dimanche 26 janvier 2014

"Ils ont des noms bizarres tes amis"

Nous entrons dans une période charnière de l'année Erasmus. Et je ne parle pas des examens, qui ont commencé pour moi mercredi et qui ne s'annoncent pour l'instant pas très brillants, mais on en parlera plus tard de tout ça, quand j'aurai terminé, que j'aurai les résultats et du recul sur la chose (mais quand même, je vous jure qu'on en parlera parce que j'ai 2-3 trucs assez drôles quand même sur l'organisation des examens ici...). Non, cette fameuse période dont je veux parler, c'est le changement de semestre et les inévitables départs qui l'accompagnent. De nombreux étudiants ne sont là que pour un semestre et doivent donc effectuer leur rentrée en février dans leur pays. Autrement dit, ils s'en vont. Les uns restent, les autres partent... Et c'est moyennement rigolo. Hier soir, j'ai été à ma première soirée d'au-revoir (parce qu'on est tous fous d'espoirs, et sans doute un peu naïfs, on préfère ne pas parler de "soirée d'adieu"). Une très bonne amie à moi quitte Séville demain matin. Pour profiter de sa présence au maximum, je l'ai vue presque tous les jours cette semaine, ce qui nous a fait parler et réfléchir sur le sens de l'amitié Erasmus, car il s'agit bien de quelque chose de très particulier. C'est comme une relation très forte, mais à durée déterminée. Mais pour bien comprendre ça, reprenons au début...

Septembre. Te voilà tout seul dans une ville dans laquelle, en général, tu n'avais jamais mis les pieds avant. Tu as choisi ta destination parce que ça sonnait bien, que ça avait l'air sympa, que tu te sentais attiré par cet endroit. Donc voilà, tu as fini par y arriver, sauf que maintenant que tu es au milieu de tes valises, tu te sens bien bête. Tu t'empresses de donner ton nouveau numéro de téléphone aux gens restés en France, c'est-à-dire, pour le moment, aux gens point final. Tu enchaines les skype. Ca va durer, au pire, une petite journée. Et puis après, il y a les autres. Les trois questions que tu répètes inlassablement : "Tu t'appelles comment ? Tu viens d'où ? Tu étudies quoi ?". Tu observes un peu tout le monde, en tâchant d'imaginer... Qui reverras-tu demain ? Avec qui fêteras tu ton anniversaire dans quelques mois ? Qui t'accompagnera à l'aéroport le dernier jour ? Parfois tu te plantes complètement, comme dans la "vraie" vie. Je me rappelle avoir pensé de ma coloc, bien avant qu'elle ne le devienne, qu'elle avait l'air très froide, pas du tout le genre de fille avec qui je pourrais m'entendre. Sauf que depuis, on a parlé, on a emménagé ensemble. Je lui ai appris à faire la quiche lorraine, elle m'a appris a mettre du yaourt nature dans tous mes plats. Je lui ai parlé de la France, elle m'a parlé de la Turquie. Elle a traversé tout Séville pour me dépanner un jour où j'avais lamentablement, et totalement, déchiré mon collant. Je lui ai sauvé la mise lors de certaines soirées, elle en a fait de même pour moi. Elle m'a écouté parler des heures de choses futiles. Elle m'a amené des thés dans ma chambre quand j'étais malade, des verres de Bailey's quand j'étais triste. 

Il y a les autres aussi, ceux que tu croises à la fac, en soirée, dans des restos, les amis d'amis, les amis d'amis d'amis, les amis de coloc, les colocs d'amis de coloc...Ceux avec qui tu prends des petites habitudes, avec qui tu te construis une routine : aller manger à tel endroit tous les lundis, prendre ton petit déj dans tel café, aller à la bibliothèque tous les mercredis après-midi (et bien plus souvent parfois...). Il y a cette amie italienne, avec qui j'allais en cours d'espagnol en vélo, avec qui j'arrivais de plus en plus en retard, côte à côte jusque dans la salle d'exam. Elle s'en va dans trois semaines. Il y a cette amie anglaise, rencontrée en cours d'histoire de l'art, qui s'excitait dès que je lui disais que j'adorais Londres. Elle est partie avant-hier. Il y a cette amie française avec qui je fais, régulièrement, des "petites pauses dans le travail" qui durent 3h ; en général, ça se finit toujours à manger un yaourt glacé. Il y a cette amie polonaise qui bat tout le monde à plates coutures en soirée, qui a l'air d'être dans un autre monde, ce genre de fille que tu voudrais détester, sauf dès que tu as besoin d'elle, elle est là. Il y a ces gens que tu as rencontré au tout début et qui sont toujours là, il y a ceux que tu ne vois plus, il y a ceux que tu connais depuis une semaine et que tu as l'impression d'avoir toujours connu. Il y a tout ce monde là, les italiens, les allemands, les français, les anglais, les polonais, les grecs, et puis, les espagnols. Peu à peu, j'ai cessé de fréquenter les français, bien sur, j'en vois toujours, et ça fait parfois du bien de pouvoir se retrouver à ne parler que français, sans avoir à te demander si tu as bien conjugué ton verbe irrégulier. Mais il se trouve que je me suis rapprochée des autres, des étrangers, j'aime en apprendre sur leurs pays, j'aime découvrir ce qu'ils savent de la France, et du français. J'adore qu'on me demande "mais pourquoi vos présidents ont d'aussi belles femmes alors qu'ils sont très moches ?".  Un français ne me poserait pas cette question. J'adore qu'on me dise "regarde, je sais dire un truc en français" ; en général, ça se finit mal. J'aime qu'on compare nos cartes d'identités et nos permis de conduire (d'ailleurs, vraie question : la taille de ces deux documents en France... POURQUOI ?). Et puis, j'adore les prénoms de mes amis. Mon facebook est maintenant d'un exotisme fascinant. Et, surtout, j'adore les entendre prononcer "Marie". 

