo" et je ne suis pas en Erasmus, je suis en Eramu, à la "faculta" d'histoire, et surtout pas à la "facultad". J'adore cet accent. Et puis, j'adore Séville.

La devise de Séville, littéralement, est "No me ha dejado", qu'on traduit par "Elle ne m'a pas laissé", sous entendu, "elle ne m'a pas laissé tomber". Ca a un sens historique bien sur, mais bon, vous pensez quand même pas que je le connais suffisamment bien pour vous renseigner, c'est pas comme si j'étudiais l'histoire (en réalité, c'est lié à une conquête, mais je ne sais plus si ça concerne la conquête arabe ou catholique, donc nous voila bien avancés). Moi, je n'en retiens que le sens qui me parle. Séville ne m'a jamais laissée tomber, elle a tenu toutes ses promesses. L'autre soir, un espagnol nous a demandé à une amie anglaise et à moi, "mais vous aimez vraiment Séville à ce point ?", il avait l'air étonné. Ben. Oui. Et dans 2 minutes, et quelques photos, vous aurez compris pourquoi...













Et tant d'autres...
Bon, bref, cet hommage passé, je vais dormir. Comme tous les soirs, j'avais sagement calculé l'heure à laquelle je devais me coucher pour dormir 8h (un samedi soir, quoi...), sauf que je l'ai largement dépassé, et que je me suis rendue compte depuis qu'il y avait ce changement d'heure de motherf****. Demain, j'ai RDV avec la dernière merveille qui manque à mon palmarès : Cordoue. Bisous bisous.

OH, et by the way : quand je dis que ça sent la fleur d'oranger, c'est genre, vraiment, partout, même devant mon immeuble. Franchement, comme vous voulez me faire revenir en France avec ça ?


lundi 17 mars 2014

"Celui qui n'a pas vu Lisbonne n'a rien vu de beau". Proverbe portugais

Me revoilà !! Vous m'excuserez mais les jours filent à toute vitesse ; pour tout vous dire, le temps passe tellement rapidement que j'en ai gardé mes lentilles de contact mensuelles près de 6 semaines... Je consacre quelques unes de mes journées à aller en cours (et ouais!!!) et à tenter de rebosser mon mémoire un peu plus sérieusement, et le reste de mon temps à profiter du soleil (je sais qu'en France, vous n'êtes pas à plaindre et c'est pas maintenant que je vous rendrai jaloux, mais j'ai quand même pic-niqué pieds nus la semaine dernière !), à profiter tout court, et à voyager. Depuis la fin de mes examens, je suis retournée à Grenade en famille, cette fois pour visiter également le centre ville. J'ai beaucoup aimé, cette ville a clairement du charme, même si elle ne vaut pas Séville. Je suis allée à Cadiz (je sais qu'en français, on dit "Cadix", mais alors, autant je peux m'adapter pour les autres villes, autant, là, c'est trop moche...), également pour la deuxième fois, à l'occasion du Carnaval. Rien de spécial à raconter, on dira que le but de l'expédition n'était pas vraiment touristique. En tout cas, c'est le genre de fête à faire une fois dans sa vie, il faut voir ces rues pleines de déguisements et de perruques (ouais, même moi....). Le week-end suivant, je suis, enfin, allée à Madrid. J'en reparlerai plus tard étant donné que j'y retourne en mai (je fais tout en double moi!), autant faire un seul récap. Je dirais quand même que j'étais surexcitée à l'idée d'enfin découvrir cette ville, et surtout ses musées (l'Ecole du Louve m'a marquée au fer rouge...), mais que dans l'ensemble, je n'ai pas été spécialement emballée. C'est sympa, vivant, mais c'est une capitale, avec ses bouchons, ses métros, ses starbucks alignés (bon, ça c'est bien). Avant de choisir Séville, je voulais aller passer mon année à Madrid, et je ne regrette définitivement pas mon choix : on peut passer quelques jours très sympas à Madrid, mais on ne s'y installe pas pour respirer...

