jeudi 13 février 2014

"Ahora, silencio por favor!! Pues, la pregunta es.."

Oui, je fais même mes titres en espagnol, c'est fou-fou. Je traduirai plus bas, c'est bon, stressez pas ! Donc, comme ça a pas l'air évident là comme ça, je sors de ma tanière pour vous parler des examens. Faut raconter ce genre de choses, il faut pas passer sous silence, y'a des trucs à dénoncer franchement dans l'organisation des examens en Espagne !! Puis, y'a aussi des trucs dont les facs françaises feraient bien de s'inspirer. Bref, quoi qu'il en soit, c'est fini, j'ai survécu. Samedi, à 14h, j'étais... en vacances !


On s'emballe pas s'il vous plait.... Lundi, à 9h, j'étais à la fac, parée pour la rentrée. Vacances de fou !

Je pense pouvoir dire que j'ai vécu les 3 pires semaines de mon Erasmus, comme tous les autres Erasmus de Séville (ou même de l'Europe j'imagine), à part ceux qui ont eu la chance de n'avoir que deux semaines d'examens (mais moi, je n'ai pas de chance. Jamais.). Pour tout dire, on avait pas été préparé à ça. On savait plein de choses sur Erasmus, on était préparé à tout, sauf à ça. Les mieux organisés ont commencé à paniquer en rentrant des vacances de Noël, les autres, à la veille de leur premier examen. Je vous jure qu'au moins une personne m'a dit à un moment donné les phrases suivantes :
- J'y vais sans lire mon cours. De toute façon, je l'ai pas, le cours.
- Mon premier exam ? J'sais pas quand c'est
- Je viens d'apprendre que je commençais demain, putain!!! Demain!!! Bah non j'avais pas regardé avant, pourquoi faire ?
- Je suis dans une merde, mais dans une merde (ça, c'est moi !)
- Rassure moi, nos notes, elles se compensent ???
- J'ai demandé au prof si on pouvait choisir quoi réviser, mais il a pas voulu

Et puis, il a fallu y aller. Je commençais avec mon examen d'Arte del siglo XIX (ça va, pas besoin de traduction j'imagine). Le premier examen de toute ma vie en Espagne, dans une langue étrangère. On était convoqué à l'aube (9h !!!!). Et déjà, j'ai senti que ça allait pas le faire.


A première vue, c'est comme en France, les tables sont dégueulasses, il y a un tableau, et les gens ramènent leur petit jus de fruit. Vous excuserez l'affreuse retouche de flou, mais j'ai pas que ça à faire moi.

  On s'est fait un petit coin Erasmus avec les autres, sans même se concerter. Et le prof a distribué des feuilles blanches de brouillon, normal, jusque là. Jusqu'au moment où il a dit "donc en haut à gauche votre nom, en dessous votre numéro d'étudiant". Pourquoi ? Sur le brouillon ? C'est ridicule, enfin ?? Ah !! C'est la copie ?? Donc voilà, en Espagne, les copies officielles d'examen sont des feuilles blanches A4. Restriction budgétaire, peut-être ; si ça se trouve, les lignes ça coute trop cher. Et attention, on est prié d'écrire droit en plus... Je peux pas tout faire, moi. Et là, coup de massue ultime. Alors que j'attendais la distribution des sujets, le prof nous a donc sorti ""Y Ahora, silencio por favor!!! Pues, la pregunta es..." ce qui signifie "Maintenant, silence svp ! Donc, la question, c'est ...". Voilà. T'as intérêt à avoir atteint un niveau d'espagnol correct. Sinon, tu comprends pas la question, c'est terminé, basta (aparté : vous saviez, vous, que "basta", c'était un mot espagnol ??? "bastar", ça veut dire "suffire. On en apprend tous les jours). J'avais choisi l'art du XIXe siècle parce que je l'avais déjà étudié en long, en large, et en travers en France. Donc c'était censé être facile. Sauf qu'on est tombé sur la seule chose que je n'avais pas étudié. Dommage. Bref, armée de mon dictionnaire et de mes quelques connaissances, j'ai finalement pu rendre 4 pages, oui madame, en espagnol, oui madame.

Ensuite, j'avais examen d'espagnol justement. Douce plaisanterie, la rédaction, il fallait rédiger 150 mots. Je venais d'en pondre des milliers, j'ai eu du mal à me restreindre. Mais ils sont forts, les profs, quand même, ils arrivent à faire des sujets à cause desquels tu crois que t'as raté alors qu'en fait, chez toi, tu aurais parfaitement réussi (c'est valable en France aussi!). Mon 3e examen portait sur la Historia de la España actual (c'est pareil, ça se comprend!). Ahahahhhhhahhh. Aaaaahhhhhhah. Voilà, c'était mon commentaire à la sortie. Dans ce cours, il y autant de français que d'espagnols, c'est rigolo, mais la prof, ça l'embêtait un peu donc elle nous a tous séparés. "Je préfère si vous n'êtes pas à côté, en plus avec vos dictionnaires là.." Oui, comme si on avait mis les réponses dans le dictionnaire... (cela dit, c'est une idée! D'ailleurs, je me permets de remarquer que ça triche drôlement en Espagne!). Et puis, là dessus, elle nous a gratifié de ce magnifique "Je sais, l'examen est censé durer 3h, mais en fait, c'est faisable en 2, donc vous aurez 2h, bon courage". Ils ont trop pris le soleil ces gens là, c'est pas possible, ils vont pas bien....J'ai rendue ma feuille A4 blanche (noircie de ma réponse quand même, je vous rassure!), et je suis sortie le coeur léger, sachant que mon prochain examen écrit n'était que dans 10jours, et que je pouvais m'accorder une pause d'une journée qui a finalement duré 6 jours. Hum hum. 