Maintenant, quand on me parle d'un pays, je peux lui associer des voix et des visages. C'est quand même drôlement plus intéressant que les cours de géo au collège.

Ici, on se reconstruit un nouveau monde, un monde Erasmus. On connait les règles du jeu : on se soutient pendant 3/6/9 mois. On apporte aux autres la présence dont ils ont besoin. On apprend à se connaitre, on se rapproche, on s'engueule, on se réconcilie, on boit des bières, on laisse sa signature sur un drapeau, et on se dit au-revoir en se promettant qu'on se reverra. On sait très bien qu'on ne reverra qu'une infime partie de ces gens. C'est pas grave, on a tout ce (ceux) dont on a besoin à la maison. On sautera dans les bras de ceux qu'on retrouvera dans quelques mois, quelques années, et on pensera à ceux qu'on ne reverra pas, en se disant qu'on a désormais tous un truc en commun, un truc que, pour le coup, les autres n'ont pas : nous, on sait.

Et puis, bon de tout façon...

Il y a ceux qui repartent... mais il y a aussi tous ceux qui arrivent pour le prochain semestre !

lundi 13 janvier 2014

Back in the game (car je parle aussi anglais)

Voilà voilà, nous y voilà. 2014. Feliz año a todos, que sea buena!!! (J'ai pas perdu mon temps en 4 mois, comme vous le voyez, j'ai largement mis à profit mes cours d'espagnol). Bref. Etant en échange pour l'année 2013-2014, ça veut donc dire qu'on est passé de l'autre côté du tiret. Autrement dit, on passe à la deuxième partie de l'année universitaire. Déjà. On arrive à la moitié de ce truc incroyable. Heureusement, je me dis que j'ai fait énormément de choses lors du premier semestre, et l'idée de savoir qu'autant m'attendent maintenant, je trouve ça drôlement chouette. Beaucoup d'erasmus ne viennent en fait que pour un semestre, c'est ce qui a failli m'arriver (et ce que j'ai évité grâce à un savant tour de passe-passe en m'inscrivant, du type "mais si, je vous assure, mon coordinateur a écrit "un semestre" mais en réalité, il a dit qu'il était d'accord pour l'année entière". Je pensais franchement pas que ça marcherait.). Et bien, je suis drôlement contente de pas avoir à déjà replier bagage.

D'abord, parce que j'ai encore pas mal de choses à apprendre en espagnol. Je m'en sors à peu près en grammaire, je n'ai plus besoin qu'on m'explique en long, en large, et en travers le prétérit (vous avez remarqué que y'a qu'en français qu'on désigne pas le passé par le terme "prétérit" ?! C'est comme les panneaux routiers ça, on peut pas faire comme tout le monde, nous, non, surtout pas...). Je ne passe plus 10 minutes à déchiffrer chaque page de mes bouquins, que je lis désormais sans me rendre compte, en général, qu'il s'agit de livres en espagnol. Je me surprends à penser en espagnol. Et puis, je commence à faire des fautes de français grosses comme moi (en utilisant ma silhouette post-3 repas de Noël, vous dire !), parce que je confonds les structures françaises et espagnoles, les orthographes françaises et espagnoles. Bref, je sais plus comment ça se parle la France. Mais voilà, je ne parle pas non plus l'espagnol aussi bien que j'ai l'intention de le parler dans 5 mois. Et vous savez à quoi je le vois ? Parce que quand je regarde des émissions supposées drôles à la télé... JE NE RIS PAS ! Et c'est pas parce qu'en fait, ça n'est pas drole parce que mes colocs espagnols, eux, ils se fendent la poire (jamais compris le rapport entre la signification littérale de cette expression, et l'utilisation que l'on en fait, mais passons). Non, mais c'est uniquement parce que je ne comprends pas. Alors en général, je les regarde avec une tête à la limite du pathos, implorant à l'aide. Cette tête là, vous voyez :

La même que celle qu'on a faite à l'aéroport quand la coloc d'une des françaises qui avait pris l'avion avec moi est venue la chercher et s'est mise à raconter ses deux semaines de vacances dans un espagnol parfait (elle a aucun mérite cette fille, elle est espagnole). On s'est regardées en se demandant ce qu'était ce pays dans lequel on ne parle pas français.
Bon, bref, il faut que je reste encore un peu. Je ne partirai pas tant que je ne serai pas morte de rire devant El Hormiguero.