Et puis, ce week end (oui, celui qui vient juste de se finir, autant vous dire que je suis au taquet du blog), j'ai été à Lisbonne. Et ça, pour le coup, je ne vais pas m'en remettre tout de suite. Vous avez vu ce beau proverbe portugais ? Pendant des années, je vous aurais affirmé, très sure de moi, que l'on n'avait rien vu de beau tant que l'on n'avait pas vu Paris. J'ai appris à Séville que les choses étaient plus compliquées que ça. Et puis, Lisbonne. Capitale du Portugal, pays assez petit, parfois injustement confondu avec l'Espagne. Capitale la plus à l'ouest de l'Europe, située très près de l'Océan Atlantique et bordée par le Tage (qui se jette dans le dit-océan). Je suis partie avec ESN, l'association Erasmus par excellence -il en existe des tas, mais ESN est implantée dans toutes les villes universitaires de tous les pays bénéficiant d'Erasmus, et est officiellement reconnue par les facs-, pour plusieurs raisons :
- c'était pas cher : 100€ pour 3j, tout compris
- c'était déjà tout organisé
- c'était un moyen de découvrir une autre ville en découvrant d'autres gens, puisque l'on partait à 50.
Au final, un très bon compromis donc, avec des visites guidées la journée, la possibilité de sortir, comme de dormir (mais ça, c'est vraiment pour les moins drôles) le soir et une ambiance assurée, le tout sous un soleil de plomb (pas le soir, ça va de soi!).

Bon, on blablate depuis 2 paragraphes, mais concrètement, on dit quoi ?
- Point historique (autant le dire maintenant pour ne pas le répéter mille fois ensuite) : Lisbonne a été victime en 1755 d'un tremblement de terre qui a détruit une grande partie de la ville, qui a donc ensuite été reconstruite selon de nouvelles normes architecturales, et ça se voit!
- Point "c'est bien de le savoir avant" : Lisbonne est surnommée la ville aux 7 collines, et ça n'est pas pour rien. Ca monte, ça descend, ca remonte, et ça redescend. Je remercie mon éclair de génie à 10 minutes du départ qui m'a fait mettre des ballerines dans mon sac.
- Point "c'est évident mais rappelons-le quand même" : Lisbonne est au Portugal, et au Portugal, on parle portugais, ce qui ne nous a pas empêchés, à nous, jeunes apprentis espagnols, d'entrer dans une supérette d'aire d'autoroute à 50 en hurlant "Hola!! Gracias, Adios"... Donc, en portugais, on dit "Buom Dia" pour "Bonjour" et Obrigado" pour "Merci", sachez-le.
- Point géographie : Lisbonne est située à environ 450 km de Seville, pour y aller en bus, il faut donc environ mille ans 6h.

OUAH c'est beau ce que je fais !!

Le départ était donc donné vendredi matin, tôt, très très très tôt (à 8h!!), depuis Séville. On a été conduits jusqu'au Portugal par le chauffeur le plus sympa du monde, Enrique (#Lesaviezvous ? Enrique est la traduction d'Henri. En Espagne, le prince Harry (ça marche aussi) s'appelle donc El Principe Enrique, c'est tout de suite plus exotique. Par contre, Enrique Iglesias s'appelle donc Henri Iglesias, c'est tout de suite plus moche). Enrique nous a donc laissé mettre une ambiance mémorable dans le bus ! L'entrée dans Lisbonne se fait par le Pont du 25 avril, connu pour permettre le passage des voitures comme des trains (pas au même niveau, ils sont pas idiots) et dominé par l'immense statue du Christ Roi (réplique quasi exacte de sa grande soeur de Rio de Janeiro -le Brésil étant une ancienne colonie portugaise, rappelons les bases quand même-). Mais on s'est pas arrêté là, puisque nous avons d'abord visité Sintra, située à une vingtaine de kilomètres de Lisbonne. Après une petite balade dans la ville, on est montés au Palais de la Regaleira (il y en a énormément à Sintra mais fallait faire un choix...), surtout impressionnant par son immense jardin où se cachent des grottes bien sombres et humides (COUCOU les ballerines ahahah....). 