Entre temps, j'ai appris que j'avais eu la moyenne à mon examen d'espagnol et donc qu'il fallait que j'aille passer un oral. Toute l'union européenne (et le Japon, il y a pas mal de japonais) était donc réunie à l'Instituto de Idiomas (le bâtiment des langues, quoi), et nous passions devant une prof d'espagnol 2 par 2. J'étais avec un italien. On est toujours, partout, avec des italiens de toute façon, il y a plus d'italiens que d'espagnols à Séville je crois...Mon examinatrice m'a fait parler de la cuisine française.


Coup de bol, j'avais fait une quiche lorraine la veille au soir, elle m'a donc demandé de lui raconter (au passé, pour vérifier que j'avais bien appris mes verbes irréguliers, malin!) comment j'avais fait. Mélanger des œufs et de la crème fraiche, mettre ça sur des lardons et enfourner, ça nous occupe pas 10 minutes d'exam, mais elle avait l'air satisfaite!

Et puis, enfin, samedi dernier, je passais mon dernier examen. Le pire. Historiografia. Même en français, c'est le genre de cours incompréhensible. J'ai passé une semaine enfermée dans ma chambre à tenter de comprendre l'historiographie positiviste, le matérialisme didactique et historique et la philosophie rankéanienne (je parle français là, hein !). C'était drôle encore une fois, les profs nous ont fait rentrer dans la salle, nous ont distribué les feuilles blanches, et sont partis. 20 minutes. Vus les sujets, j'aurais préféré qu'ils ne reviennent jamais nous les distribuer. Bref, donc j'ai blablaté 2h sur l'historiographie allemande au XIXe siècle, et sur l'idée de Nation dans l'historiographie contemporaine. Au milieu de l'examen, le prof est venu me voir (j"étais la seule Erasmus pour le coup), et m'a demandé : "Mais.... tu le fais en espagnol ??" Hé quoi, t'as mieux à me proposer, toi ?? Il m'a regardé avec un mélange d'admiration et de défi, un peu pour me dire "tu l'auras voulu...". J'ai peur. Et après, c'était fini. J'aurais adoré fêter ça, mais il pleuvait averse. Je suis rentrée, j'ai dormi, fin de l'histoire.

Ensuite, déjà, sont tombés les premiers résultats ! Ils sont géniaux ici !!!
- Délai d'un résultat à Nanterre : 3 mois (véridique! Parce que "le temps de calculer les moyennes"...)
- Délai d'un résultat à Séville : 10 jours.
Ce qu'il se passe en fait, c'est que la notion de moyenne, en Espagne, n'existe pas. Les matières sont indépendantes les unes des autres, et il faut toutes les valider, même s'il est possible de passer 4 ans sur la même matière tout en continuant à avancer dans ses études en même temps. Chaque prof corrige donc son tas de copies, qui peut être plus ou moins gros, et proclame ensuite les résultats de sa matière en se foutant totalement des autres cours. Nous autres Erasmus continuons à dépendre du système de notre fac d'origine, et donc, les français pouvons bénéficier des compensations puisqu'elles s'appliquent en France, en général. Pour connaitre sa note, il faut donc aller sur le panneau d'affichage correspondant au département de la matière concernée (vous suivez ?). Département qu'il faut donc trouver au milieu des nombreux patios et fontaines de ma fac. Là, effectivement, sur des tableaux, entre 2 noms espagnols, vous pouvez voir votre nom si étranger, et à côté votre note. A savoir avant d'hurler, tout est noté sur 10 ici!
Donc...
Suspense...
En Arte del Siglo XIX, j'ai eu 6/10 (contente !)
En Historia de España Actual, j'ai eu 6,5/10 (vraiment contente !)
Et en espagnol, j'ai eu 8,3/10 (trop fière !). En même temps, une espagnole m'a dit qu'elle n'avait jamais vu une étrangère parler espagnol comme moi (je ne la crois pas, mais bon, je prends quand même !) et un autre espagnol m'a dit que je parlais "de puta madre" (ça veut dire, ce que ça veut dire, là, en l’occurrence, c'était un compliment).
J'attends encore ma dernière note, mais puisque je sais que toutes se compenseront, je peux déjà considérer que j'ai validé mon semestre, ce qui n'était pas gagné il y a quelques semaines ! *danse de la joie*. La question a été de savoir si les profs étaient plus tolérants avec les Erasmus, mais je ne crois pas. Déjà, parce qu'on m'avait prévenu avant que ça n'était pas le cas, en Espagne en tout cas. Ensuite parce qu'ils ne se gênent pas pour balancer des 1/10, même aux étrangers. De toute façon, on s'en fout, le semestre 1 est mort, vive le semestre 2, qui s'annonce, au vu de la première semaine de cours, bien plus passionnant !

What else ?

- Ca fait une semaine qu'il pleut, tout le temps, tout le temps. Insupportable, horripilant !
- Je vais recommencer à avoir pas mal de visite !! Une copine arrive demain pour le WE, et ma famille est là la semaine prochaine ! Guide touristique, le retour !
- Ce semestre, je suis en WE le jeudi à 15h, c'est sympathique.
- J'ai une collection de billets d'avion dans ma boite mail impressionnante : je vais à Madrid dans 3 semaines, je fais un aller/retour en Savoie fin avril. On est en train de se demander avec des amis où on pourrait partir pendant la Semana Santa puisqu'on a une semaine de vacances et nullement l'intention d'assister à des dizaines de processions religieuses. On hésite encore entre Majorque, Lisbonne et les Iles Canaries. Pas simple le quotidien ici.
- J'ai très faim là, je vous laisse. I'll be back. Je sais pas quand, mais un jour.