J'ai pas mal de trucs de prévus aussi. Tellement que j'ai du me faire un planning pour ne rien oublier, alors que le but d'une année Erasmus, c'est quand même d'acheter un agenda et de ne pas t'en servir, de ne surtout rien prévoir au-delà des 3 prochaines heures. Il faut aussi que je m'organise pour caser tous les gens qui se battent pour venir me voir (j'exagère presque pas en plus) ! J'ai donc d'ores et déjà de la visite prévue en février, en mars, en avril et en mai (donc ça tombe assez bien). En comptant ceux qui ont pas prévu de venir mais qui viendront, en enlevant ce qui ont dit qu'ils viendraient et qui annulent, +2, je retiens, 1, je soustrais 3, j'ajoute encore 4. Bref, je vais passer mon semestre à l'aéroport. C'est cool, j'adore les aéroports, je m'installe dans la zone arrivée, et je regarde les gens se retrouver, c'est franchement l'un des spectacles que je préfère au monde (et au moins, ce genre de spectacle ne donne lieu à aucune polémique). Donc, des gens vont venir me voir, vont se promener dans Séville, prendre en photo des orangers et boire des bières données en disant "tas vu ?? C'est donné !". 

Et puis, moi, je vais partir en goguette. Pour ce qui est sur : le 1er mars, on file au Carnaval de Cádiz. Y'a du niveau là !





Donc, faut que je trouve une idée de déguisement. On est pas rendu. Le week-end précédent, je retourne à Granada, en famille, mais pour visiter la ville cette fois-ci, que je n'ai pas vue la dernière fois, consacrant tout mon temps à la Alhambra. Le week-end suivant Cádiz, je pars à la capitale : Madrid, pour les incultes, du coup je reprends l'avion (sinon, ça me fait passer 2 mois sans monter dans un avion, c'est longuet), et puis je vais ruiner mes pieds en visitant le Prado, et ruiner mon compte en banque en dévalisant Primark (encore un truc que le monde entier a, sauf les français, une fois de plus, surtout, faisons nous bien remarquer !!). Je retourne à Madrid en mai, pour voir du tennis. Parce que, forcément, je ne pourrai pas aller à Roland Garros cette année (et oui, ça m'ennuie !), donc je compense. Et puis, je voudrais bien voir Nadal gagner chez lui, histoire qu'il se fasse vraiment encourager comme il le mérite, pour une fois. 


Regardez comme il était triste quand il a su que je viendrai pas à RG. Fallait bien le consoler.

Bon voilà. A part ça, on doit aussi aller à Lisbonne, au Maroc, à Malaga, à Gibraltar, à Jerez, à Tolède, et à Valence. Autant vous dire qu'on fera pas tout. Ce qui est cool, c'est qu'on m'a fait réaliser que j'avais le droit de faire ces voyages plus tard dans ma vie, au pire, ce à quoi je n'avais pas pensé. 

Et puis, il y a pas mal de trucs bien à faire à Séville aussi. Je vais aller au Centre d'Art Contemporain, que ne n'ai toujours pas visité. Le 13 avril, commence la Semana Santa (alors, perso, les défilés de Vierge, pendant 7 jours, ça risque d'être un peu redondant, mais j'ai quand même envie d'en voir un ou deux, c'est So Espagne), et avec, reprendra la saison des corridas (je dis pas que je me précipiterai sur la première, mais bon, ça veut dire qu'il refait beau, donc c'est un lourd symbole). Du 28 avril au 4 mai... TAAADAAAAM.... FERIA ! Ca va être THE fête. Pour vous donner une idée, la journée on danse, le soir on boit, ensuite on danse à nouveau, après on mange des churros, et on recommence. Et ça dure une semaine, dans tout Séville. Pour l'occasion, il faudra que l'on apprenne à danser la sevillane, et qu'on loue des tenues de flamenco (autant pousser le truc jusqu'au bout, tu vois!).
 
Ensuite, une fois que tout ça sera passé, on sera en juin, il fera à nouveau 37° de moyenne, on passera nos dimanches à la plage sur les côtes portugaises, et on tentera d'oublier que l'année se termine.
 
Voilà qui s'annonce parfait. Seule ombre au tableau : pour l'instant, tout ça nous parait bien loin puisque nous sommes en pleine période de... révisions. Ahah, ça a surpris tout le monde, boum, c'est arrivé comme ça dis moi, on a rien vu venir. Ca dure jusqu'au 8 février cette petite blague, je viendrai vous raconter tout ça (ou pas, d'ailleurs, peut-être qu'il vaudra mieux éviter d'en parler...). Je vous laisse à votre "affaire Hollande" (un allemand m'a sérieusement demandé ce que j'en pensais de cette "affaire Hollande" (en français dans le texte), j'ai juste répondu que ça me faisait bien rire), j'ai des verbes irréguliers à apprendre moi!