Vue de Sintra

Le palais de la Regaleira

Ca mouille mais c'est joli






Ensuite, on a repris la discomobile le bus pour aller admirer le coucher de soleil (l'Erasmus est un grand romantique) à Cabo da Roca, alias l'endroit le plus beau du monde. Enrique nous a fait quelques frayeurs en prenant les virages comme un fou d'espagnol qu'il est, mais on est arrivé sains et saufs! Cabo da Roca a pour particularité d'être le point le plus à l'ouest de toute l'Europe. Autrement dit, si un américain regardait par sa fenêtre à ce moment-là, il pouvait me voir, et ça lui donnait immédiatement l'envie de se lancer dans une traversée de l'Atlantique à la nage. On a donc passé 2.12 minutes à dire "ouah c'est beau..." (ou plutôt "Miraaaaaa!! Que chulo!!!!") et 28 minutes à se prendre en photo. 



Finalement, on a rejoint Lisbonne et notre auberge de jeunesse, qui était juste géniale! On avait une immense terrasse nous offrant une très belle vue, et des Mac a disposition (ça n'a rien à voir, mais c'est le même niveau de cool). Le soir, on est ressortis dans Lisbonne, où la vie nocturne n'a rien à envier à celle de l'Espagne.

Samedi, on a marché. Beaucoup. Comme je le disais, Lisbonne est presque entièrement en pentes, un système de petits tramways est mis en place, mais nous, on est des jeunes robustes, on a pas besoin de ça... On s'est donc promenés dans le centre ville, jusqu'à la Place du Commerce (c'est un peu le spot touristique), puis nous sommes montés (lentement, en s'arrêtant pour prendre des photos à tous les coins de rue tellement c'est joli), en passant par le Panthéon national, jusqu'au Castelo Sao Jorge, chateau surplombant la ville. Là, on a mangé une glace (c'est pas sympa de dire que vous vous en foutez). Puis nous sommes redescendus en s'arrêtant à la Cathédrale, située dans le quartier de l'Alfama, l'un des quartiers les plus anciens de Lisbonne, étant l'un des seuls ayant survécu au fameux tremblement de terre. Le soir, on a eu droit à un repas typique dans un restaurant (compris dans les 100€ !!), avec bière et sangria (et eau!) à volonté (compris aussi !!). Ensuite, indigne d'Erasmus, je n'ai été bonne qu'a rentrer dormir, comme de nombreux autres, aussi faibles que moi !



La place du Commerce très mal prise en photo

Le panthéon

La Cathédrale



Vue depuis le Castelo avec la Place du Commerce bordée par le Tage



Vue depuis l'auberge


Enfin, dimanche, on a retrouvé notre ami Enrique qui nous a emmené jusqu'au quartier de Belem (c'est à Lisbonne mais un peu excentré) pour y visiter le Monastère de los Jeronimos (XVIIe siècle), ainsi que le Monumento a los descubrimientos et la Torre de Belem, tous deux surplombant la mer, enfin l'océan, euh non, le Tage. Il s'agit de l'une des positions les plus stratégiques de l'Europe, c'est ainsi de là que partaient les plus grands navigateurs.




Le capitaine qui regarde le pont du 25 avril et la statue du Christ


 Voilà. Après on est rentrés à Séville. Lisbonne a clairement été mon coup de coeur de l'année (c'est pas fini, mais il faudra faire fort pour la détrôner). A aucun moment, je n'ai eu l'impression d'etre dans une capitale, au contraire, on s'y sent immédiatement comme en vacances. Et je vous ferais dire que c'est pas très loin de la France, alors dépêchez-vous de venir voir ça ! Je resterais bien là à vous raconter ma vie, mais j'ai passé presque 2h à vous préparer tout ça, et maintenant, il faut que j'aille couper ma frange, faire mes exos d'espagnol, et mettre une lessive.Je reviendrai prochainement vous faire saliver avec des photos de Cordoue (on y va dans une dizaine de jours) et Majorque (ET OUAIS !!!!! du 10 au 15 avril).